Après les Etats-Unis, Vladimir Poutine se dit prêt à faire usage d'armes à sous-munitions en Ukraine

Par latribune.fr  |   |  679  mots
« Ils n'ont rien à proposer de mieux que d'utiliser des armes à sous-munitions », a déclaré M. Poutine. (Crédits : KREMLIN.RU)
Il y a huit jours, les États-Unis avaient annoncé la fourniture à l'Ukraine de bombes à sous-munitions pour l'aider dans sa contre-offensive face aux forces d'occupation russes. Interdites par plus de 120 pays, ces armes peuvent tuer sur une vaste zone et celles qui n'explosent pas constituent un danger pendant des décennies pour les populations. Plusieurs pays se sont opposés à leur usage en Ukraine.

L'escalade verbale n'en finit pas de déboucher sur un regain d'attaques sur le terrain. Après l'annonce des Etats-Unis il y a huit jours, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que son armée disposait, elle aussi, d'une « bonne réserve » d'armes à sous-munitions, en menaçant de l'employer sur le front en Ukraine si Kiev utilisait ce type d'armement livré par les Etats-Unis.

Washington a annoncé la livraison prochaine à l'armée ukrainienne de ces armes à l'usage très controversé, car les charges qu'elles dispersent peuvent faire beaucoup de victimes civiles collatérales.

Les armes à sous-munitions libèrent en effet un grand nombre de petites bombes qui peuvent tuer sans discrimination sur une vaste zone. Celles qui n'explosent pas constituent un danger pendant des décennies.

« En Russie, il y a une bonne réserve d'armes à sous-munitions, de différents types », a riposté M. Poutine, dans une interview à la chaîne de télévision publique "Rossia-1", diffusée dimanche.

Escalade dans le conflit

« Jusqu'à présent, nous les avons pas employées, nous n'en avions pas la nécessité, même si nous avons eu une pénurie de munitions bien connue, à un certain moment », a poursuivi M. Poutine.

« Mais si elles sont utilisées contre nous, nous nous réservons le droit à des mesures de représailles », a ajouté le président russe.

Mardi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, avait déjà affirmé que « si les Etats-Unis fournissent des armes à sous-munitions à l'Ukraine, les forces armées russes seront contraintes d'utiliser des moyens de destruction similaires ».

Selon M. Poutine, les Etats-Unis ont annoncé livrer ces armes car ils ont une « pénurie de munitions » à proposer à Kiev.

« L'armée ukrainienne utilise par jour de combat jusqu'à 5.000 ou 6.000 obus de 155mm. Or les Etats-Unis en produisent 15.000 par mois, ils n'en ont pas assez, et l'Europe n'en a pas assez non plus. Ils n'ont rien à proposer de mieux que d'utiliser des armes à sous-munitions », a assuré M. Poutine.

La Russie accusée par l'Ukraine d'en faire déjà usage

Les soldats ukrainiens accusent déjà depuis le début du conflit l'armée russe d'utiliser ces munitions controversées.

« La Russie utilise constamment des armes à sous-munitions sur notre territoire. Ils se battent exclusivement sur notre sol. Ils tuent notre peuple », avait déclaré Volodymir Zelensky. « L'aide que nous pouvons obtenir des États-Unis concernant les armes à sous-munitions est uniquement destinée à des cibles militaires, en particulier dans les territoires temporairement occupés de l'Ukraine.»

« Ces armes sont absolument contrôlables et ne seront utilisées nulle part ailleurs. Il faut que justice soit faite », a-t-il ajouté.

« Nous reconnaissons que les armes à sous-munitions créent un risque de dommages civils dus à des munitions non explosées », avait déclaré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden à la presse. « Mais il existe également un risque massif de dommages civils si les troupes et les chars russes roulent sur les positions ukrainiennes, prennent davantage de territoire ukrainien et soumettent davantage de civils ukrainiens parce que l'Ukraine n'a pas assez d'artillerie », avait-il reconnu.

Ces armes sont interdites dans plus de 120 pays, notamment européens, signataires de la Convention d'Oslo de 2008, dont ni les Etats-Unis ni l'Ukraine, ni la Russie ne sont parties prenantes.

Les pays qui se sont officiellement positionnés contre ces armes en Ukraine

L'Espagne, signataire de la convention, a déclaré qu'elle s'opposait à la décision américaine.

La Grande-Bretagne est également signataire de la convention qui interdit la production ou l'utilisation d'armes à sous-munitions et décourage leur utilisation, a déclaré le Premier ministre Rishi Sunak.

Le Canada a redit son opposition à ce type d'armes. « Nous ne soutenons pas l'usage d'armes à sous-munitions et nous efforçons de mettre un terme aux effets que ces armes (...) ont sur les civils, en particulier les enfants », a déclaré le gouvernement canadien dans un communiqué.

Enfin, l'ONG Human Rights Watch a appelé la Russie et l'Ukraine à cesser d'utiliser des armes à sous-munitions et a exhorté les Etats-Unis à ne pas en fournir.

(Avec AFP et Reuters)