La Chine peine à endiguer le chômage chez les jeunes qui atteint un niveau record

Par latribune.fr  |   |  561  mots
(Crédits : Reuters)
Quelque 21,3% des jeunes entre 16 et 24 ans étaient sans emploi en juin. Les autorités ont décidé de suspendre la publication de cet indicateur en juillet traduisant leur malaise face à l'ampleur du phénomène. La forte reprise de l'économie du géant asiatique attendue depuis la sortie de sa politique « zéro Covid » n'est toujours pas au rendez-vous.

[Article publié le mercredi 16 août 2023 à 08h42 et mis à jour à 11h] Signe du malaise face au problème, le gouvernement chinois a décidé mardi de suspendre la publication officielle des données sur le chômage des jeunes (16-24 ans) en juillet. En juin, le Bureau national des statistiques (BNS) faisait part d'un taux record, à 21,3% des actifs, pour cette catégorie d'âge, traduisant la difficulté de l'économie du géant asiatique à absorber les nouveaux venus sur le marché du travail. Pour justifier sa décision, le BNS a évoqué la nécessité « d'ajuster » les données sur l'emploi.

La Chine a jugé ce mercredi sa reprise économique post-Covid « tortueuse », mais elle a estimé que « les faits donneront tort » à ceux en Occident qui pensent le géant asiatique incapable de servir de moteur à la croissance mondiale. « Un petit nombre de politiciens et de médias occidentaux exagèrent et montent en épingle les difficultés de la reprise économique post-épidémique en Chine. Au final, les faits leur donneront tort », a déclaré devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Réactions sur les réseaux sociaux

Les réactions des jeunes sur internet et dans les rues de Pékin, eux, confirment toutefois bien la morosité du marché de l'emploi. « Traduction: laissez-moi trouver une nouvelle méthode statistique qui permette de réduire le taux de chômage », ironisait un internaute, sur le réseau social Weibo, cité par l'AFP. « Je n'ose même pas imaginer quel est le réel taux de chômage », écrit un autre. « Pas de publication des chiffres = pas de chômage », commentait un troisième. Sur Weibo, la suspension est l'un des sujets les plus discutés depuis mardi.

Dans les rues de la capitale Pékin, Li Nuojun, une étudiante de 18 ans, déclare à l'AFP qu'elle n'est pas très optimiste quant à ses chances de trouver un emploi. « Ma spécialité universitaire, c'est le design environnemental. Mais avec le boom de l'intelligence artificielle, je ne pense pas avoir beaucoup d'opportunités dans le secteur du design », explique-t-elle. Tous ses amis, dit-elle, s'attendent à cravacher après avoir obtenu leur diplôme. « Ça m'inquiète, poursuit-elle. Quand je pense à ma recherche d'emploi à l'avenir, bien sûr que j'appréhende. Mais bon, je suis en première année de licence, j'essaie de ne pas trop y penser pour le moment! »

Concours dans la fonction publique

Le constat est aussi assez morose chez les actifs. « Les jeunes ont du mal à trouver un emploi. Mon cousin et ses camarades de classe, par exemple, préfèrent continuer leurs études », explique Guo, 35 ans, qui travaille dans le secteur informatique. « Ils se préparent aussi à passer des examens. Il y en a pas mal d'entre eux qui vont passer les concours de la fonction publique », gages d'un emploi assuré en cas de réussite, déclare-t-il.

Une jeune active de 29 ans, Xue, explique que des amis à elle aimeraient changer de travail mais n'y arrivent pas. « Certains ont envoyé des CV pendant un mois et ils ont eu plusieurs entretiens d'embauche. Mais ça n'a pas vraiment marché », raconte-t-elle à l'AFP. « Le salaire qui était proposé n'était pas très élevé. Et puis il fallait faire beaucoup d'heures supplémentaires. Le marché de l'emploi est super concurrentiel... », constate-t-elle.

(Avec AFP)