En dépit des appels à des pauses humanitaires, Israël poursuit des bombardement intensifs sur la bande de Gaza

Par latribune.fr  |   |  948  mots
Les dégâts occasionnés par les frappes israéliennes (Crédits : STRINGER)
Israël rejette les appels à un répit pour les populations civiles de Gaza et intensifie ses bombardements sur cette enclave palestinienne alors que ses plus proches alliés occidentaux se sont ralliés à l'idée de pauses humanitaires, c'est-à-dire d'arrêts temporaires des bombardements. D'autres pays comme la France, demande une trêve humanitaire.

Article réactualisé avec la déclaration du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell

A la barbarie du Hamas, succède la férocité du gouvernement israélien vis-à-vis de la population civile de Gaza. Le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas a déclaré que 7.326 Palestiniens, la plupart des civils, avaient péri dans une campagne de bombardements menée depuis trois semaines par Israël dans cette enclave laminée. Une campagne de bombardements sans précédent rasant des immeubles entiers d'habitations à Gaza en représailles des massacres perpétrés par le mouvement terroriste islamique (plus de 1.400 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes).

L'Assemblée générale des Nations unies a appelé vendredi à une trêve humanitaire immédiate entre Israël et le Hamas et a demandé à ce que l'aide puisse être acheminée dans la bande de Gaza. Une résolution non contraignante présentée par les États arabes a été adoptée avec 120 voix pour, 45 abstentions et 14 voix contre, Israël et les Etats-Unis ayant notamment voté contre le texte. Pour sa part, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a réclamé une « pause des hostilités » afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, frappée par d'intenses bombardements israéliens.

« Gaza est totalement privée d'électricité et complètement isolée alors que d'intenses bombardements continuent », a souligné Josep Borrell sur les réseaux sociaux. « Beaucoup trop de civils, notamment des enfants, ont été tués. C'est contraire au droit humanitaire international », écrit-il, ajoutant : « Une pause des hostilités est urgemment requise pour permettre un accès humanitaire ».

Israël opposé à toute pause humanitaire

Comme il était à prévoir, Israël a rejeté les appels à un juste répit pour la population civile de Gaza. « Israël est opposé à une pause humanitaire ou à un cessez-le-feu à ce stade », a déclaré vendredi le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Lior Haiat tandis qu'un haut fonctionnaire israélien a déclaré que les appels à une pause dans les combats semblaient de « mauvaise foi ». Malgré la résolution de l'ONU, des bombardements israéliens intensifs se sont poursuivis toute la nuit et se poursuivaient samedi matin en provenance d'avions de la chasse israélienne, de l'artillerie et de la mer, selon des journalistes de l'AFP positionnés dans le secteur.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a annoncé plus tôt dans la soirée que les forces aériennes et terrestres israéliennes sont en train d'étendre leurs opérations dans la bande de Gaza. L'armée israélienne a annoncé samedi avoir « frappé 150 cibles souterraines » dans le nord de la bande de Gaza au cours d'une nuit de bombardements. En outre, les communications et l'internet sont coupés depuis vendredi. Le Croissant Rouge palestinien et plusieurs agences de l'ONU ont dit avoir perdu contact avec leurs équipes à Gaza. L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a averti samedi que cette coupure risquait de « servir de couverture à des atrocités de masse ». Aucun bilan n'a été communiqué mais des sources médicales dans le territoire palestinien ont dit à un journaliste de l'AFP craindre un grand nombre de victimes et des dégâts important à la suite de ces bombardements.

Selon Israël, toute pause dans les combats profite au Hamas qui, selon lui, détourne l'aide humanitaire au profit de ses combattants. « Un cessez-le-feu, cela signifie donner le temps au Hamas de se réarmer afin qu'il puisse nous massacrer de nouveau », a déclaré jeudi l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Gilad Erdan. Un responsable du Hamas a dit plus tôt vendredi que le groupe était prêt à libérer des otages civils israéliens à la condition qu'un accord de cessez-le-feu soit trouvé. Les familles des otages, en majorité israéliens, retenus par le Hamas dans la bande de Gaza ont exprimé samedi leur « inquiétude » et exigé du gouvernement des explications après les bombardements intenses de l'armée contre le territoire palestinien.

L'Occident hésitant

Les grandes puissances ont appelé cette semaine Israël à autoriser des pauses afin d'acheminer de l'aide dans la bande de Gaza et de libérer les otages retenus dans l'enclave par le Hamas. La question a mis au jour des divisions entre Israël et ses soutiens, notamment les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni ou d'autres pays membres du G7 comme le Japon. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a ainsi invoqué vendredi « un doute légitime » sur le respect par Israël du droit international dans sa riposte, déplorant les images « inacceptables » de la souffrance des enfants à Gaza.

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a notamment appelé vendredi à une « trêve humanitaire » entre Israël et le Hamas pour protéger la population civile de Gaza, estimant que la riposte israélienne devait « mieux cibler » les « terroristes », dans une position un cran au-dessus du laborieux compromis élaboré par l'Union européenne. « Une trêve humanitaire est aujourd'hui utile », pour éviter que « des gens soient des victimes totalement injustifiées de cette lutte légitime contre le terrorisme », négocier la libération des otages, et « régler le problème des hôpitaux qui est très compliqué », a affirmé Emmanuel Macron. Et de marteler que « le blocus complet, le bombardement indifférencié et plus encore la perspective d'une opération massive terrestre ne sont pas de nature à protéger comme il se doit les populations civiles », a-t-il martelé .