Bruxelles veut contrer les investissements étrangers (chinois surtout) en Europe

Par latribune.fr  |   |  618  mots
La Commission européenne fera à l'automne des propositions au sujet des investissements étrangers en Europe, alors que l'inquiétude grandit au sujet des acquisitions chinoises, a annoncé samedi la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager.

La Commission européenne fera à l'automne des propositions au sujet des investissements étrangers en Europe, alors que l'inquiétude grandit au sujet des acquisitions chinoises, a annoncé samedi la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager.

"Ces derniers mois, nous avons entendu des inquiétudes au sujet d'investisseurs étrangers -des sociétés souvent détenues par des Etats- prenant le contrôle d'entreprises européennes détenant des technologies clés", a affirmé Mme Vestager lors du forum The European House - Ambrosetti, sorte de mini-Davos à l'italienne qui se tient jusqu'à dimanche à Cernobbio, sur le lac de Côme.

"Cette question n'est pas simple. Elle requiert un examen attentif afin de décider comment nous devons agir. Nous sommes en train de travailler sur cette question en ce moment et nous prévoyons de mettre en avant des propositions concrètes cet automne", a-t-elle expliqué.

"Parce que les entreprises européennes ont ce qu'il faut pour réussir, notre travail est de mettre en oeuvre les bonnes conditions afin qu'elles puissent donner le maximum de ce potentiel", a encore souligné la commissaire.

Renforcement des règles

L'Italie, la France et l'Allemagne ont demandé récemment à Bruxelles de définir une ligne commune au sujet des investissements venant de pays extérieurs à l'UE. Le 22 août, deux quotidiens italiens, Il Sole 24 Ore et La Stampa révélaient que ces trois pays avaient envoyé une lettre à la Commission le 28 juillet lui demandant de renforcer les règles autorisant les pays de l'Union européenne (UE) à bloquer l'achat d'entreprises européennes par des sociétés étrangères. Celle lettre faisait suite à un autre courrier adressé en février dans lequel Paris, Berlin et Rome voulaient que l'UE limite les investissements étrangers dans les entreprises détenant des technologies de pointe en les soumettant notamment à des règles de réciprocité.

Ce document de 10 pages stipulait que les prérogatives européennes seraient renforcées pour toute entreprise ciblée considérée comme stratégique et dans le cas d'OPA financées par des fonds ou organismes publics.

"Mieux protéger les entreprises", dit Le Maire

Lors du forum italien, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a ainsi souligné "la nécessité pour l'Europe de mieux protéger ses entreprises".

"Avec l'Italie et l'Allemagne, nous avons fait des propositions pour établir un cadre européen de contrôle des investissements étrangers dans nos secteurs stratégiques", a-t-il dit.

"Nous devons exiger la réciprocité dans les relations commerciales et dans l'accès au marché public. La concurrence doit être loyale et équitable", a martelé Bruno Le Maire.

Le gouvernement allemand a adopté de son côté le 12 juillet un décret renforçant les règles sur les investissements étrangers dans ses entreprises jugées stratégiques. Les pays visés ne sont pas cités mais la Chine en fait clairement partie.

En 2016, l'Allemagne et l'UE n'avaient pu que constater, impuissantes, le transfert de technologies "made in Germany" lors la reprise du fabricant allemand de machines-outils Kuka par le géant chinois de l'électroménager Midea.

Concurrence équitable

"Pour donner aux entreprises européennes une vraie chance de réussir, nous avons besoin d'une concurrence juste, pas seulement en Europe mais à travers le monde", a jugé Mme Vestager.

"Ces derniers mois, les dirigeants du G7 et du G20 ont clairement affirmé que nous devions nous attaquer au problème des subventions qui minent la concurrence", a-t-elle dit, en soulignant que le commerce international devait être "non seulement libre, mais aussi juste".

"Notre règle sur les aides d'Etat peut être un modèle pour une meilleure approche internationale concernant les subventions", a-t-elle estimé.