Violences du 1er mai à Paris : Gérard Collomb rejette la polémique

Par latribune.fr  |   |  1224  mots
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La manifestation parisienne du 1er Mai était perturbée par de nombreux militants d'extrême gauche, qui ont causé des dégradations et affronté les forces de l'ordre, incitant la préfecture de police à demander aux syndicats de changer d'itinéraire.

Le défilé syndical du 1er Mai, perturbé par de violents heurts, a rassemblé 55.000 personnes à Paris, selon les chiffres communiqués par la CGT mardi, contre 80.000 l'année dernière. La police a compté 20.000 personnes et 14.500 autres hors cortège syndical, dont 1.200 membres de mouvance radicale des "blacks blocs". L'an dernier, elle avait recensé 30.000 manifestants, sans faire de distinction.

Partie vers 15h, la manifestation a très rapidement changé de tournure, bloquée par la présence de quelque "1.200 black blocs" recensés par la préfecture de police, sur les 14.500 personnes venues hors cortège syndical.

Face aux affrontements et dégradations, les forces de l'ordre ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes et deux lanceurs d'eau. De nombreuses dégradations ont été commises sur le trajet, dont un restaurant McDonald's saccagé et plusieurs véhicules brûlés.

"Premiers de cordée, premiers guillotinés"

Rassemblés autour de banderoles comme "Premiers de cordée, premiers guillotinés", les militants encagoulés criaient "Tout le monde déteste la police" ou encore, "Paris, debout, soulève-toi".

Face à l'impossibilité pour la manifestation syndicale de se dérouler comme prévu, beaucoup devant reculer face aux gaz lacrymogène, le préfet de police de Paris a "invité" les organisateurs - CGT, Solidaires, la FSU et des fédérations franciliennes de FO - à modifier l'itinéraire, ce qu'ils ont fait. Les premiers ont finalement atteint sans incident la place d'Italie peu avant 18h.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a condamné "avec fermeté" ces "violences et dégradations", affirmant sur Twitter que "tout est mis en oeuvre pour faire cesser ces graves troubles à l'ordre public".

Philippe Martinez réclame des explications

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a critiqué mardi la gestion par les autorités des débordements ayant perturbé la manifestation parisienne du 1er Mai, tout en "condamnant" les violences.

"J'ai vécu des choses scandaleuses, le fait d'être bloqué sur ce pont" d'Austerlitz par lequel le cortège devait initialement passer, a déclaré M. Martinez, relevant avoir encore "les yeux qui piquent" à cause des gaz lacrymogènes.

Le carré de tête de la manifestation dans lequel se trouvaient les responsables syndicaux s'est trouvé arrêté sur le pont d'Austerlitz peu après le départ de la manifestation, à cause de heurts ayant éclaté devant la tête du cortège.

"Quand un cortège ne peut plus avancer, il recule, sauf qu'à l'autre bout du pont, par où il fallait reculer, il y avait plusieurs rangées de CRS, des camions qui nous empêchaient de reculer", s'est insurgé Philippe Martinez.

"J'ai eu moi-même l'occasion de discuter avec la capitaine en lui disant que ce n'était pas sérieux (...) de laisser passer presque un par un les manifestants", a-t-il expliqué. "En cas de mouvement de foule, il aurait pu se passer des choses dramatiques", a déclaré M. Martinez.

La manifestation a finalement rebroussé chemin pour emprunter un autre itinéraire que celui initialement prévu.

"Evidemment, on condamne ces violences, mais ça fait deux ans que ça dure", a fustigé le leader syndical, regrettant que les incidents "en marge du cortège (...) éludent les vrais problèmes".

Réagissant à la conférence de presse du préfet de police de Paris Michel Delpuech, M. Martinez s'est montré peu convaincu: "il avait tout prévu, et voilà ce qu'il s'est passé", a-t-il raillé.

"Ce monsieur, comme le ministre (de l'Intérieur) doit donner d'autres explications", a-t-il réclamé. C'est à eux "de prendre les mesures pour que de telles choses ne se passent pas, ce n'est pas de la responsabilité des organisations" syndicales, a déclaré Philippe Martinez.

Des divisions syndicales effectives

Côté syndical, la banderole de tête annonçait "Un premier mai revendicatif, combatif; contre la remise en cause des acquis sociaux, la sélection à l'université; pour le progrès social, la paix, la solidarité internationale".

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a regretté que FO et la CFDT aient boudé l'appel de sa confédération.

"J'en suis désolé, je ne comprends pas, alors qu'il y a beaucoup de luttes unitaires dans tout le pays, qu'au niveau des confédérations on n'arrive pas à mettre de côté nos différences pour travailler ce qui nous rassemble", a-t-il dit. Bernadette Groison (FSU) a regretté elle aussi cette "tradition française" de division syndicale.

Dans les grandes villes, notamment Lyon, Grenoble ou Toulouse, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient défilé, souvent dans la matinée, dans une ambiance bon enfant, à l'appel de la CGT, rejointe par Solidaires et la FSU et parfois par La France Insoumise, le NPA, le PCF ou Lutte ouvrière, ainsi que par les organisations étudiantes et lycéennes Unef et UNL. Les cheminots participaient en nombre aux cortèges.

En voyage à Sydney, en Australie, le président de la République a été interrogé sur son déplacement en pleines manifestations du 1er Mai.

"Je ne suis pas d'un tempérament à esquiver quoi que ce soit", a-t-il répondu. "Vous voulez que je reste chez moi à regarder la télévision ?".

283 personnes interpellées

Les forces de l'ordre ont interpellé 283 personnes en marge de la manifestation du 1er-Mai à Paris, qui a été émaillée de violences et de dégradations, et 109 étaient mardi en garde à vue. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait fait état de 209 gardes à vue sur France 2, mais la préfecture de police de Paris a précisé par la suite que 109 personnes étaient en garde à vue.

Le ministre a rejeté la polémique naissante sur la réaction des forces de sécurité et l'étendue des dégâts, soulignant que les quelque 1.200 militants "Black blocs" à l'origine des incidents s'étaient mêlés aux manifestants et que charger aurait provoqué des blessés.

"On est en train de regarder l'identité d'un certain nombre de gens, ils seront recherchés et traduits en justice", a-t-il dit.

Il a ajouté que la préfecture de police s'attendait à la venue de "500 à 600" militants radicaux et que le double avait convergé à Paris.

"Il y a un mouvement qui est puissant", "nous allons nous adapter", a déclaré Gérard Collomb, précisant que les effectifs des forces de l'ordre seraient renforcés pour les prochaines manifestations.

(avec agences)