Les producteurs d'huîtres en colère après des ventes en chute pendant les fêtes

Par latribune.fr  |   |  810  mots
Les huîtres dont la commercialisation est interdite pour des raisons sanitaires sont situées notamment dans le bassin d'Arcachon (Gironde), ainsi que sur deux secteurs très limités du Calvados et de la Manche. (Crédits : Reuters)
Les ventes des ostréiculteurs français se sont érodées pendant les fêtes, les consommateurs ayant déserté les étables d'huîtres, par crainte qu'elles soient contaminées par un virus, identifié sur une minorité de sites de production. En colère, des représentants du secteur montent au créneau.

Au sortir des fêtes, l'inquiétude est vive chez les ostréiculteurs français, qui ont vu leur vente s'éroder, suite aux interdictions temporaires de commercialisation d'huîtres issues dans certains sites de production en France.

« C'est catastrophique (...) parce que les gens n'achètent plus (...) C'est la panique générale, alors qu'on n'est même pas à 10% de zones contaminées en France » par rapport à la totalité de la production nationale, a déclaré dimanche à l'AFP Philippe Le Gal, président de la Fédération nationale de la conchyliculture.

Les zones de production dont la commercialisation est interdite pour des raisons sanitaires, sur décision préfectorale, sont situées notamment dans le bassin d'Arcachon (département de la Gironde), ainsi que sur deux secteurs très limités du Calvados et de la Manche.

Chute des ventes

Pour illustrer cette chute des ventes, y compris dans des secteurs non concernés, Philippe Le Gal développe : « Mes huîtres étaient en vente dimanche matin sur quatre marchés, un dans le Lot, un en Corrèze et deux dans le Morbihan » où il est installé. « On n'a rien vendu du tout », a-t-il déploré, estimant à « à peine 10% » les ventes réalisées pour cette journée de Réveillon, alors que les fêtes de fin d'année sont habituellement une des principales périodes de consommation du coquillage.

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Philippe Morandeau, président du Comité régional de la conchyliculture de Charente-Maritime, l'un des principaux bassins ostréicoles français, non concerné par les interdictions en cours, observe un phénomène similaire : « J'étais à un marché à La Pallice, à côté de La Rochelle, et j'ai subi une baisse de l'ordre de 25 à 30% de mes ventes par rapport aux années précédentes », a-t-il expliqué à l'AFP.

En Gironde, les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon estiment, eux, leurs pertes à quelque 8 millions d'euros et envisagent de porter plainte s'ils ne sont pas indemnisés en partie. Le Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA), qui doit rencontrer le préfet du département la semaine prochaine, se réserve même le droit de porter plainte si « une solution concrète pour indemniser les entreprises sinistrées » n'était pas rapidement trouvée.

Les réseaux d'assainissement en cause, pas la qualité des huîtres

Les producteurs rappellent que la qualité sanitaire de leurs huîtres n'est pas en cause et qu'ils sont victimes de réseaux d'assainissement sous-dimensionnés. « L'enjeu numéro un est en effet l'investissement des collectivités locales dans les systèmes de traitement des eaux usées », a reconnu dimanche, dans un entretien au quotidien régional Ouest-France, le secrétaire d'Etat à la mer, Hervé Berville.

« Ces interdictions temporaires ne sont pas du tout liées au travail des conchyliculteurs. Elles sont liées à des virus (provenant des eaux usées rejetées à la mer, ndlr), pas à la qualité des huîtres », a insisté le ministre.

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Pour Olivier Laban, président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) et ostréiculteur à Gujan-Mestras, cette situation est insupportable : « Cela fait deux fois en deux ans pour nous. Donc, ce n'est plus un accident. Ce n'est plus possible. A cette période de l'année, c'est inacceptable pour nous », a-t-il déclaré dimanche à l'AFP.

« Il faudrait dimensionner les réseaux (...) C'est du travail qui n'a pas été fait les décennies précédentes qui fait qu'on en arrive là maintenant », déplore également le président du Comité régional de la conchyliculture de Charente-Maritime. « Nous allons faire des points avec les collectivités pour accélérer les investissements là où c'est nécessaire, car la conchyliculture est un secteur essentiel pour l'économie locale », a promis à ce sujet Hervé Berville, évaluant à « 375 le nombre de sites de production » d'huîtres en France.

Image écornée

Outre l'impact financier, rétablir l'image du coquillage est l'autre préoccupation majeure des producteurs. « Dès qu'il y a eu les annonces à la télé, il y a eu des décommandes (...) Les gens lisent les gros titres et ne vont pas retenir la géographie, seulement le mot huître », constate Philippe Morandeau. « Les gens n'achètent plus, on leur raconte tellement de bêtises, on leur fait peur », estime de son côté Philippe Le Gal. « Le mal est fait, la confiance est rompue » avec les consommateurs, craint-il.

Oivier Laban résume la situation telle qu'il la voit : « Nous, le ''quoi qu'il en coûte'', on compte dessus sur cette période-là. Et là, je ne chiffre même pas la détérioration de l'image, du produit, du métier... »

(Avec AFP)