Valls répond à Sarkozy sur le terrorisme et fustige les frondeurs

Par latribune.fr  |   |  660  mots
Invité du Grand rendez-vous d'Europe 1 ce dimanche matin, Manuel Valls a défendu le bilan du quinquennat, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

Dans le cadre de l'émission hebdomadaire d'Europe 1, Manuels Valls s'est exprimé ce matin sur le terrorisme en répondant vertement aux propositions exprimées par Nicolas Sarkozy dans son interview de ce jour au Journal du Dimanche, mais aussi sur la prochaine élection présidentielle et sur l'avenir de l'usine Alstom de Belfort.

10 000 places de prison en 10 ans

"Tous les jours, les services de renseignement, la police, la gendarmerie, déjouent des attentats, traquent des terroristes", a affirmé le Premier ministre, rappelant l'arrestation de trois femmes jeudi soir à Boussy-Saint-Antoine, toujours en garde à vue ce dimanche, tandis que leur complice Ornella G., interpellée dans le sud de la France, a été mise en examen et écrouée. "Nous sommes une cible, chacun l'a compris, a martelé le Premier ministre. Cette semaine, au moins deux attentats ont été déjoués", précisant que 15 000 personnes en voie de radicalisation étaient surveillées par la police et les services de renseignements.

"Il y aura de nouveaux attentats, a-t-il poursuivi. Il y aura des victimes innocentes. À chaque fois que je prononce ces mots, parce que c'est aussi mon rôle, j'en mesure l'importance et la gravité".

En lien direct avec ce sujet, la principale annonce de cette intervention porte sur la nécessité de créer "10.000 places de prison dans les dix ans qui viennent". Une décision justifiée par le besoin de cellules individuelles et d'"unités dédiées" pour les détenus radicalisés. "Il a d'ailleurs promis que le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas ferait des annonces sur ce sujet dans les prochains jours.

Les erreurs de Nicolas Sarkozy

En réponse aux déclarations de Nicolas Sarkozy dans une interview au JDD ce dimanche, notamment sur la rétention administrative systématique pour les "individus dangereux soupçonnés de liens avec le terrorisme", au nom du principe de précaution Manuel "Il se trompe", a-t-il rétorqué.

Et le Premier ministre d'énumérer :

"Nicolas Sarkozy s'est trompé en 2012 sur la lecture de la menace terroriste, quand il avait évoqué les crimes de Merah comme ceux d'un loup solitaire. Il s'est trompé, comme président de la République, sur l'étendue de la menace puisqu'il a affaibli notre sécurité et notre défense en faisant baisser les investissements et les moyens en hommes et en femmes dans nos forces de sécurité intérieures et extérieures", a énuméré le Premier ministre.

"Il se trompe sur la méthode en essayant de tordre le cou à l'état de droit face à la menace", a-t-il ajouté.

Le président sortant, candidat naturel

Toujours sur le plan de la politique intérieure, et plus précisément à propos de la prochaine élection présidentielle, il n'a pas directement répondu à une question portant sur sa participation à la prochaine élection présidentielle au cas où François Hollande ne se présenterait pas:

"Je ne travaille pas sur des suppositions, des supputations ou des si". "Moi, je suis premier ministre, je ne suis pas supplément, je ne suis pas recours, je suis Premier ministre jusqu'au bout parce que je dois agir pour protéger les Français."

"François Hollande a donné rendez-vous aux Français au mois de décembre, c'est à lui de prendre cette décision", a-t-il précisé, ajoutant qu'il avait "toujours considéré que le président sortant devait être candidat."

A propos des frondeurs de l'aile gauche du Parti socialiste, qui, réunis ce week-end à La Rochelle, ont réaffirmé leur opposition à une seconde candidature de Hollande, le Premier ministre a dénoncé  un processus "irresponsable", des "chicaneries", de "petites manoeuvres", de "petites ambitions".


Il a mis en garde cette "gauche divisée, fracturée, dont le seul objectif est de savoir comment empêcher François Hollande d'être candidat ou de le battre à la primaire". "Face à l'extrême droite, on ne participe pas à la division", a-t-il dit.