Face à la menace russe, les trois pays baltes vont construire des systèmes de défense à leur frontière

Par latribune.fr  |   |  702  mots
Les pays baltes ont convenu ce vendredi d'équiper leur frontière avec la Russie et le Bélarus d'« installations de défense ». (Crédits : JANIS LAIZANS)
L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont signé un accord ce vendredi afin « de dissuader et, si nécessaire, de se défendre contre les menaces militaires ». Des dispositions prises en pleine guerre en Ukraine, alors que la Russie exerce une pression accrue sur le front depuis plusieurs semaines.

Les pays baltes renforcent leur défense face à la machine de guerre russe. Ils ont convenu ce vendredi d'équiper leur frontière commune avec la Russie et le Bélarus d'« installations de défense » pour parer à d'éventuelles menaces militaires, dans le contexte de l'invasion russe en Ukraine, a annoncé le ministère estonien de la Défense.

Les ministres baltes de la Défense ont dès lors signé un accord, en vertu duquel « l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie construiront des installations défensives anti-mobilité dans les années à venir afin de dissuader et, si nécessaire, de se défendre contre les menaces militaires », selon un communiqué.

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Inquiétude des pays baltes

Fortes d'avoir résisté aux multiples assauts ukrainiens, les autorités russes se montrent ces dernières semaines plus optimistes, au moment où l'économie nationale est désormais largement orientée vers la production d'armements et de munitions destinés à soutenir l'offensive. Jeudi, la Russie revendiquait la prise d'une petite localité dans l'Est de l'Ukraine, illustrant la pression accrue exercée par les forces de Moscou sur le front depuis plusieurs semaines. Les pays baltes se montrent dès lors de plus en plus inquiets.

Si l'Ukraine n'inflige pas une défaite à la Russie, cela se terminera mal pour l'Europe, a déclaré jeudi à l'AFP le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis, avertissant que l'armée russe pourrait alors tenter d'avancer plus loin sur le continent européen. Le chef de la diplomatie de cet Etat balte s'exprimait en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, où la guerre en Ukraine a dominé les débats. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky y a d'ailleurs participé en personne pour la première fois en près de deux ans de conflit, cherchant à obtenir davantage de soutien.

Gabrielius Landsbergis a estimé que l'Europe n'avait « pas pris conscience de la réalité », à savoir du fait que ce qui se passe en Ukraine est « la guerre de l'Europe », et a appelé ce continent à faire davantage pour se préparer à toute éventuelle future agression d'autres pays européens par la Russie. « Il n'y a aucun scénario dans lequel si l'Ukraine ne gagne pas, cela pourrait bien se terminer pour l'Europe », a-t-il alors mis en garde le ministre lituanien, prévenant qu' « il est possible que la Russie ne soit pas contenue en Ukraine ».

L'un des moyens pour l'Europe de faire davantage en vue de se protéger serait de procéder à « des achats communs, nous pourrions nous procurer les choses nécessaires à la défense de l'Europe », a estimé Gabrielius Landsbergis. Il s'est toutefois félicité des nombreuses discussions, y compris à très haut niveau, sur l'Ukraine au cours du forum de Davos.

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Les aides se tarissent

Kiev et ses alliés ont mis à profit ce rendez-vous international pour chercher à contrer toute lassitude vis-à-vis du conflit dans lequel les Ukrainiens sont engagés susceptible de survenir après le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza. D'autant que l'Ukraine alerte ces derniers jours sur une pénurie de munitions.

L'UE avait prévu en décembre d'accorder à l'Ukraine une aide de 50 milliards d'euros - 33 milliards de prêts et 17 milliards d'euros de dons - sur quatre ans à compter de 2024. Mais le Premier ministre hongrois Viktor Orban, a posé son veto et bloque depuis cette aide. Il s'est néanmoins déclaré prêt mardi à soutenir Kiev mais « en dehors du budget commun ».

Aux Etats-Unis, le Congrès américain ne s'accorde toujours pas sur le budget à cause notamment des aides à accorder à l'Ukraine. Joe Biden a ainsi formulé une demande de 106 milliards de dollars de budget supplémentaire, principalement pour venir en aide à l'Ukraine, et dans une moindre mesure à Israël. Mais les chefs des deux partis au Sénat sont des partisans du soutien à Kiev, mais un certain nombre d'élus républicains à la Chambre affirment qu'un tel soutien n'est pas dans l'intérêt des Etats-Unis.

(Avec AFP)