Travailleurs de la 2e ligne : le gouvernement envisage une prime

Par AFP  |   |  535  mots
(Crédits : Reuters)
Le gouvernement envisage de demander à quinze branches professionnelles regroupant les salariés de la "deuxième ligne", particulièrement exposés lors de la crise sanitaire du Covid-19, de négocier les conditions de versement d'une prime exonérée de cotisations sociales sur le modèle de la "prime Macron", selon des sources gouvernementales.

Selon une information des Echos jeudi soir, le Premier ministre "Jean Castex va demander aux branches professionnelles concernées de définir par accord les conditions de versement d'une prime sans charges qui pourrait être versée à certains salariés", à l'occasion de la troisième conférence du dialogue social prévue lundi.

Interrogé par l'AFP vendredi, Matignon affirme que rien n'est "acté". Du côté du ministère du Travail on convient que cela fait partie des pistes de réflexion, mais qu'il "appartient au Premier ministre de décider".

Les partenaires sociaux ont échangé vendredi matin avec le cabinet de la ministre du Travail au sujet de ces travailleurs dont le rôle s'est avéré crucial pour la continuité économique (travailleurs du bâtiment, aides à domicile, vendeurs, gardiens...).

Selon le président de la CFTC, Cyril Chabanier, "le principe de la prime est acté", mais les modalités exactes restent à définir.

Les partenaires sociaux se sont vu présenter un rapport de Sophie Moreau-Follenfant, dirigeante du gestionnaire du réseau à haute tension RTE, et Christine Erhel, économiste (Cnam), dans le cadre d'une mission que leur a confiée en novembre la ministre du Travail, Elisabeth Borne.

- Un séminaire "début mai" -

Le rapport doit servir de base pour l'ouverture dans les branches de négociations devant aboutir à une amélioration de la rémunération, de la formation ou de la promotion sociale de ces travailleurs.

Les auteurs ont croisé deux critères, l'exposition au risque Covid-19 et la présence sur site pendant le premier confinement, qui ont permis d'établir une liste de 17 métiers.

Quinze branches, qui "comprennent au moins 50% de ces métiers et pour lesquels l'effectif de salariés dits de deuxième ligne est supérieur à 30.000", ont été identifiées, a détaillé Mme Moreau-Follenfant.

Elles totalisent un peu plus de trois millions de salariés de deuxième ligne, les plus gros effectifs se trouvant dans le bâtiment, les transports routiers, le commerce de détail et de gros à prédominance alimentaire, les entreprises de propreté.

Les représentants de ces quinze branches seront conviés à un séminaire a priori "début mai", pour déterminer les sujets pouvant faire l'objet d'accords ou de concertations.

Fin janvier, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, s'était agacé d'un processus traînant en longueur. "On veut des solutions concrètes", avait-il tonné.

Matignon semble l'avoir entendu: "ce panel de sujets qui est en cours d'examen ce matin (...) ce sont des évolutions qui demandent du temps, des négociations (...). Il y a une forte demande aussi de réfléchir (...) à une valorisation à court terme et là plusieurs pistes sont sur la table", a-t-on expliqué.

Interrogée par l'AFP, la numéro 2 de la CFDT, Marylise Léon, a salué l'idée d'une prime, car "la question est bien de trouver des réponses immédiates". Mais "ce n'est surtout pas un solde de tout compte", a-t-elle souligné.

Selon elle, le Medef s'est montré très hostile à cette éventualité.

La CGT a affirmé avoir "insisté sur le besoin d'augmentation immédiate des salaires et pas d'une nouvelle prime".