Boris Johnson veut précipiter un accord commercial avec les USA

Par Benjamin Fox, Euractiv  |   |  529  mots
Boris Johnson. (Crédits : Dylan Martinez)
Le ministre britannique du Commerce international, Liam Fox, reproche au futur Premier ministre Boris Johnson de vouloir approuver à la hâte un accord commercial avec Donald Trump, ce qui enfreindrait le droit européen. Un article de notre partenaire Euractiv.

« Nous ne pouvons rien négocier avec les États-Unis tant que nous n'avons pas quitté l'UE », a déclaré Liam Fox sur la BBC le 16 juillet. « En faisant cela, nous enfreindrions le droit européen. » Le Royaume-Uni n'a en effet pas le droit de conclure des négociations sur les nouveaux accords commerciaux tant qu'il est encore membre de l'UE. Boris Johnson, qui sortira très certainement victorieux de la course à la présidence du parti conservateur le 23 juillet prochain et remplacera donc Theresa May, a laissé entendre que le Royaume-Uni annoncerait la première partie d'un accord commercial avec les États-Unis une fois le Brexit officialisé après le 31 octobre. Le candidat favori a mis la priorité sur les relations politiques et commerciales avec l'administration Trump après le Brexit.

Boris Johnson a toutefois fait l'objet de critiques après n'avoir pas su défendre Kim Darroch, ambassadeur britannique aux États-Unis, forcé à la démission après la réponse colérique de Donald Trump concernant les mémos dans lesquels le diplomate décrivait l'administration américaine d'incompétente et dysfonctionnelle. Il a également soutenu que tout accord commercial avec les États-Unis devrait maintenir les normes agricoles britanniques, une position similaire à celle de l'UE.

Les normes alimentaires comme point de divergence

« Je ne veux pas conclure un accord avec les États-Unis qui pourrait mettre en péril nos normes de bien-être animal ou nos normes d'hygiène alimentaire. La qualité alimentaire dans ce pays doit être protégée et nous devons insister sur le fait que si les Américains veulent commercer avec nous, ils devront obéir à nos standards », a-t-il martelé lors d'un événement de campagne, la semaine dernière.

Les normes alimentaires représentent un point très controversée qui a mené à l'échec des discussions entre l'UE et Washington sur un accord commercial. Boris Johnson a promis de renégocier des parties de l'accord de retrait du Royaume-Uni avec l'UE, en se concentrant notamment sur le filet de sécurité irlandais. Reste pour lui l'option de quitter le bloc sans accord après le 31 octobre si les négociateurs européens, dirigés par Michel Barnier, refusent de céder.

Liam Fox a aussi prévenu que la situation du cycle politique américain - avec des élections de mi-mandat au Congrès et les élections de gouverneurs - n'était pas propice à un accord entre les deux pays. « Nous approchons très près de l'année pré-électorale aux États-Unis pendant laquelle il sera très difficile d'obtenir quelque chose du Congrès. Donc même si un accord est rapidement négocié, il sera difficile de le faire ratifier », a-t-il expliqué. Boris Johnson, ou son rival à la succession de Theresa May, Jeremy Hunt, risque de se retrouver dans une course contre la montre pour reproduire les accords commerciaux de l'UE avec des pays tiers avant la fin du mois d'octobre pour éviter toute perturbation du commerce.

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Par Benjamin Fox, Euractiv.fr (traduit par Marion Candau)

(Article publié le mercredi 17 juillet 2019 à 09:55

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