Grand Paris Express : les élus d'Île-de-France exigent que l'intégralité du projet soit réalisée

Par César Armand  |   |  558  mots
(Crédits : Reuters)
En attendant de nouvelles annonces du Gouvernement, probablement cette semaine, le risque d'un ajournement du Grand Paris Express n’en finit pas d’énerver les édiles concernés. Les élus mettent la pression sur le respect du calendrier, et ce, même si la Société du Grand Paris s’est engagée à réaliser les lignes prévues pour les Jeux olympiques. Le message clef des élus, c'est de réaliser l'intégralité du projet.

Depuis le premier séminaire sur le Grand Paris Express organisé par Matignon le 26 janvier dernier, la pression monte sur le gouvernement face aux menaces de report, voire d'abandon de certaines lignes. Mardi 13 février 2018, le conseil de surveillance de la Société du Grand Paris a donné son feu vert à la réalisation du "barreau" commun aux lignes 16 et 17, à savoir la liaison entre la gare de Saint-Denis-Pleyel et celle du Bourget, ainsi qu'au prolongement de la ligne 14 au sud. La présidente (LR) de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a voté ce budget, alors qu'en décembre 2017 elle s'y était opposée pour faire part « de sa très grande inquiétude » sur l'avenir du chantier. Elle plaide désormais pour « une petite taxe de séjour additionnelle » sur les touristes afin de financer l'intégralité du super-métro.

Unanimité sur le calendrier initial et l'intégralité du réseau

De son côté, Stéphane Peu, député (PCF-LFI) de Seine-Saint-Denis et conseiller municipal de Saint-Denis, a rappelé le 14 février que « les lignes 16 et 17 étaient en intégralité dans le dossier des Jeux olympiques ». Selon l'élu, ne pas les réaliser serait « un mauvais signal adressé aux villes populaires les plus reléguées en deuxième couronne, déjà victimes de séparatisme social et de ségrégation territoriale ».

Lors d'une réunion vendredi dernier au ministère des Transports à l'invitation de la ministre Elisabeth Borne, tous les présidents des départements franciliens, du seine-et-marnais (LR) Jean-Jacques Barbaux à Marie-Christine Cavecchi la patronne (LR) du Val d'Oise, ont exigé que le Gouvernement « respecte le calendrier de réalisation du Grand Paris Express ». Avec leurs collègues (LR) de grande couronne Pierre Bédier (Yvelines), François Durovray (Essonne), et leurs homologues de petite couronne Patrick Devedjian (LR, Hauts-de-Seine), Stéphane Troussel (PS, Seine-Saint-Denis) et Christian Favier (PCF, Val-de-Marne), ils réclament aussi que soit réalisé « l'intégralité des lignes 14, 15, 16, 17 et 18 ».

« Un bordel monumental »

Sous couvert d'anonymat, l'un d'entre eux confie : « lors de la première réunion il y a trois semaines, on a bien senti qu'on nous faisait de la câlinothérapie car on nous disait que c'était compliqué techniquement, que ça coûtait très cher et qu'il fallait faire venir plus de tunneliers. On a enfin pris en compte le principe des réalités alors qu'on aurait pu le faire il y a cinq ans ! » La benjamine du Sénat Christine Lavarde, ex-adjointe (LR) chargée des Finances à la mairie de Boulogne-Billancourt, dont le chantier pour la ligne 15 sud a démarré début 2018 pour une livraison en 2024, s'emporte ainsi contre « le bordel monumental » généré par le décalage de ces travaux.

D'autant que l'aménagement complet de l'île Séguin doit être réalisé d'ici à 2021 :

«On a fermé la RD1, avec toutes les nuisances que cela comporte, pour les riverains comme pour les automobilistes en transit. Si les quais sont inaccessibles 72 mois au lieu de 36, que dira-t-on à celles et ceux qui ont acheté des appartements à proximité ?»

Le report des travaux dans le temps n'en a pas fini de faire couler de l'encre dans le Grand Paris ! Reste une question : qui va assumer l'impopularité des difficiles décisions à prendre et de leur impact sur les mobilités au quotidien  ?