Henri de Castries, ex PDG d'Axa, futur ministre des Finances ?

Par Ivan Best  |   |  721  mots
L'ex PDG d'Axa, Henri de Castries, affiche publiquement son soutien à François Fillon. Il serait parmi les favoris pour Bercy, en cas de victoire du candidat des Républicains à la présidentielle. Mais déjà, cette perspective fait grincer des dents dans son camp.

Ex PDG d'Axa, Henri de Castries vient de faire son coming out, en déclarant sa flamme -politique- pour François Fillon. "Je pense que c'est l'homme qu'il faut pour redonner de l'espoir à ce pays en lui permettant de retrouver le chemin de la croissance et de retrouver ce que doit être sa position en Europe et dans le monde", a-t-il déclaré au micro de RTL.

Selon lui, "le succès de François Fillon vient du langage de vérité qu'il tient et de la combinaison de calme et de fermeté qu'il manifeste dans ses propos". "Il faut débrider le potentiel de ce pays dans un cadre européen", ajoute l'Inspecteur des Finances qui a aussi décidé de se mettre en congé de la présidence de l'Institut Montaigne, think tank consacré aux politiques publiques.

Programmé pour Bercy

Une prise de distance destinée seulement à contribuer à la réflexion de François Fillon ? A l'évidence, Henri de Castries ne se contentera pas d'un rôle d'observateur. Il veut entrer en politique. Et pas en en tant que simple député. De plus en plus, on le dit programmé pour prendre la tête Bercy. Voire plus. Matignon ? La question lui a été posée sur RTL . "Ça m'étonnerait....je vais vous dire... moi je ne demande rien, je suis là pour l'aider", répond-il.

Bercy collerait sans doute mieux à ses aspirations. Et au souhait de François Fillon de faire entrer dans son futur gouvernement, s'il gagne l'élection présidentielle, plusieurs personnalités de la société civile. Bien évidemment, celui qui a dirigé le deuxième groupe européen d'assurance jusqu'au printemps dernier connaît l'économie. Et, de longue date, il s'intéresse à la chose publique.

Mais une telle nomination fait déjà grincer des dents parmi les élus et hauts fonctionnaires de droite. "Henri de Castries ministre des Finances ?  Politiquement, c'est invendable" tranche un haut fonctionnaire partisan de François Fillon. "Vous vous rendez compte, on va demander aux gens de se serrer c'est la ceinture, et c'est un ancien PDG, richissime, descendant de la grande noblesse, qui va être chargé de le faire ? ça ne peut passer. Mieux vaudrait qu'il soit nommé à la tête de la diplomatie, par exemple".

"Je sais que je vais prendre des coups"

Henri de Castries a déjà anticipé ces réactions. "Je sais que je ne vais prendre que des coups", -dit-il au Figaro, tout en soulignant qu'il n'entend pas "rougir" de sa fortune et de sa prestigieuse lignée.

Déjà, il est accusé d'être l'inspirateur de la réforme de la sécurité sociale affichée puis retirée par François Fillon, consistant à ne plus faire rembourser par la Sécu le petit risque. Une réforme qui coûte cher, électoralement parlant, au candidat des Républicains pour la présidentielle. "Je n'ai pas été l'inspirateur" du volet sur la sécurité sociale du programme de M. Fillon, assure Henri De Castries, mais la France se doit de réfléchir aux "technologies nouvelles dans le domaine de la santé, à l'intérieur du système de sécurité sociale" dit-il.

"Cette polémique a été tirée hors de proportion" affirme-t-il. "Le principe de solidarité est intangible, mais il faut avoir le courage d'aller regarder les faits: est-ce qu'il est normal d'avoir des déserts médicaux comme nous les avons dans ce pays, que les plus défavorisés ne sachent pas comment bénéficier des soins auxquels ils ont droit, que les difficultés d'organisation de l'hôpital soient celles que nous connaissons aujourd'hui?"

"Une vieille cuisine dans une casserole un peu neuve"

Henri de Castries a largement aidé aidé Emmanuel Macron dans sa carrière, alors que ce dernier n'était "que" jeune haut fonctionnaire, mais Inspecteur des Finances, comme lui. Aujourd'hui, l'ancien PDG il affirme avoir "de la sympathie pour la personne" (d'Emmanuel Macron) mais être "très profondément gêné par l'ambiguïté de son positionnement et le caractère très vague de son discours". "En réalité c'est une vieille cuisine qu'on nous ressert dans une casserole un peu neuve". Il estime retrouver dans les soutiens de M. Macron "un certain nombre de familiers de la famille politique" socialiste.