Le Sénat supprime le "pass sanitaire" pour les mineurs, le variant Delta progresse dans le monde

Par latribune.fr  |   |  1335  mots
Partout sur la planète, les restrictions sanitaires se multiplient dans le but de limiter l'impact de la propagation vertigineuse du variant Delta du coronavirus sur les services hospitaliers (Crédits : SHANNON STAPLETON)
Le Sénat a adopté le "pass sanitaire" mais l'a supprimé pour les mineurs. En France mais aussi en Italie et en Australie, des dizaines de milliers de manifestants hostiles au "pass sanitaire" ont dénoncé des tendances "totalitaires" des gouvernements. Mais la propagation du variant Delta progresse dans le monde.

Les sénateurs ont adopté dans la nuit de samedi à dimanche le projet de loi relatif "à l'adaptation de nos outils de gestion de la crise sanitaire". Le Sénat a apporté plusieurs modifications au projet de loi, notamment la suppression du pass sanitaire pour les mineurs. L'application du "pass sanitaire" devrait aussi être limitée "aux espaces confinés en ne visant que l'intérieur et non les espaces extérieurs". Le projet a été adopté en première lecture avec 199 voix pour et 123 voix contre. Le projet de loi sera examiné par la commission mixte paritaire ce dimanche à partir de 15h00. Le texte prévoit un élargissement du "pass sanitaire" dans les lieux accueillant du public et introduit une obligation vaccinale pour les soignants dans le but de lutter contre la recrudescence de l'épidémie de COVID-19 liée au variant Delta.

Expérimentation dans le Calvados

La préfecture du Calvados a annoncé une "expérimentation volontaire" dès dimanche du "pass sanitaire" dans les bars et restaurants de la Côte Fleurie (Deauville, Trouville), pour faire face à une forte augmentation du nombre de cas de Covid-19. "On anticipe d'une semaine le dispositif obligatoire. C'est une manière de sécuriser la fréquentation des bars et des restaurants", a déclaré à l'AFP Philippe Court, préfet du Calvados. L'expérimentation doit commencer dès dimanche matin dans les bars et restaurants de la communauté de communes Cœur Côte Fleurie, qui comprend 12 communes dont les stations balnéaires de Deauville et Trouville-sur-Mer. Par ailleurs, 3.000 créneaux supplémentaires seront dédiés à la vaccination des professionnels et salariés des hôtels, cafés, restaurants et autres activités touristiques saisonnières.

"Les restaurateurs vont activement demander à leurs clients la présentation du pass sanitaire", a expliqué le préfet.

Le taux d'incidence du virus a connu une augmentation importante sur la Côte Fleurie passant de 320 pour 100.000 habitants lundi à 807 samedi, selon la préfecture. "Cette situation s'explique par la présence du variant Delta, désormais largement majoritaire, ainsi que, sur la Côte, une forte affluence et un contexte estival, parfois festif, qui ont conduit à l'apparition de plusieurs clusters", a précisé la préfecture dans un communiqué. Une concertation a été organisée vendredi avec le préfet, les maires et les professionnels des bars, restaurants et hôtels, au terme de laquelle "il a été décidé d'anticiper l'extension du passe sanitaire aux bars et restaurants (...) sous la forme d'une expérimentation volontaire", selon la préfecture.

"Il fallait qu'on agisse", a souligné M. Court, en soulignant l'importance du "triptyque vaccination, pass sanitaire et gestes barrières".

Manifestations contre le "pass sanitaire"

Des dizaines de milliers de personnes, allant parfois jusqu'à dénoncer des tendances "totalitaires", ont manifesté samedi en Australie, en France, en Italie notamment contre les mesures sanitaires imposées pour endiguer la reprise de l'épidémie de Covid-19 due au virulent variant Delta. En France, c'est aux cris de "Liberté, liberté!", que plus de 160.000 personnes, dont 11.000 à Paris, ont manifesté contre l'extension du "pass sanitaire" et la vaccination obligatoire pour certaines professions comme les personnels médicaux.

"Je ne ferai pas l'injection", a lancé Sandra, une infirmière de 49 ans, dans la manifestation de Marseille, la grande ville portuaire du sud-est du pays, où plus de 4.000 personnes ont défilé selon la police.

"Notre pays devient totalitaire", a de son côté affirmé Jean-Claude Dib, 71 ans, chauffeur routier à la retraite qui s'est dit "prêt à rendre coup pour coup". Deux journalistes de la chaîne publique France 2 ont été pris à partie alors qu'ils couvraient la manifestation. A Paris, un cortège essentiellement constitué de "gilets jaunes", mouvement de contestation hostile à la politique sociale du président Emmanuel Macron, a défilé depuis la Place de la Bastille. Des incidents sporadiques ont opposé policiers et manifestants, et neuf personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur. Un autre cortège parti du Trocadéro était mené par l'homme politique d'extrême droite Florian Philippot, ex-n°2 du parti Rassemblement national de Marine Le Pen. Entre deux "Marseillaise", celui-ci a dénoncé "l'apartheid" que met en place l'exécutif, appelant à faire tomber "le tyran" Macron.

N'en déplaise aux anti-"pass sanitaires" et à leurs slogans complètement hors sol, une très large majorité de français (76%) approuve la décision de rendre obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d'autres professions, selon un sondage du 13 juillet. Le "pass sanitaire" recueille aussi une majorité d'approbations.

Manifestations en Italie et en Australie

En Italie, les manifestants étaient également des milliers, protestant là aussi contre l'adoption d'un "pass sanitaire" obligatoire pour accéder aux lieux fermés à partir du 6 août. "Liberté!", "Non à la dictature", scandaient les manifestants de Naples à Turin. "Mieux vaut mourir libre que vivre comme un esclave", pouvait-on lire sur une pancarte devant la cathédrale de Milan, quand dans le centre historique de Rome, une autre présentait une photo du portail du camp d'extermination d'Auschwitz (où figure l'inscription "Arbeit macht frei", "Le travail rend libre", ndlr), avec ces mots : "Les vaccins vous rendent libre". A Gênes, les manifestants portaient des étoiles jaunes où était inscrit "non vacciné". Comme en France, l'annonce des nouvelles mesures restrictives face à la progression du variant Delta a cependant provoqué une ruée sur la vaccination : jusqu'à + 200% dans certaines régions, selon le général Francesco Figliuolo, commissaire extraordinaire en charge de la campagne vaccinale.

Plus tôt dans la journée c'est à Sydney que des échauffourées avaient eu lieu entre policiers à cheval et manifestants, alors que les habitants de cette ville de cinq millions d'habitants ont ordre de rester chez eux pendant un mois. A Melbourne, des milliers de personnes selon les médias locaux avaient envahi les rues après s'être rassemblées devant le parlement de l'État de Victoria. "Wake up Australia" (Australie, réveille-toi), pouvait-on lire sur des pancartes, les slogans faisant écho aux messages vus lors de manifestations similaires à l'étranger.

Le Vietnam confine, le Liban souffre

Partout sur la planète, les restrictions sanitaires se multiplient dans le but de limiter l'impact de la propagation vertigineuse du variant Delta du coronavirus sur les services hospitaliers. La pandémie a déjà fait plus de 4,1 millions de morts depuis la fin 2019. Le Vietnam a placé en confinement samedi les huit millions d'habitants de sa capitale Hanoï pour tenter de contenir la flambée des cas de Covid, qui a déjà contraint un tiers de la population du pays à rester chez elle. Les autorités ont signalé vendredi plus de 7.000 nouveaux cas, le troisième record d'infections en un jour battu en une semaine.

L'Allemagne, première économie européenne, aux prises elle-même avec une accélération des contaminations, a décidé de durcir les restrictions pour les voyages en Espagne, y compris les Baléares et les Canaries, face à une résurgence de cas de Covid dans ces destinations touristiques prisées de ses citoyens. De son côté, l'Espagne imposera une quarantaine de dix jours aux voyageurs en provenance d'Argentine, de Colombie, de Bolivie et de Namibie à partir du 27 juillet, a annoncé le gouvernement samedi. Une mesure suscitée par la hausse des cas dans la région Amérique latine et Caraïbes, la plus endeuillée au monde par la pandémie, qui a dépassé samedi le seuil des 40 millions de cas déclarés de Covid-19 pour plus de 1,3 million de décès.

La situation est aussi préoccupante au Liban, dont l'effondrement économique et les pénuries d'électricité rendent les hôpitaux plus vulnérables. "Tous les hôpitaux (...) sont désormais moins préparés qu'ils ne l'étaient au moment de la vague survenue au début de l'année", a déclaré à l'AFP Firass Abiad, directeur de l'hôpital universitaire Rafic Hariri, le plus grand hôpital public du pays.