Le variant Delta aurait une charge virale 1.260 fois supérieure et un délai d'incubation plus court, selon une étude chinoise

Selon une étude chinoise relayée par le site Nature, la flambée du nombre de cas infectés par le variant Delta s'expliquerait notamment par la charge virale très supérieure comparé au Covid-19 initial, et par un temps d'incubation plus court. Le président du Conseil scientifique français Jean-François Delfraissy craint une flambée des hospitalisations d'ici début août et ne voit pas de retour à la normale avant désormais... 2023.
Les personnes infectées produisent beaucoup plus de virus que celles infectées par la version originale du SRAS-CoV-2, ce qui le rend très facile à propager, estiment les chercheurs chinois.
"Les personnes infectées produisent beaucoup plus de virus que celles infectées par la version originale du SRAS-CoV-2, ce qui le rend très facile à propager", estiment les chercheurs chinois. (Crédits : KIM HONG-JI)

C'est une étude éclairante pour comprendre la flambée du variant Delta ces dernières semaines, cette souche apparue fin 2020 en Inde et qui est désormais la mutation prédominante dans les infections mondiales liées au Covid-19. Le site de la revue Nature relaie une étude chinoise qui avance une hypothèse : "les personnes infectées produisent beaucoup plus de virus que celles infectées par la version originale du SRAS-CoV-2, ce qui le rend très facile à propager." Selon leurs estimations, le variant Delta pourrait être plus de deux fois plus transmissible que la souche originale du SRAS-CoV-2.

Pourquoi ? La charge virale des personnes infectés par le variant Delta auraient "une charge virale jusqu'à 1 260 fois supérieures à celles des personnes infectées par la souche d'origine", relève cette étude chinoise réalisée sous la supervision de l'épidémiologiste Jing Lu du Centre provincial de contrôle et de prévention des maladies du Guangdong à Guangzhou.

Ce travail se base sur le suivi de 62 personnes mises en quarantaine après avoir été exposées au Covid-19 et qui ont été parmi les premières personnes en Chine continentale à être infecté par la souche Delta. La charge virale de ses personnes a été comparée à celle de 63 autres personnes qui ont contracté la souche originale du SRAS-CoV-2 en 2020. 

Charge virale supérieure et incubation plus rapide

Outre l'élément de la charge virale, un autre facteur accélérerait la propagation du variant Delta : la période d'incubation serait plus courte que pour la souche initiale. "Le virus a été détectable pour la première fois chez les personnes atteintes de la variante Delta quatre jours après l'exposition, contre une moyenne de six jours chez les personnes atteintes de la souche d'origine", relèvent les chercheurs. Avant de faire la synthèse de ces deux facteurs pour expliquer la propagation de ce nouveau variant.

La quantité considérable de virus dans les voies respiratoires signifie que les événements de sur-propagation sont susceptibles d'infecter encore plus de personnes, et que les personnes pourraient commencer à propager le virus plus tôt après avoir été infectées.

Toutefois, relève Nature, on ne "sait toujours pas, par exemple, si [le variant] est plus susceptible de provoquer une maladie grave que la souche d'origine, et dans quelle mesure elle est efficace pour échapper au système immunitaire."

Ainsi, la propagation du variant Delta inquiète la planète. La pandémie de Covid-19 a accéléré cette semaine dans le monde (+9%) notamment en Europe (+26%) et aux Etats-Unis, où le bond dépasse les 60%, sous l'effet du variant Delta, selon un bilan de l'AFP arrêté à jeudi.

Inquiétude partout dans le monde

En France, d'une semaine à l'autre, le nombre de cas quotidiens fait plus que doubler à cause du variant Delta. Il y avait environ 4.500 cas le 9 juillet, 10.900 le 16 juillet, 22.000 désormais.  "On arrivera aux 50.000 cas probablement début août", a prévenu le Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique. Par ailleurs, pour "la première fois depuis 15 semaines", la hausse des cas s'accompagne "d'une augmentation nette du taux d'hospitalisations (+55%) et du nombre de patients admis en services de soins critiques (+35%)", a mis en garde l'agence sanitaire Santé publique France (SPF) dans son rapport hebdomadaire.

Pour le professeur Delfraissy interrogé ce matin sur BFM TV, "il n'y a aucune solution miracle" face au variant Delta, appelant tout à retrouver le respect strict des gestes barrières et le port du masque en extérieur. Le président du Conseil scientifique estime que "nous aurons probablement un autre variant qui arrivera dans le courant de l'hiver», car le SARS-CoV-2 "a des capacités de mutation hors norme". Et d'ajouter : "le retour à la normale, c'est peut-être 2022, 2023".

L'OMS dans un communiqué publié ce vendredi recommande "que les pays augmentent l'accès aux tests gratuits, développent le séquençage, incitent les cas contacts à se mettre en quarantaine et les cas confirmés à l'isolement, renforcent le traçage pour briser les chaînes de transmission et s'assurent que les plus à risques soient vaccinés", indique l'organisation onusienne."

Les compagnes de vaccination sont également les principaux outils pour endiguer la propagation du variant Delta. En France, 31,8 millions de personnes ont été entièrement vaccinés. Le cap des 40 millions de vaccinés a été fixé à fin juillet, selon les déclarations du Premier ministre, mercredi dernier.

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Les vaccins efficaces

Reste plusieurs questions et notamment celle de l'efficacité des vaccins contre le variant Delta. A ce titre, les conclusions de Public Health England (les services de santé britanniques, ndlr) suggèrent que la protection vaccinale contre le variant Delta est très forte lorsque les personnes reçoivent les deux doses. Les recherches, publiées mercredi 21 juillet dans le New England Journal of Medicine, montrent qu'une seule dose du vaccin Covid-19 de Pfizer ou d'AstraZeneca ne protège toutefois pas les personnes contre les infections symptomatiques que dans un tiers des cas.

Mais lorsque les patients étaient entièrement vaccinés, avec deux injections administrées toutes les deux au moins deux semaines l'une après l'autre pour faire effet, le vaccin Covid-19 de Pfizer était efficace à environ 88% contre le Covid-19 symptomatique du variant Delta, tandis que le vaccin d'AstraZeneca l'était à 67%.

Ouvrir les brevets ?

Toutefois, pour sortir réellement de la crise sanitaire, la vaccination doit être mondiale. L'OMS estime qu'il faut 11 milliards de doses de vaccins pour arriver à protéger 70% de la population de chaque pays d'ici la mi-2022. Sur les 1,1 milliard de doses produites en juin, "seulement 1,4% sont allées aux Africains, alors qu'ils représentent 17% de la population mondiale. Seulement 0,24% sont allés à des gens dans les pays pauvres et ces taux ont encore baissé en juillet", a regretté la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweal.

Pour accélérer la production et la vaccination mondiale, certains militent pour l'ouverture des brevets sur les vaccins anti-Covid. Le patron de l'Organisation mondiale de la santé, partisan d'une suspension temporaire des brevets a toutefois rassuré mercredi les groupes pharmaceutiques qu'il ne s'agissait pas de "saisir" leur propriété.

Commentaires 11
à écrit le 24/07/2021 à 21:08
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Le prochain variant Eta aura une charge virale 3240 fois supérieure au virus originel, avec une durée d'incubation de 48h. Et le suivant, sera 6870 plus violent pour incuber en 24h. En exagérant un peu, c'est le discours depuis l'automne 2020. Comme...

le 25/07/2021 à 7:56
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Delfraissy encore un de ces ex peace and love de 73 ans qui balançait des pavés pendant la grippe de Hongkong en 68/69 avec catherine Hill ,masqué ,confiné, vacciné à l’époque ce monsieur et non,rien ,la belle vie.

à écrit le 24/07/2021 à 18:44
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Plus contagieux mais 10x moins mortel que le covid lors des précédentes vagues. Il suffit d'aller voir les statistiques de la grande Bretagne ou de lire le dernier rapport de leur ministère de la Santé. C'est une honte que La Tribune participe à mett...

le 24/07/2021 à 19:43
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88% de la population adulte britannique a reçu au moins une dose de vaccin... forcément que c'est moins mortel !

le 08/08/2021 à 12:30
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Pas d'accord avec l'observation des 88%. En mettant en perspective la population et l'âge moyen des pays ayant une faible couverture vaccinale, on est sur la même tendance : Inde, Russie, Egypte, Taïwan. Les rapporteurs aiment bien confondre volontai...

à écrit le 24/07/2021 à 11:02
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Ling Ju est aux ordres. Point barre. De plus, elle sait pertinemment comment ce virus va évoluer puisque c'est elle qui l'a créé. Peut être pour de bonnes raisons, mais dans ce cas, le gouvernement Chinois laisse l'OMS enquêter.

le 24/07/2021 à 19:44
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Des preuves ?

à écrit le 24/07/2021 à 10:04
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1 260 en typographie Française dans le titre s'il vous plaît. 1.260 ça n'a aucun sens et porte à confusion. C'est l'écriture Américaine 1,260.00 avec une faute de typo. Merci d'y porter attention.

à écrit le 24/07/2021 à 9:28
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C'est rassurant finalement de voir que la Chine se vautre dans les mêmes bobards que les autres pays occidentaux, on dirait que les querelles commerciales internationales semblent de ce fait anticipées par tous les protagonistes éloignant ainsi la po...

à écrit le 23/07/2021 à 20:03
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Si les chinois le disent, c'est que ça doit être vrai. En defraichi a l'air d'y croire !

à écrit le 23/07/2021 à 18:44
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Étude chinoise, donc ...

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