Sarkozy veut supprimer l'aide médicale d'Etat

Par Fabien Piliu  |   |  645  mots
Si Nicolas Sarkozy est élu en 2017, les migrants, notamment, ne pourront plus bénéficier de l'aide médicale d'Etat
Le président du parti "Les Républicains" souhaite la suppression de ce dispositif prévu pour soigner les personnes en difficultés et dont le cout ne cesse de progresser au fil des ans.

Pour financer son contre-choc fiscal qu'il détaille dans "Les Echos" (édition datée du 4 février),  Nicolas Sarkozy avance des pistes d'économies. Outre le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux dans les collectivités territoriales, l'ancien chef de l'Etat a une autre solution simple : « supprimer l'aide médicale d'Etat (AME) dont le coût dérive depuis 2012 et choque nos compatriotes », déclare-t-il, sans citer toutefois la moindre enquête ou étude qui témoignerait du" ras le bol des citoyens". Quelles sont ses sources?

Un coût qui explose, forcément

En attendant de les connaitre, il faut admettre que Nicolas Sarkozy a raison sur un point. Le coût de l'AME explose. Et pour cause ! L'Europe, et la France - qui est la dernière étape avant le Royaume-Uni - ne sont-elles pas confrontées à des vagues répétées de migrants ?
En 2015, le coût de l'Aide médicale d'Etat s'est élevé à 780,1 millions d'euros, loin des 676,4 millions prévus par la loi de finances 2015. A titre de comparaison, elle s'élevait à 591,29 millions d'euros en 2009. Depuis cette date, ce coût ne cesse de progresser chaque année, sauf en 2012 et en...2016. Lors de l'examen du projet de loi de finances 2016, Claude Goasguen, le député parisien (LR) redoutait que le coût de l'AME dépasse le milliard d'euros cette année quand Marisol Touraine l'estime à 744,5 millions.

Une protection santé pour les plus démunis

Que recouvre exactement l'AME ? Qui peut en bénéficier ? Comme le précise la Sécurité sociale, l'AME est une protection santé qui s'adresse aux ressortissants étrangers en situation irrégulière et précaire, résidant en France métropolitaine ou dans les départements d'outre-mer, depuis plus de trois mois et dont les ressources ne dépassent pas un certain plafond, par exemple 720 euros par mois pour une personne. Cette aide se décompose  en un dispositif " de droit commun ", dont le coût prévu en 2016 s'élève à 700 millions d'euros, qui s'adresse aux personnes étrangères résidant sur le territoire depuis plus de trois mois, en situation irrégulière, c'est-à-dire en attente d'être reconduites à la frontière. Supérieur à 40 millions d'euros, le solde correspond à l'aide au titre des " soins urgents " qui prend en charge ceux qui n'ont pas l'AME mais qui mourraient s'ils n'étaient pas soignés.

La France n'aurait donc plus les moyens de venir en aide aux réfugiés, au point que la seule solution qui vaille est de supprimer l'AME ? On aurait pu s'attendre à ce qu'une proposition aussi radicale puisse être formulée par un franc-tireur LR, par quelqu'un qui veut se forger une image d'homme dur. On peut regretter que ce soit un ancien chef d'Etat qui propose une telle solution, très loin des valeurs de solidarité que la France symbolise à travers le monde. Ne doit-on  pas attendre de la part d'un ancien chef de l'Etat, dont il se dit qu'il rêverait de reconquérir l'Elysée, une certaine hauteur de vue sur les sujets graves ?
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy pense-t-il sérieusement que sa proposition permettra d'endiguer le flot des réfugiés ? Il est permis d'en douter. En revanche, une grave crise sanitaire serait à prévoir si sa solution était retenue et appliquée.

La proposition allemande est bien différente

De son côté, dans un entretien accordé samedi au quotidien Süddeutsche Zeitung, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances qui, les Grecs peuvent en témoigner, ne se distingue pas toujours par sa bienveillance envers les plus en difficultés, évoquait l'hypothèse d'une taxe européenne sur l'essence pour, en cas de besoin, faire face financièrement à la crise des réfugiés. Compte tenu du niveau actuel des cours du brut, l'idée paraît plus astucieuse. Et moins brutale.