Municipales 2020 : La vague verte déferle, un nouveau "en même temps" pour Emmanuel Macron

Par latribune.fr  |   |  1215  mots
(Crédits : POOL)
Partout en France, la mobilisation pour le second tour des élections municipales a été particulièrement faible, avec une participation entre 40 et 41%, selon les estimations. Une crise de confiance qui resurgit brutalement tandis que les incertitudes économiques de l'après confinement demeurent suite à la crise du coronavirus. Le parti écologiste profite de la quête de renouveau.

Le « monde d'après », tant souhaité dans la France de l'après confinement face à la pandémie, a-t-il influencé les électeurs appelés à voter pour le second tour des élections municipales ? Avec un taux d'abstention record, à 60%, la crise démocratique semble en tout cas encore plus profonde qu'hier. En 2014, lors du second tour des élections municipales, le taux d'abstention était de 37,87%. Six ans plus tard, moins d'un électeur sur deux (41%, selon Iposos/Sopra Steria) s'est ainsi rendu aux bureaux de vote ce dimanche 28 juin 2020. Les 16,5 millions d'électeurs appelés à voter dans 4.820 communes ont boudé les isoloirs.

Nouveaux mandats donnés aux écologistes, nouvelles percées des mouvements nationalistes ou du Rassemblement national, désillusions pour le parti présidentiel... Trois mois après le premier tour, Emmanuel Macron va devoir composer avec une carte de France redessinée par une crise de confiance manifeste.

La vague écologiste, ces grandes villes qui basculent

Dans les métropoles françaises, la poussée écologiste se confirme aux dépens des partis Les Républicains ou de En Marche. A Lyonle candidat EELV Grégory Doucet l'emporterait largement avec entre 50,8% 53,5 % des suffrages face au poulain de Gérald Collomb, Yann Cucherat (31,4%), et Georges Képénékian (LaREM).

A Tours, pour la première fois également de son histoire, la ville passe entre les mains des Verts et d'Emmanuelle Denis, face au maire sortant Christophe Boucher allié pourtant à LR et LREM.

A Strasbourg, les Verts ont pu revendiquer la victoire avec Jeanne Barseghian.

A Nancy, la gauche (Mathieu Klein) l'emporte avec les écologistes, face au sortant radical Hénart.

A Grenoble, les écologistes seraient en passe de conserver leur symbole. Les premières tendances issues du dépouillement des urnes confirmeraient la réélection du maire sortant EELV Éric Piolle. Certaines sources évoquent un score qui avoisinerait "pour l'instant les 52%" pour le maire EELV sortant, qui enregistrait déjà 46,67% de voix au premier tour face à ses concurrents, l'ex-maire divers droite Alain Carignon, la députée LREM Emilie Chalas, et le socialiste Olivier Noblecourt.

A Poitiers, le maire PS est battu par le candidat écologiste.

D'autres grandes villes - Besançon, Annecy... - sont tombées dans l'escarcelle des Verts, qui ont longtemps servi de force d'appoint mais s'affirment comme les premiers à gauche avant les prochaines échéances électorales.

A Lille en revanche, la maire sortante PS Martine Aubry a fini par l'emporter d'un cheveu face au candidat vert Stéphane Baly, au terme d'un thriller.

Cette vague verte va changer la donne sur le plan politique. Emmanuel Macron va devoir composer avec un nouveau "en même temps" qui ne sera plus nécessairement droite et gauche, mais avec d'autres bords et des enjeux parfois incompatibles.

Les inédits : Quimper vire à gauche, coup de tonnerre à Lorient, le PS battu à Poitiers...

De ce deuxième tour des élections édition 2020, il faudra nécessairement retenir le score inédit de l'abstention. Dans certaines villes, moins d'un électeur sur quatre s'est rendu aux urnes ; « une grève civique » selon les mots du chef de file de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon.

Côté résultats, les surprises marquent aussi une volonté de changement exprimée par les électeurs. A Quimper, la candidate socialiste Isabelle Assih devient la première femme maire de la capitale de la Cornouaille, avec 51% des voix face au maire sortant de centre-droit Ludovic Jolivet (39%). La députée LREM Annaïg Le Meur est à 10%.

Toujours en Bretagne, à Lorient, c'est un coup de tonnerre. La ville bascule à droite après cinquante ans passés aux mains de la gauche. Fabrice Loher recueille 35,34% des voix et devance le candidat EELV Damien Girard (32,83%). Lorient est le bastion du ministre de l'Europe et des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui soutenait la candidature de Laurent Tonnerre (seulement 12,27% des voix).

A Paris, alliée aux Verts, la maire socialiste sortante Anne Hidalgo remporterait le second tour des élections municipales avec 50,2% des voix, selon des estimations Harris interactive pour TF1/LCI/RTL publiées dimanche.

L'édile devancerait la candidate du parti Les Républicains Rachida Dati (32%) et celle du parti présidentiel, La République en marche, Agnès Buzyn (16%), selon ces estimations.

Les nationalistes en Corse, le RN à Perpignan

« En Corse, la vague nationaliste se confirme », observe notre correspondant Paul Ortoli. Ainsi, à Porto Vecchio, le nationaliste Jean-Christophe Angelini l'emporte face à Georges Mela (DVD).

Dans le sud-Ouest, Perpignan devient la première ville française de plus de 100.000 habitants à basculer dans les mains de l'extrême-droite avec Louis Aliot en vainqueur. Avec 53,08 % des suffrages exprimés, le cadre du Rassemblement National devance le maire sortant Jean-Marc Pujol (46,92 % des voix) Louis Aliot redonne au parti de Marine Le Pen, qui a également remporté Bruay-la-Bussière (Pas-de-Calais) et Moissac (Tarn-et-Garonne) le contrôle de sa première ville de plus de 100.000 habitants depuis 1995 et Toulon.

"Ce n'est pas seulement d'ailleurs une victoire symbolique, c'est un vrai déclic, parce que nous allons aussi pouvoir démontrer que nous sommes capables de gérer de grandes collectivités", s'est réjouie Mme Le Pen.

Des bastions de droite qui basculent à gauche

A Marseille, la candidate de gauche Michèle Rubirola remporterait la mairie avec 39,9 des voix, suivie de la favorite Martine Vassal (LR, 29,8%) et du candidat RN Stéphane Ravier (19,8%). Cette défaite signe la fin de l'ère Jean-Claude Gaudin.

De même, après 73 ans de mairie de droite, Bordeaux serait en passe de passer à gauche. Les estimations de Sopra Steria pour France 2 donnent Pierre Hurmic à 46,8 %, Nicolas Florian à 43,2 % et Philippe Poutou à 10 %. 300 personnes étaient réunies devant le QG de campagne de Pierre Hurmic, rue des Trois Conils.

Le PS a donc conservé Paris, Lille, Le Mans, Clermont-Ferrand et devrait garder les commandes de Rennes et Nantes. En prime, le PS a ravi Montpellier, avec Mickaël Delafosse et Saint-Denis, fief du PCF, avec Mathieu Hanotin.

De maigres consolations pour LREM

A Toulouse, Jean-Luc Moudenc est l'un des seuls candidats soutenu par LREM dans une grande métropole à tenir la corde. Soutenu également par Les Républicains, le maire sortant a été élu avec plus de 51% des voix. Néanmoins, sa réélection aura été entachée par une faible participation.

Autre mince consolation pour Les Républicains, la réélection attendue de Christian Estrosi à Nice.

François Bayrou, patron du Modem, a été réélu à Pau. Un maigre réconfort pour la majorité alors que le scrutin a tourné au fiasco pour La République en marche, incapable de prendre la moindre grande ville.

Au Havre, dans son fief, Edouard Philippe a été élu avec près de 59% des voix. Avec Emmanuel Macron, ils se verront "un petit moment en tête-à-tête" lundi. Fort de son succès, M. Philippe pourrait-il être conforté dans son poste alors que se profile un important remaniement gouvernemental ?

Dès le lendemain du scrutin, Emmanuel Macron va surtout devoir faire oublier le camouflet infligé au parti présidentiel. Il va d'ailleurs tenter de reprendre la main en enchaînant engagements écologiques et internationaux ainsi qu'un remaniement de grande ampleur, pour remodeler la fin de son quinquennat.

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