IA : Poutine dénonce un « monopole dangereux » des Occidentaux

Par latribune.fr  |   |  552  mots
Le président Vladimir Poutine s'inquiète de voir ces technologies aux mains quasi exclusives des firmes américaines et alliés. (Photo du président russe Vladimir Poutine.) (Crédits : SPUTNIK)
Alors que la vague de l'intelligence artificielle générative déferle à peine, ouvrant potentiellement de nouveaux usages et de nouvelles portes à l'information, le chef du Kremlin reste fidèle à sa vision d'un Internet russe. Un plan gouvernemental pour « une stratégie nationale pour le développement de l'IA » sera d'ailleurs bientôt présenté, a-t-il également annoncé.

Alors que la course à l'intelligence artificielle générative est lancée entre les géants du numérique (Meta, Microsoft, Google, OpenAI...), le président Vladimir Poutine s'inquiète de voir ces technologies aux mains quasi exclusives des firmes américaines et ses alliés.

Bien que la Russie ait lancé en septembre, sa version du ChatGPT américain, le robot conversationnel YandexGPT 2, via le groupe Internet Yandex, le leader russe a dénoncé vendredi « la domination monopolistique » des Occidentaux sur ces nouvelles technologies, des outils qui, selon lui, « effacent la culture russe ».

En réalité, depuis l'avènement du Web 2 qui a vu naître les réseaux sociaux et les nouvelles autoroutes de l'information, Vladimir Poutine a concentré les efforts du gouvernement sur la construction d'un Internet russe capable de ne pas dépendre des géants américains, mais aussi de contrôler les données des citoyens. Un contrôle qui risque de se complexifier pour les autorités russes, tandis que n'importe quel internaute peut questionner ChatGPT et aller chercher des données directement sur internet et recueillir des informations actualisées en temps réel.

Depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie s'est d'ailleurs rapprochée de son voisin chinois, où le contrôle numérique est déjà à l'oeuvre sur la population.

Mais Vladimir Poutine a fondé sa critique sur l'argument culturel :

« Certains moteurs de recherche occidentaux, pour ainsi dire, ainsi que certains modèles génératifs, fonctionnent souvent de manière très sélective et partiale, et ne prennent pas en compte, voire parfois ignorent et effacent tout simplement la culture russe », a-t-il déclaré lors d'un forum sur l'IA à Moscou.

« La domination monopolistique de ces développements étrangers en Russie est inacceptable, dangereuse et inadmissible », a-t-il appuyé dans une vive critique.

Pour rappel, l'élection présidentielle se tiendra en Russie en mars 2024. Une échéance pour laquelle Vladimir Poutine a déjà restreint l'accès à l'information pour certains médias non validés au préalable par le Kremlin.

Le retard pris avec la guerre en Ukraine

Ces derniers mois, le président russe a appelé son gouvernement, les grandes entreprises nationales et la communauté scientifique russe à unir leurs efforts pour développer des programmes nationaux pouvant concurrencer les outils d'intelligence artificielle occidentaux tels que le robot conversationnel américain ChatGPT.

Face aux changements « radicaux » entraînés par l'arrivée de l'IA dans l'économie, le chef de l'Etat russe a ainsi exhorté vendredi les entreprises russes à « rester à l'avant-garde » des avancées technologiques, malgré le retard déjà accumulé.

Mais le lancement de l'offensive de son armée en Ukraine en février 2022 puis la mobilisation de centaines de milliers de réservistes à l'automne suivant a poussé des milliers d'employés très qualifiés des secteurs des hautes technologies et de l'informatique à partir à l'étranger, délaissant le marché national.

Un plan gouvernemental pour « une stratégie nationale pour le développement de l'IA » sera bientôt présenté, a-t-il également annoncé.

En avril dernier, Sber, un des leaders russes des nouvelles technologies, avait lancé son propre robot conversationnel, rejoignant la course mondiale à ces outils créés à partir de l'IA.

Lire aussiLa Russie renforce ses liens avec la Corée du Nord « sur tous les plans »

 (Avec AFP)