Rachida Dati et Alain Bauer éclaboussés par l'affaire Carlos Ghosn

Par AFP  |   |  610  mots
(Crédits : Reuters)
Le parquet national financier (PNF) a ouvert le 31 mai une enquête sur des contrats passés par la maire du VIIe arrondissement de Paris Rachida Dati, et le spécialiste des questions de sécurité Alain Bauer, avec la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan (RNVB), entité au cœur de l'affaire Carlos Ghosn.

[Article publié le 05.06.2019 à 9h51, mis à jour à 15h02 avec l'annonce du dépôt d'une plainte pour diffamation par les avocats de Mme. Dati]

De nouveaux protagonistes se mêlent à l'affaire Carlos Ghosn. L'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer sont visés par une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) pour « corruption ». Confiée aux policiers de l'office anticorruption, elle fait suite à la plainte pour « abus de biens sociaux et corruption » d'une actionnaire de Renault, déposée au PNF le 17 avril dernier, contre l'ancien PDG Carlos Ghosn, sa femme, ainsi que Rachida Dati et Alain Bauer.

Ces deux derniers sont soupçonnés d'avoir perçu des fonds potentiellement suspects via la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV (RNBV), filiale à 50-50 entre Renault et Nissan créée par Carlos Ghosn pour incarner l'alliance des deux constructeurs au niveau opérationnel.

Cette nouvelle intervient alors que l'audit commandité par Renault a identifié 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par Carlos GhosnSelon une source proche du constructeur français, les noms de Rachida Dati et Alain Bauer étaient cités dans les conclusions de cet audit mené par le cabinet Mazars.

600.000 euros perçus par Rachida Dati

Selon l'avocat de la plaignante, Me Jean-Paul Baduel, Mme Dati aurait notamment perçu de cette filiale 600.000 euros entre 2009 et 2013 pour un rôle de conseil.

« Mes soupçons portent sur l'usage inconsidéré des fonds de Renault. (...) Les contrats sont douteux de par leurs montants, effectués au profit d'une filiale n'ayant aucune salarié », RNBV, a-t-il indiqué.

Contactée par Le Parisien fin mai, la candidate à la mairie de Paris contestait alors toutes dissimulations quant aux versements de RNBV.

« J'ai été rémunérée comme avocate et non consultante de 2010 à 2012, de façon forfaitaire : 300.000 euros par an. Tous les contrats ont été validés par le commissaire aux comptes et le directeur juridique, M. Husson. À chaque réunion de travail, il y avait soit Carlos Ghosn, soit Christian Husson, soit la secrétaire générale, Mouna Sepehri. »

L'avocat de Mme Dati, Me Olivier Pardo, assure qu'elle a déclaré toutes ses rémunérations à la Haute Autorité de transparence de la vie publique (HATVP), comme le veut la loi. « Les conventions de Mme Dati sont des conventions tout à fait régulières. (...) C'est un jeu dangereux auquel joue cet actionnaire, il y a un effet d'opportunisme au moment où Mme Dati se lance dans la campagne pour les municipales à Paris », a-t-il ajouté.

« Rien n'a été caché » : Dati se défend et attaque la plaignante en diffamation

Selon une autre source, proche du dossier, Rachida Dati aurait touché 900.000 euros d'honoraires d'avocate entre 2010 et 2012, versés par RNBV. Alain Bauer, expert en sécurité, aurait lui touché un million d'euros entre 2012 et 2016. Ces sommes ne font pas partie des 11 millions concernant Carlos Ghosn.

L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, et actuelle maire du VIIe arrondissement de Paris, a ainsi demandé à ses conseils de déposer une plainte contre l'actionnaire de Renault. Elle a aussi décidé de faire délivrer une citation directe pour diffamation à l'encontre de Me Jean-Paul Baduel, avocat de cette plaignante.

Mme Dati « remettra aujourd'hui au parquet national financier les pièces confirmant la parfaite légalité de son intervention », précisent les avocats dans leur communiqué.

Elle émet des « réserves sur la recevabilité et le bien-fondé de cette plainte, ce d'autant que la direction de Renault et de l'Alliance avaient une connaissance parfaite de sa mission d'avocat dès 2010 », insistent-ils. « Rien n'a été caché et tout a été déclaré aux autorités publiques françaises et néerlandaises ».