Vincent Lambert : l'arrêt des soins a commencé, malgré l'opposition de ses parents

Par Reuters  |   |  425  mots
Viviane Lambert s'est toujours refusée à l'arrêt des soins prodigués à son fils, Vincent. (Crédits : Reuters)
L'arrêt des soins de Vincent Lambert à l'hôpital de Reims a commencé ce lundi 20 mai. Au titre de la non-obstination déraisonnable, la loi Claeys-Leonetti prévoit un arrêt de tout traitement de maintien artificiel en vie, mais aussi de tout traitement de survie comme la nutrition et l’hydratation artificielles. Parallèlement, des sédatifs devaient lui être administrés. Les parents, opposés à cette décision, disent avoir de nouveau saisi la CEDH.

L'hôpital de Reims a interrompu ce lundi 20 mai, comme il l'avait annoncé, les soins qui étaient dispensés à Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans, a-t-on appris auprès de Me Laurent Pettiti, l'avocat de son épouse. L'alimentation et l'hydratation artificielle dont bénéficiait l'ancien infirmier psychiatrique, devenu un symbole du débat sur la fin de vie, devaient être arrêtées et, parallèlement, des sédatifs devaient lui être administrés.

Ce processus, qui intervient après des années de bataille judiciaire, pourrait conduire à la mort de Vincent Lambert d'ici quelques jours.

Dix ans de batailles judiciaires

Le sort cet homme de 42 ans, victime en 2008 d'un accident de la route, déchire la famille entre ses parents notamment, proches des milieux catholiques traditionalistes, qui refusent l'arrêt des soins, et, de l'autre côté, son épouse, cinq de ses frères et sœurs et un neveu qui veulent qu'on le laisse mourir, conformément à ce qu'étaient, selon eux, ses valeurs.

Les parents, qui dénoncent une euthanasie déguisée, ont participé dimanche à une manifestation devant l'établissement où est hospitalisé leur fils.

Le Conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme les ont déboutés à deux reprises en considérant que la poursuite des soins relevait d'une "obstination déraisonnable", au sens de la loi sur la fin de vie de 2005, dite loi Leonetti. Les deux cours ont également estimé que la procédure légale, qui exige une décision collégiale du corps médical, avait été respectée.

L'affaire Lambert devient un enjeu politique à quelques jours des Européennes

A l'origine familial et judiciaire, le débat a également pris un tour politique. Les têtes de liste des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, respectivement François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella, ont pris publiquement le parti des parents.

« Je suis par principe attaché à la dignité humaine et je vais vous donner ma conviction personnelle : cette décision de justice, elle me choque », a déclaré ce dernier lundi, sur RTL, appelant Emmanuel Macron à se prononcer sur le sujet.

A l'inverse, Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, a jugé sur CNEWS qu'il fallait "faire confiance" aux médecins et à la justice.

L'ex-député LR Jean Leonetti a déclaré dimanche que l'arrêt des soins s'inscrivait bien dans le cadre de la loi dont il est l'artisan.