Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté mardi l'annulation du résultat de l'élection municipale à Istanbul, remportée par l'opposition, comme une victoire de la démocratie face à la "corruption organisée".
Soumis depuis des semaines à une intense pression du pouvoir turc, le Conseil électoral supérieur a ordonné lundi la tenue d'un nouveau scrutin dans la première ville du pays en invoquant des irrégularités lors de celui du 31 mars.
Le camouflet qu'Erdogan n'a pas laissé passer
Le Parti républicain du peuple (opposition laïque) l'avait emporté d'une courte tête à Istanbul, infligeant un camouflet à Erdogan, qui en a été le maire dans les années 1990.
"Nous sommes convaincus que les élections municipales à Istanbul ont été marquées par la corruption organisée et une totale illégalité", a réagi mardi le président turc.
"Nous voyons (l'annulation du scrutin) comme une étape importante du renforcement de notre démocratie", a-t-il ajouté devant les parlementaires de son Parti de la justice et du développement (AKP).
Le CHP, qui a dénoncé à l'inverse une "dictature flagrante", a décidé mardi de ne pas boycotter le nouveau vote prévu le 23 juin, selon la chaîne NTV.
L'opposition pourrait s'unir derrière Imamoglu
Plusieurs candidats d'opposition ont par ailleurs indiqué qu'ils pourraient se retirer au profit de celui du CHP, Ekrem Imamoglu, face à l'ancien Premier ministre de l'AKP Binali Yildirim.
En mars, Imamoglu l'avait emporté avec 13.000 voix d'avance, dans une ville comptant 10 millions d'électeurs, selon les chiffres fournis par la commission électorale après un recomptage partiel des bulletins.
[A Istanbul, publicité électorale pour Binali Yildirim, le candidat de l'AKP, le parti du président en exercice Erdogan (à droite sur la photo). Binali Yildirim est l'actuel président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, après avoir été Premier ministre d'Erdogan (de mai 2016 à juillet 2018). Crédit photo: Murad Sezer / Reuters]