Gazoduc Nord Stream 2 : "une dangereuse arme géopolitique du Kremlin" (président ukrainien)

Par latribune.fr  |   |  452  mots
Angela Merkel et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, ce dimanche lors de la conférence de presse à Kiev. (Crédits : Reuters)
Le projet de gazoduc russo-allemand Nord Steam 2, en passe d'être achevé, reste une épine dans les relations entre l'Ukraine et l'Allemagne. Angela Merkel, qui doit quitter la Chancellerie cet automne, a soutenu le projet depuis le début pour renforcer la sécurité énergétique de l'Allemagne.

La tournée d'adieu qu'effectue Angela Merkel dans plusieurs capitales n'est pas de tout repos. Avant son départ cet automne de la Chancellerie, elle a rencontré vendredi à Moscou le président russe, Vladimir Poutine, à qui elle a demandé la libération de l'opposant Alexeï Navalny. Cette visite venait ponctuer 16 année de tensions entre les deux capitales, mais aussi de coopération, à l'exemple du projet de gazoduc entre les deux pays : Nord Stream 2.

Cet accord énergétique, qui a été critiqué non seulement par les Etats-Unis mais aussi par certains pays européens, reste un point de division avec l'Ukraine en conflit avec la Russie, comme l'a rappelé dimanche Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Le gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 est "une dangereuse arme géopolitique du Kremlin", a-t-il indiqué en recevant à Kiev la chancelière allemande qui s'est battue pour ce projet.

1,5 milliard de dollars de revenus annuels

Cet tuyau sous-marin, sur le point d'être achevé, passe sous la mer Baltique, pour fournir directement l'Allemagne en gaz russe. Il va aussi avoir pour conséquence de priver l'Ukraine d'au moins 1,5 milliard de dollars de revenus annuels qu'elle touche actuellement pour le prix du transit du gaz russe par son territoire, et de lui faire perdre une arme diplomatique face à son adversaire russe.

"Personne ne peut nier que les principaux risques avec l'achèvement de Nord Stream 2 pèseront sur l'Ukraine", a averti le président ukrainien.

La chancelière a essayé une fois de plus de rassurer Kiev, rappelant avoir trouvé un compromis avec les Etats-Unis, qui tentaient de bloquer le chantier, pour permettre au projet de se faire, tout en demandant à Moscou de prolonger son contrat de transit gazier avec Kiev au-delà de 2024.

"Nous sommes d'accord avec les Américains que le gaz ne doit pas être utilisé comme une arme géopolitique, et au final on le verra en fonction du renouvellement du contrat. Le plus vite sera le mieux", a indiqué la chancelière qui a promis que ces engagements étaient "contraignants aussi pour de futurs gouvernements" allemands.

Guerre séparatiste pro-russe

L'Ukraine, un allié de l'Occident, est le théâtre d'une guerre séparatiste pro-russe dans l'Est depuis 2014, déclenchée dans la foulée de l'annexion par Moscou de la Crimée ukrainienne.

Quand à l'Allemagne, qui veut sécuriser ses importations d'énergie, Nord Stream 2 va permettre de multiplier par deux la capacité de gaz transportée, en traversant les eaux territoriales de cinq pays, Russie, Finlande, Suède, Danemark et Allemagne.

Le projet regroupe le géant russe Gazprom et plusieurs groupes énergétiques européens dont les allemands Wintershall et Uniper, le néerlando-britannique Shell, le français Engie et l'autrichien OMV.