Parler, ou non au JDD : le dilemme pour les politiques

Par latribune.fr  |   |  596  mots
(Crédits : Lafargue Raphael/ABACA via Reuters Connect)
Parler, ou non, au « Journal du dimanche » (JDD) depuis sa reprise en main par le journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune et la fin de la grève historique de la rédaction : face à ce dilemme, des membres du gouvernement comme pour les députés de la majorité tergiversent et divergent.

Le parti Renaissance arrive-t-il encore à tenir ses troupes ? Dans le JDD daté du 20 août, une tribune « Allons sentir le cul des vaches ! » écrite par Karl Olive interroge. Député Renaissance des Yvelines, il expose sa vision de l'élu sur la « démocratie de proximité » et « participative » qui selon lui est l'une des clés pour « apaiser le pays ». Mais était-il conscient des potentielles sanctions qui planent maintenant  ?

S'expose-t-il au courroux de son groupe parlementaire ?

La consigne était pourtant claire. « Je vous demande de ne pas participer à des articles de ce Journal du Dimanche », demandait à ses troupes Sylvain Maillard, le nouveau président du groupe Renaissance à l'Assemblée en remplacement d'Aurore Bergé devenu depuis lors ministre. L'interview de la Secrétaire d'État au logement Sabrina Agresti-Roubache dans le premier numéro du JDD version Lejeune avait déjà provoqué un tollé au sein de la majorité.

Dans un post sur X (ex-Twitter), Sylvain Maillard a indiqué qu'il réunira le bureau de son groupe pour « donner suite » à la tribune du député Karl Olive.

« Cette 'participation' n'engage en aucun cas les députés du groupe macroniste. Je réunirai le bureau du groupe Renaissance à la rentrée pour donner suite », poursuit-il.

« Chacun fait ses choix en conscience »

« Chacun fait ses choix en conscience », déclarait début août le ministre des Transports Clément Beaune, alors que sa collègue Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Ville, avait accordé un entretien au JDD du dimanche, dans le premier numéro sous la houlette de Geoffroy Lejeune.

« On peut parler de tout, mais pas avec n'importe qui, ou à n'importe quel moment ».

Figure de l'aile gauche de l'exécutif, Clément Beaune avait clairement pris ses distances avec la démarche de Sabrina Agresti-Roubache.

De son côté, la secrétaire d'État, nommée au gouvernement lors du dernier remaniement, invoque la liberté d'expression et le besoin de pluralisme pour justifier son choix :

« Le pluralisme, c'est accepter la confrontation », expliquait-elle au cours de l'interview, invoquant l'esprit de Charlie Hebdo, et se revendiquant « fille de Cabu », du nom du dessinateur assassiné dans l'attentat islamiste du 7 janvier 2015 visant le journal satirique.

Une position aux antipodes de celles de Clément Beaune qui « regrette » que le JDD ait perdu « sa ligne historique, ses valeurs, son ADN » depuis l'arrivée de Geoffroy Lejeune et la prise de contrôle du journal par le milliardaire Vincent Bolloré aux idées réputées ultra-conservatrices.

Le ministre des Transports n'est pas le seul à exprimer des réserves quant au « choix » de Sabrina Agresti-Roubache.

La secrétaire d'État chargée de l'Europe, Laurence Boone, avait expliqué que la nouvelle ligne éditoriale du journal, auparavant classé au centre-droit, n'est pas sa « tasse de thé à ce stade ».

Quant à savoir si elle accorderait à l'avenir des interviews au JDD, Laurence Boone s'est montrée plus prudente. « Ça ne donne pas envie », a-t-elle d'abord répondu, avant de préciser ensuite, dans un message publié sur le réseau "X" (ex-Twitter), qu'elle irait « défendre partout les positions du gouvernement ».

De nombreux responsables de gauche ont déploré la démarche de la secrétaire d'État, accusant la macronie d'« accélérer la banalisation » du journal.