Groupe Doux : Terrena ne pourra pas soutenir "éternellement" le volailler breton

Par latribune.fr  |   |  496  mots
Le volailler Doux estime qu'il lui faut 100 millions d'euros pour réorganiser son activité. (Crédits : Stephane Mahe)
Terrena, deuxième groupe coopératif agricole français, a fait savoir à l'AFP lundi qu'il ne pourra pas soutenir "éternellement" le volailler Doux, qui cherche toujours 100 millions d'euros pour changer de modèle économique. Selon Le Monde, la date butoir de son engagement a été fixée au 31 mars.

Deux ans après sa reprise par le groupe coopératif Terrena, deuxième groupe coopératif agricole français, Doux affiche une situation financière très tendue. Lundi, la direction du groupe a fait savoir à l'AFP qu'elle ne pourra pas soutenir "éternellement" le volailler breton qui générerait, selon elle, des pertes de l'ordre de "35 à 36 millions d'euros par an". Selon les informations du Monde publiées le 2 mars, l'actionnaire principal de Doux a retenu la date butoir de son engagement au 31 mars. Après cette date, il ne soutiendra plus financièrement le volailler.

Si la direction a confirmé qu'il y a "toujours eu une échéance", elle précise néanmoins que "le calendrier n'est pas gravé dans le marbre, mais qu'il faut aller vite" dans le processus de cession.

De lourdes pertes au Moyen-Orient

Le "dossier Doux" était l'une des priorités de Bercy lorsque Emmanuel Macron était encore ministre de l'Économie sous la présidence de François Hollande. En janvier 2015, il s'était même rendu sur les terres bretonnes de Doux, accompagné du député du Finistère Richard Ferrand, promettant que l'État serait toujours aux côtés de l'entreprise. Mais le volailler breton, alors leader européen de la volaille et cinquième exportateur mondial, a déposé le bilan en 2012 et l'activité de volailles fraîches est liquidée dans la foulée avec ses 1.000 salariés. Le financier Didier Calmels a ensuite repris l'entreprise, avant de la céder un an plus tard à la coopérative Terrena.

Depuis, confrontée à une forte concurrence des opérateurs brésiliens, à une parité euro/dollar défavorable et à la hausse des droits de douane en Arabie Saoudite (l'un de ses principaux marchés), l'entreprise multiplie les revers.

 "Doux génère des pertes tous les jours, tous les mois sur chaque tonne de poulet vendu", précise la direction de Terrena.

Lire aussi : Volailles: la reprise de Doux validée par le gendarme de la concurrence

L'ukrainien MHP, futur repreneur ?

L'entreprise estime qu'elle a besoin aujourd'hui de 100 millions d'euros pour financer l'ensemble de son plan de transformation, dont un peu moins de la moitié serviront à des investissements industriels, en marketing, communication, et en recherche et développement. Le volailler entend notamment sous-traiter sa production d'entrée de gamme dans un pays d'Europe de l'Est à bas coût et monter en gamme sur ses produits fabriqués en France.

Le 2 mars, le quotidien Le Monde indiquait aussi que l'ukrainien MHP serait en lice pour reprendre l'entreprise. Mais Terrena n'a pas souhaité commenter ce point. La direction a simplement déclaré que "des partenariats sont en cours de discussion" et que "différentes pistes sont exploitées".

Aujourd'hui, le tribunal administratif de Rennes doit en outre se prononcer sur un éventuel remboursement d'aides européennes à l'exportation perçues par le groupe. Le contentieux porte sur plus de 80 millions d'euros, selon une source proche du dossier.

(Avec AFP)