Les Français travailleront un jour de plus pour financer la dépense publique en 2015

Par latribune.fr  |   |  630  mots
En France, les prélèvements obligatoires (autrement dit les charges sociales, l’impôt sur le revenu ou encore la TVA) représentent 57,53% du salaire dans l'Hexagone contre 45,19% dans l'Union Européenne.
En 2015, le salarié moyen français travaillera jusqu'au 29 juillet soit 209 jours pour financer la dépense publique. C'est un jour de plus que l'an passé, et trois de plus qu'en 2010. Avec la Belgique, la France est, comme en 2014, championne du record de taxation du salarié moyen dans l'Union Européenne.

Le pouvoir d'achat des Français s'affaisse, encore un peu plus. Cette année, le jour de libération fiscale des Français, autrement dit le jour où les contribuables ne travailleront pas pour l'Etat mais pour leur compte, interviendra le 29 juillet. En 2009, ce seuil avait été atteint le 15 juillet.

C'est le résultat d'une étude réalisée par l'institut économique Molinari, un think thank libéral franco-belge, qui calcule chaque année depuis 2010, avec le cabinet de consulting Ernst & Young, le jour de libération fiscale et sociale des 28 pays de l'Union Européenne.

En France, les prélèvements obligatoires (autrement dit les charges sociales, l'impôt sur le revenu ou encore la TVA) représentent 57,53% du salaire dans l'Hexagone contre 45,19% dans l'Union Européenne. Depuis 2010, le taux d'imposition réel du salarié des 28 pays de l'UE a augmenté de 1,20%.

Si le salarié moyen français est en théorie un des mieux payés (55.805 euros), il est aussi particulièrement fiscalisé (32.103 euros), révèle l'étude. "A elles seules, les charges sociales (28.055 euros) représentent plus que son pouvoir d'achat (23.702 euros)".

Mais ce sont toujours les contribuables belges qui détiennent le record puisqu'ils ne seront libérés de leurs obligations fiscales que le 6 août. Les prélèvements obligatoires y atteignent 59,47% du salaire.

La pression fiscale est plus forte dans la zone euro

L'étude note que l'écart entre les 19 pays de la zone euro et les 9 pays hors zone euro s'est accentué. "La zone euro a subi une légère hausse de la pression fiscale, alors qu'à l'inverse, la pression fiscale a baissé hors zone euro."

Cinq autres pays ont aussi été libérés ce mois-ci de leurs obligations. C'est le cas de l'Autriche, "libérée" le 25 juillet, mais aussi de la Hongrie (le 17), la Grèce (le 14), l'Allemagne (le 10), ou encore l'Italie (le 2).

A noter que certains pays, sous l'effet des politiques d'austérité fiscale, voient leur jour de libération fiscale reculer un peu plus chaque année. En 2012, les Grecs étaient délivrés de leurs obligations fiscales le 31 mai. Ils doivent désormais attendre le 14 juillet.

L'étude de l'institut Molinari note que 16 pays de l'Union Européenne sur 28 sont libérés de leurs obligations en juin, à l'instar du Luxembourg, du Danemark, mais aussi de l'Espagne, du Portugal ou encore de la Croatie.

En revanche, dans le peloton des pays qui taxent le moins leurs salariés, on trouve l'Irlande qui atteint son jour de libération fiscale le 28 avril, Malte le 19 avril, et enfin Chypre le 31 mars.

L'étude omet un détail...

Mais ces chiffres doivent être relativisés puisque les différences en matière fiscale sont nombreuses au sein de l'Union Européenne, qu'il s'agisse de la TVA, de l'impôt sur le revenu ou sur les sociétés. De ce point de vue, la mise en place d'un calendrier déterminant le jour de "libération fiscale" perd de sa valeur, puisque l'on compare des situations différentes par essence.

De plus, si l'étude s'inquiète de l'inadéquation entre les montants prélevés et les résultats de plusieurs indicateurs internationaux (les Nations Unies classent la France 20e sur 188 en matière d'indice de développement humain), elle omet de préciser que la fiscalité permet le financement des prestations sociales (retraites, assurance-chômage, sécurité sociale).

En 1980, l'économiste américain Milton Friedman, pourfendeur de l'intervention de l'Etat dans l'économie, avait proposé de faire de cette journée de libération fiscale, une fête nationale aux Etats-Unis. Il est aussi connu (et surtout) pour avoir été l'un des architectes de la révolution néolibérale sous Ronald Reagan.