Retraites : le comité de suivi s'inquiète pour les régimes complémentaires

Par latribune.fr  |   |  554  mots
Les régimes de retraites de base et le Fonds de solidarité vieillesse pourraient connaître un déficit de 2,9 milliards d'euros en 2018.
Le comité de suivi des retraites a remis au Premier ministre son deuxième avis. S'il juge la situation des régimes de retraite globalement satisfaisant, il tire cependant le signal d'alarme sur un risque de dérapage financier à court terme, faute de mesures nouvelles. Il s'inquiète aussi pour les régimes complémentaires.

Un retour à l'équilibre des retraites de base d'ici à 2020 paraît difficile à atteindre sans meilleure croissance et/ou mesures nouvelles, estime dans son deuxième avis remis lundi au Premier ministre le Comité de suivi des retraites, qui appelle à un accord avant la fin d'année pour redresser les régimes complémentaires. Il y a un an, le comité pensait que l'objectif d'un retour à l'équilibre d'ici à 2020 était "accessible".

Ce comité de cinq membres, créé en 2014, doit évaluer chaque année, avant le 15 juillet, si le système s'éloigne de ses objectifs (montant des retraites et niveau de vie des retraités, équité entre assurés, pérennité financière du système).

S'il considère que c'est le cas, il peut formuler des recommandations.

Un système globalement dans les clous...

Au regard des divers indicateurs de suivi, le comité estime globalement "que la situation et les perspectives du système de retraites ne s'éloignent pas de façon significative des objectifs définis par la loi" réformant les retraites promulguée en janvier 2014. Par conséquent, comme l'an dernier, il ne formule pas de recommandations. Il juge en particulier que le taux de remplacement (rapport entre les derniers salaires et la pension) est "conforme" aux objectifs.

Le gouvernement s'est "félicité" lundi de ces conclusions, soulignant, dans un communiqué, l'absence de "mesure corrective pour l'année en cours".

Cependant, le comité tire quelques sonnettes d'alarme, notamment sur la trajectoire financière.

Il souligne que la révision à la baisse en 2015 des hypothèses économiques du gouvernement pour 2015-2018 conduisent désormais à prévoir un déficit de 2,9 milliards d'euros en 2018 pour les régimes obligatoires de base et le fonds de solidarité vieillesse (FSV, qui finance notamment les cotisations retraite des chômeurs).

"Le retour à l'équilibre financier en 2018 ne paraît pas possible, sauf mesures nouvelles", dit-il.

... Mais avec un risque de dérapage financier à court terme

Et "ce solde négatif pourrait augmenter entre 2018 et 2020", en raison notamment de l'arrêt des hausses de cotisations d'assurance vieillesse et de la fin progressive du relèvement de l'âge légal.

L'objectif de la loi de janvier 2014 de quasi-retour à l'équilibre d'ici à 2020 des régimes de base et du FSV "nécessiterait donc une amélioration de la conjoncture et/ou des mesures nouvelles".

Le comité presse les partenaires sociaux d'aboutir "avant la fin de l'année" à un accord sur les mesures de redressement nécessaires pour les régimes complémentaires Agirc (cadres) et Arrco (tous les salariés du privé). La négociation patine et reprendra à l'automne. Ses résultats "sont déterminants pour l'appréciation qui peut être portée sur la pérennité financière du système", écrit le comité.

A ce sujet, le gouvernement a indiqué qu'il souhaitait "voir les partenaires sociaux parvenir à un accord", sans préciser d'échéance.

Le comité estime par ailleurs que si le système français "apparaît d'un bon niveau dans les comparaisons internationales" et "permet aujourd'hui de répondre dans des conditions en moyenne satisfaisantes aux objectifs de niveau de vie relatifs des retraités", "une vigilance particulière doit cependant être accordée à l'évolution des pensions les plus modestes et au partage de l'effort entre générations".

(Avec AFP)