Retraites : les préconisations contestées de Delevoye

Par latribune.fr  |   |  672  mots
Jean-Paul Delevoye a remis au Premier ministre les détails de la mise en place du nouveau système qui doit unifier les 42 régimes existants. (Crédits : Benoit Tessier)
Le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a proposé que le futur "système universel" comprenne un "âge d'équilibre" assorti d'un système de décote/surcote, de 64 ans pour la génération née en 1963, dans son rapport rendu public jeudi.

Ce système par points, qui doit être mis en place en 2025 et remplacera les 42 régimes de retraite actuels, incitera "au prolongement de l'activité", soulignent les préconisations du rapport que M. Delevoye a remis en fin de matinée au Premier ministre Edouard Philippe.

Incitations à travailler plus longtemps

Les assurés "auront toujours la liberté de partir en retraite" à l'âge légal de 62 ans. Mais M. Delevoye préconise que "l'âge du taux plein" permettant une retraite complète "soit le même pour tous, contrairement à aujourd'hui où il est compris entre 62 et 67 ans en fonction de la durée travaillée", et qu'il évolue "comme l'espérance de vie". Ceux qui partiront avant cet âge-pivot, vivement contesté par plusieurs syndicats, verront ce rendement diminuer de 5% par année d'écart, quand ceux qui prolongeront leur activité au-delà bénéficieront d'un rendement majoré de 5% par an.

Parmi les autres préconisations, le rapport Delevoye propose de garantir dans le futur "système universel" un minimum de retraite égal à 85% du Smic net, contre 81% pour les salariés et 75% pour les agriculteurs actuellement. Il envisage que les pensions de réversion versées aux conjoints survivants, le plus souvent des femmes, leur assurent 70% du total des retraites perçues par le couple.

Il suggère en outre de majorer les droits à la retraite de 5% par enfant dès la première naissance, contre 10% actuellement pour les parents de trois enfants et plus, afin d'adapter les droits familiaux "aux évolutions de la société" et de favoriser les femmes, dont la pension moyenne est aujourd'hui "inférieure de 42%" à celle des hommes. Ces préconisations devraient servir de base à un projet de loi maintes fois repoussé et attendu en Conseil des ministres à l'automne, avant un examen au Parlement probablement après les municipales de mars.

> Lire aussi : Retraites : des écarts considérables entre les hommes et les femmes, presque du simple au double

Beaucoup d'interrogations pour le patronat et la CFDT

Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux, "il y a des interrogations sur les effets redistributifs entre les générations et entre les salariés mais clairement c'est une réforme qui va compenser une partie de carrières hachées ou irrégulières et donc globalement le Medef soutiendra les grands principes de cette réforme mais sera vigilant et attentif dans les concertations qui vont s'engager."

A la CFDT, Laurent Berger souligne que  "Ce rapport est un point d'étape, il y a encore des dizaines et des dizaines de questions à se poser (...) la CFDT se prononcera sur ce projet de loi lorsqu'il y aura un projet de loi (...) nous jugerons sur pièces à l'issue du processus." "Si nous notons positivement dans ce rapport un certain nombre d'avancées - je pense notamment au fait que ce soit un système plus redistributif qui privilégiera d'abord ceux qui ont des carrières hachées ou encore à l'extension des droits familiaux dès le premier enfant -, il y a aussi des mesures qu'il faudra continuer à pousser, comme la question de la pénibilité, l'extension aux agents du public."

De "l'enfumage" à la CGT

Du côté de la CGT, le secrétaire général Philippe Martinez a déclaré que  ce système, c'est d'abord beaucoup d'enfumage avec des titres pompeux - système universel des retraites - qui ne règle en rien un certain nombre de problèmes qui sont liés au manque d'emploi, à la précarité, etc."

"Qui va définir la valeur du point? M. Delevoye est très optimiste, il nous assure qu'il ne baissera jamais, mais quand on entend le discours ambiant où il faut réduire les dépenses publiques, on peut tout à fait imaginer que la valeur du point sera défini par le ministère de l'Economie et, quand on se fera tirer les oreilles par Bruxelles, c'est vers ce genre de choses qu'on fera des économies."

(avec AFP et Reuters)