L'économie chinoise est-elle en train de s'essouffler ?

Par latribune.fr  |   |  541  mots
La recrudescence de cas de contamination par le variant Delta pourrait peser sur l'activité des entreprises en Chine. (Crédits : Reuters)
Plusieurs indicateurs (consommation, production industrielle, exportations, demande pétrolière) font état d'un net infléchissement de l'activité du géant économique au mois de juillet, lié notamment à la hausse des contaminations au variant Delta dans certaines régions.

Le deuxième semestre ressemblera-t-il au premier pour l'économie chinoise. Rien n'est moins sûr. Les données mensuelles publiées ce lundi par le Bureau national des statistiques (BNS) font en effet état d'un production industrielle en juillet en progression de 6,4% sur un an, un rythme inférieur à celui de juin (+8,3%) et bien en-dessous du chiffre prévu (+7,8%).

Dans le même temps, la consommation des Chinois marque le pas. Les ventes au détail n'ont progressé que de 8,5% sur un an alors que les analystes anticipaient une hausse de 11,5% après +12,1% en juin. Il s'agit là de son plus faible rythme depuis le début de l'année.

Dégâts importants dus aux inondations

Dans son communiqué, le BNS fait valoir la dégradation de la situation sanitaire avec "la propagation de l'épidémie en Chine" pour expliquer le niveau de ces données. Préoccupées, les autorités ont en effet pris en juillet des mesures de confinement dans certaines régions et ont suspendu les activités des entreprises en raison d'une recrudescence des cas de Covid-19, dans sa variante Delta. Le BNS ajoute aussi les conséquences des dégâts importants causés par de spectaculaires inondations dans certaines provinces.

Si l'économie chinoise, la première qui avait été sévèrement touchée avec l'apparition de la pandémie mondiale, s'est relevée de l'impact initial du Covid-19 pour revenir à des niveaux pré-crise sanitaire, ce rebond semble s'être essoufflé. Car outre, le problème sanitaire, les entreprises doivent aussi composer avec des coûts de production plus élevés et des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement.

Après une hausse de 12,7% sur le premier semestre par rapport à la même période de 2020, le rythme de la croissance du PIB pourrait donc bien ralentir en fin d'année. Pour le moment, la plupart des analystes tablent toujours sur une hausse supérieure à 6% en 2021, l'objectif que s'est fixé le gouvernement de Pékin.

Surprise des investisseurs

Déjà, en début de mois, l'analyse de l'indice manufacturier faisait état d'une baisse des exportations en juillet, qui reste un soutien majeur de la reprise de l'économie de la république populaire. L'indice des commandes à l'exportation s'affichait à 47,7% en juillet, soit un niveau plus bas encore qu'il y a un an.

Ces chiffres ont surpris les investisseurs qui craignent désormais une croissance mondiale plus faible, ce qui s'est traduit par un repli des marchés des actions à travers le monde ainsi que du marché du pétrole. "Les marchés jettent un regard méfiant sur l'évolution de la situation sanitaire en Chine", explique Jeffrey Halley, analyste de Oanda, cité par l'AFP. Ces données "alimentent l'inquiétude générale sur le ralentissement de la reprise" du deuxième consommateur et premier importateur de brut au monde, souligne-t-il.

Selon le dernier rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande pétrolière de la Chine devrait atteindre 14,9 millions de barils par jour (mbj) en 2021 contre 13,7 mbj en 2020. Mais l'agence faisait part également d'un fléchissement des besoins pétroliers en juillet, notamment sur l'essence et le diesel mais aussi le kérosène.