La discrimination à l'embauche n'épargne pas la fonction publique

Par latribune.fr  |   |  470  mots
Le rapport montre que la fonction publique, qui recrute près d'un demi-million de personnes par an, n'est pas vraiment à l'image des Français et révèle des pratiques discriminatoires.
Des pratiques discriminantes sont en vogue dans la fonction publique, au détriment des femmes notamment, ou liées au nom de famille ou au lieu de résidence, selon un rapport remis au Premier ministre Manuel Valls.

| Article publié à 11h19, mis à jour à 12h22.

Le Premier ministre a demandé mardi à Annick Girardin, ministre de la Fonction publique, de faire de la lutte contre les discriminations à l'embauche dans l'administration "sa priorité" et de "réviser totalement les pratiques pour assurer à tous les mêmes chances d'accès à la fonction publique" après la remise d'un rapport de l'économiste Yannick L'Horty.

Le rapport montre que la fonction publique, qui recrute près d'un demi-million de personnes par an, n'est pas vraiment à l'image des Français et révèle des pratiques discriminatoires. Un rapport qui arrive alors même que le gouvernement a lancé il y a quelques mois une campagne contre les discriminations avec le slogan "Les compétences d'abord"...

Nom de famille et lieux de résidence

"Une analyse des résultats de concours sur plusieurs années montre ainsi que les femmes, les personnes nées hors de France métropolitaine ou résidant dans des quartiers populaires ont moins de chance de réussir les écrits", indique Manuel Valls dans un communiqué. Il ajoute qu'"une campagne de testing des recrutements dévoile elle aussi des pratiques discriminantes, liées au nom de famille ou au lieu de résidence, dans les fonctions publiques hospitalière et territoriale". Aucune discrimination à l'embauche n'a toutefois été constatée dans la police et la fonction publique d'État, précise le document .

Le rapport souligne par ailleurs que les enfants de cadres du public sont nettement favorisés : ne représentant que 2,6% des actifs en poste, "ils constituent 10% des cadres de la fonction publique d'État, soit quatre fois plus". "Un tiers des agents de la fonction publique d'État sont des enfants de fonctionnaires et cette proportion s'élève à mesure que l'on monte dans la hiérarchie", peut-on ainsi lire.

"En créant un décalage incompréhensible entre la promesse républicaine d'égalité, de méritocratie, et la réalité, ces pratiques ébranlent ce qui fonde notre cohésion nationale", déplore Manuel Valls.

Pour y remédier, le gouvernement agira sur tous les maillons de la chaîne de recrutement, assure Manuel Valls.

D'avantage d'aide pour les candidats d'origine modeste

Pour donner à tous leurs chances aux concours, il y aura ainsi deux fois plus de classes préparatoires intégrées réservées aux candidats d'origine modeste. Et les écoles de service public devront mettre en place des plans d'ouverture à la diversité d'ici la fin de l'année, indique-t-il.

L'objectif est également d'ouvrir de nouvelles voies d'accès à la fonction publique, avec la création d'un contrat en alternance pour les jeunes sans emploi de quartiers populaires, ruraux ou ultramarins, ou encore 10.000 contrats d'apprentissage dès la rentrée 2016.

Enfin, des campagnes de testing seront effectuées tous les ans.

(avec Reuters)