La réforme des retraites, explosive ? Buzyn "pas inquiète" (malgré la porte claquée par FO)

Par Reuters  |   |  578  mots
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Le troisième syndicat de France a annoncé mercredi qu'il quittait les discussions menées par le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye depuis le printemps 2018, estimant que la réforme ne répondait qu'à des motifs budgétaires.

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a dit vendredi qu'elle n'était "pas inquiète" au sujet de la capacité du gouvernement à mener la prochaine réforme potentielle explosive des retraites, malgré le départ de Force ouvrière de la concertation.

Le troisième syndicat de France a annoncé mercredi qu'il quittait les discussions menées par le haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye depuis le printemps 2018, estimant que la réforme ne répondait qu'à des motifs budgétaires.

"FO prend une décision qui était dans l'air depuis le début car, en réalité, ils n'adhérent pas à une réforme universelle des retraites et notamment à la retraite par points", a déclaré Agnès Buzyn sur Public Sénat.

"Moi, je pense que tous les syndicats reviendront à la table de la concertation, je ne suis pas inquiète", a-t-elle ajouté.

"Cette concertation s'est faite de façon remarquable. Le haut-commissaire a mené cela depuis un an et demi . (...) Les modélisations financières ont été partagées avec les organisations syndicales, ce qui permet à chacun de travailler dans le calme et donc ce calme va se poursuivre", a-t-elle dit, concluant ainsi: "Je ne suis pas inquiète sur la capacité que nous aurons à mener cette réforme."

Promesse de Macron et concertation "dénaturée"

Les syndicats ont été échaudés dans les dernières semaines par les propositions de plusieurs ministres de reculer l'âge légal de départ à la retraite, ou encore, d'allonger la durée de cotisation pour financer d'autres dépenses comme celles de la dépendance.

L'hypothèse d'un décalage de ce seuil, aujourd'hui fixé à 62 ans, alors qu'Emmanuel Macron avait promis de ne pas y toucher, a poussé le haut-commissaire à mettre sa démission dans la balance.

Lire aussi : Delevoye prêt à claquer la porte si l'âge de départ à la retraite est reculé

Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a déclaré sur Sud radio:

"Tout le monde en parle de cet âge, de la durée d'activité. (...) Ça se discute partout sauf là où on pensait que ça se discutait. La concertation a perdu tout son sens. Elle a été dénaturée."

Il ajoutait :

"Il arrive un moment où il faut que le gouvernement nous dise ce qu'il entend faire."

FO pointe les risques du système par points (envisagé par Delevoye)

FO met également en garde contre le principe d'un système par points, comme envisagé par Jean-Paul Delevoye, où l'État pourrait avoir d'avantage de pouvoir de décision.

Dans une lettre envoyée au haut-commissaire, le syndicat explique les raisons de son départ et ses craintes avec ce système par points:

"En fonction de l'évolution des autres paramètres (valeurs à l'achat et à la conversion des points), la borne d'âge d'ouverture des droits dans un régime universel par points peut devenir en réalité celle d'un 'droit à pension minimale', nécessitant, pour celles et ceux le pouvant (...) de prolonger la durée d'activité pour pouvoir bénéficier d'un niveau décent de pension."

Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, il faut relever l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans en huit ans à raison d'un trimestre par an, et à partir de 2028 indexer mécaniquement l'âge légal sur l'évolution de l'espérance de vie.