Le lettre de mission de Macron à Bayrou pour lutter contre les "inégalités"

Par AFP  |   |  546  mots
(Crédits : POOL)
Pour relever le défi, le président de la République souhaite également y associer « le monde intellectuel et académique ainsi que l'ensemble des associations, organisations professionnelles, syndicats et partis politiques.»

Emmanuel Macron demande à François Bayrou, nommé début septembre au poste nouvellement créé de Haut-commissaire au Plan, d'être particulièrement attentif à "la question des inégalités", dans une lettre de mission obtenue par l'AFP mardi.

"Face à l'impact des évolutions démographiques, à la grande transition écologique et aux bouleversements du numérique et de la recomposition des chaînes de valeurs mondiales", le président Macron demande à ce que "la question des inégalités [soit] tout particulièrement (...) appréhendée" par le Haut-commissariat au Plan.


Dans sa lettre à M. Bayrou, Emmanuel Macron indique que "le monde intellectuel et académique ainsi que l'ensemble des associations, organisations professionnelles, syndicats et partis politiques" contribueront au travail de réflexion du Haut-commissariat au Plan, qui bénéficiera aussi du concours des "différents ministres et de leurs administrations".

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"Je considère que la prise en compte du long terme est pour notre temps une impérieuse obligation. Elle a été, ces dernières décennies, trop absente des mécanismes de la décision publique", souligne encore le chef de l'Etat en relevant "l'engagement tenace" de M. Bayrou sur la question.

François Bayrou a de son côté présenté mardi devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) les "lignes directrices" qu'il entend suivre pour répondre aux "menaces brûlantes" des "10, 20, 30 années" à venir.

Face à "la dictature de l'immédiat"

Il a évoqué trois grands thèmes de travail: la "vitalité de la France" -écologie, démographie, identité, francophonie, recherche et innovation etc.), "l'indépendance" (relocalisations, productions vitales, souveraineté agricole, dette...) et la "justice" (inégalités, éducation, santé, aménagement du territoire, aide au développement...).

"Il s'agit pour moi, dans un temps où la dictature de l'immédiat, de l'urgence montée en épingle, des réseaux sociaux qui prennent feu, de l'actualité à tout instant brûlante (.) de ré-enraciner les sujets de long terme dans le débat public", a-t-il déclaré.

Il a promis d'engager le travail sans tarder, avec dans un premier temps des "notes concises" sur la "nécessité stratégique" de chaque sujet abordé.

Tout en soulignant qu'il ne voulait pas reproduire la vision dirigiste du Plan d'autrefois, M. Bayrou a fustigé "l'idée que notre action publique devait s'effacer entièrement devant les initiatives privées".

Le nouveau Haut-commissaire au plan a longuement développé à ce sujet l'exemple "proprement scandaleux" des médicaments de base délocalisés en Asie, qui sont venus à manquer en France au début de l'épidémie de Covid-19.

"Il est des domaines vitaux qui nécessitent une intervention de l'Etat", ou au moins "une orientation et une incitation de l'Etat", a-t-il souligné.

La nomination de François Bayrou, proche d'Emmanuel Macron après avoir été un pilier de la campagne présidentielle, intervient après sa mise en examen le 6 décembre dans l'affaire des emplois présumés fictifs de son parti.

Au début du quinquennat, le leader centriste avait dû jeter l'éponge après 34 jours au gouvernement comme garde des Sceaux en raison de l'ouverture d'une enquête préliminaire dans cette même affaire.