« La France sait faire des compromis, y compris votre serviteur » (Emmanuel Macron)

Par latribune.fr  |   |  714  mots
(Crédits : JOHANNA GERON)
Emmanuel Macron a pris acte mercredi du vote sanction des élections législatives contre sa majorité et souhaité que la France apprenne collectivement à "gouverner et légiférer différemment", tout en appelant les partis d'opposition à "dire jusqu'où ils sont prêts à aller" pour bâtir des compromis.

Ce vendredi, à l'issue du sommet européen de Bruxelles, Emmanuel Macron s'est déclaré « très confiant » dans la capacité du gouvernement français à bâtir des « compromis » avec l'Assemblée nationale, où il dispose de la majorité relative, disant croire « dans la bonne volonté des hommes et des femmes qui sont là pour représenter la nation ». Pour rappel, le chef de l'Etat a invité mercredi soir les oppositions à "clarifier" dans les 48 heures leur position sur la manière de « bâtir des compromis » pour sortir de l'impasse politique née des élections législatives.

« Je suis très confiant, je crois dans la bonne volonté des hommes et des femmes qui sont là pour représenter la nation », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet de Bruxelles.

« La France, elle sait faire des compromis, y compris votre serviteur », a-t-il souligné, alors qu'on l'interrogeait sur la situation de la France à l'aune des démocraties parlementaires européennes.

Majorité très importante par rapport à l'Allemagne

« Les choses sont différentes parce que nous n'avons pas la même culture politique », a-t-il dit, citant notamment l'Allemagne. Il a estimé que la majorité dont disposait son gouvernement était « très importante par rapport à d'autres régimes parlementaires avec la proportionnelle ». Il s'est dit prêt à des compromis "avec beaucoup de coeur, de volonté et d'optimisme".

« On ne peut pas dans le même temps considérer que notre Europe doit être démocratique et forte et déplorer le fait que la plupart de nos Parlements reflètent la vitalité démocratique de nos pays. Il est arrivé qu'on me reproche d'avoir trop de pouvoir parce qu'on avait des majorités trop claires... », a-t-il glissé.

Lire aussi 5 mnMacron met la pression sur les oppositions en appelant à bâtir des compromis

Mercredi, lors d'une allocution télévisée, le chef de l'Etat avait déclaré : « Nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer différemment, bâtir avec les formations politiques constituant la nouvelle Assemblée des compromis nouveaux dans le dialogue, l'écoute et le respect », avait déclaré Emmanuel Macron  en précisant ne pas pouvoir «ignorer les fractures et les divisions profondes qui traversent" la France.

« Je crois qu'il est possible, dans le moment crucial que nous vivons, de trouver une majorité plus large et plus claire pour agir », a encore affirmé Emmanuel Macron.

« Il faudra bâtir (...) des compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute transparence à ciel ouvert (...) dans une volonté d'union et d'action pour la nation. »

« C'est lui qui va bloquer la France, ce n'est pas nous » (Valérie Rabaut)

Le lendemain, jeudi, plusieurs responsables de l'opposition avaient dénoncé une intervention « à sens unique » d'Emmanuel Macron, refusant d'apporter un blanc seing à un gouvernement dont ils attendent désormais qu'il dise quelle politique il entend mener pour rassembler une majorité.

« L'intervention du président de la République était à sens unique », a souligné la socialiste Valérie Rabault sur France Inter.

« S'il reste sur son projet, il n'a pas de majorité absolue et c'est lui qui va être coincé, c'est lui qui va bloquer la France, ce n'est pas nous », a-t-elle ajouté.

« Il n'a pas fait une proposition, il a posé un ultimatum », a renchéri le député de la France insoumise (LFI) Manuel Bompard, qui a lui aussi reproché au chef de l'Etat de vouloir tordre le bras aux groupes parlementaires de l'opposition pour qu'ils soutiennent le programme sur lequel il a été élu à l'Elysée il y a deux mois.

« Sur cette base-là, il est évident que pour notre groupe, qui a mené deux campagnes électorales en opposition à ce projet, il est évidemment impossible que nous participions à sa mise en œuvre », a-t-il poursuivi sur RTL. Manuel Bompard a appelé le président à le modifier et la Première ministre Elisabeth Borne à venir le présenter devant l'Assemblée nationale et se soumettre à un vote de confiance.

« C'est comme ça qu'on fait dans une démocratie », avait-il insisté.

Dès mercredi soir, le nouveau président du groupe parlementaire des Républicains (LR) à l'Assemblée, Olivier Marleix, avait affiché lui aussi son refus de donner un « chèque en blanc » à Emmanuel Macron, « de surcroît sur un projet peu clair ».

 (Reuters)