La Russie attaque encore massivement l'Ukraine, l'espace aérien polonais violé

Par latribune.fr  |   |  1156  mots
Kiev a été attaqué par des missiles de croisière tirés depuis des bombardiers stratégiques Tu-95MS. (Crédits : Reuters)
Une nouvelle attaque aérienne massive lancée par la Russie sur Kiev et d'autres régions ukrainiennes a mis la Pologne en alerte. Un missile de croisière russe est entré dans son espace aérien aux côtés de la frontière avec l'Ukraine, avant de le quitter. Entretemps, la Russie observe une journée de deuil national après l'attentat à Moscou de vendredi.

Dimanche à l'aube, les forces russes ont lancé de nouvelles attaques aériennes massives sur Kiev et d'autres régions d'Ukraine. Pour la troisième fois en une semaine, l'ensemble du territoire ukrainien a ainsi été placé en état d'alerte durant la nuit. L'alerte a duré deux heures dans la capitale, a précisé Serguiï Popko, chef de l'administration militaire de Kiev, cité par l'AFP.

Selon le militaire, l'attaque a été lancée depuis la région de Saratov, dans le sud-ouest de la Russie. La capitale a été attaquée par des missiles de croisière tirés depuis des bombardiers stratégiques Tu-95MS. La défense ukrainienne « a abattu environ une dizaine de missiles ennemis au-dessus de Kiev et dans les environs de la capitale », a-t-il écrit sur le réseau social Telegram, précisant que selon des informations préliminaires, il n'y avait ni victime ni dégâts.

Selon le gouverneur de la région Maksym Kozytskiï, aussi cité par l'AFP, des missiles russes et des drones explosifs Shahed de fabrication iranienne se sont également abattus sur le district de Striï, au sud de la ville de Lviv (ouest), .

« La cible, ce sont les infrastructures critiques », a indiqué le maire de Lviv, Andriï Sadovy, qui a dénombré environ 20 missiles et sept drones.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, des attaques massives de missiles et de drones russes avaient déjà visé les infrastructures énergétiques ukrainiennes, causant des coupures d'électricité.

L'espace aérien polonais violé

La Pologne, membre de l'Otan, dont la frontière avec l'Ukraine se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Striï, a relevé son niveau d'alerte face à ces bombardements proches de son territoire. Dans la matinée, l'armée du pays a même déclaré qu'un missile de croisière russe a violé l'espace aérien polonais avant de le quitter.

Pendant environ une quarantaine de secondes, « l'espace aérien polonais a été violé par l'un des missiles de croisière lancés cette nuit par l'aviation (...) de la Fédération de Russie », a indiqué le commandement opérationnel des forces armées sur le service X.

« L'objet a volé dans l'espace polonais à la hauteur du village d'Oserdow (au nord de Lviv, ndlr) et y est resté pendant 39 secondes », et le missile a été observé par les radars militaires pendant toute la durée du vol, a-t-il été précisé.

L'aviation polonaise et alliée activées

« L'armée polonaise surveille en permanence la situation sur le territoire ukrainien et reste en état d'alerte permanent pour assurer la sécurité de l'espace aérien polonais », a encore indiqué l'armée.

« Toutes les procédures nécessaires pour assurer la sécurité de l'espace aérien polonais ont été activées. L'aviation polonaise et alliée, entre autres, a été activée », a encore déclaré le commandement opérationnel des forces armées dans son communiqué, cité par l'AFP.

Le ministre polonais de la Défense a précisé à la presse que l'armée surveillait au total les trajectoires d'une douzaine de missiles russes.

« S'il y avait une indication quelconque que l'objet se dirigeait vers une cible située sur le territoire polonais, il est évident qu'il aurait été abattu », a déclaré Wladyslaw Kosiniak-Kamysz.

Des explications exigées

Le ministère polonais des Affaires étrangères a indiqué que la Pologne exigera des explications de la part de Moscou.

« Avant tout, nous demandons à la Fédération de Russie de mettre fin aux frappes aériennes terroristes contre le population et le territoire de l'Ukraine, de mettre fin à la guerre et de s'occuper des problèmes internes du pays », a écrit le porte-parole du ministère Pawel Wronski dans un communiqué.

Un incident de ce type a déjà eu lieu en décembre, lorsque un missile russe a pénétré dans l'espace aérien polonais avant de le quitter quelques minutes après, en direction de l'Ukraine. En novembre 2022, un missile était tombé sur le village polonais de Przewodow, près de la frontière avec l'Ukraine, tuant deux civils. Il était ukrainien. Mais avant l'identification de son origine, cela avait fait craindre que l'Otan soit entraînée dans le conflit, la Pologne étant protégée par un engagement de défense collective de l'Alliance atlantique.

Kiev attaque Sébastopol et Belgorod

Pour sa part, la Russie a affirmé samedi soir avoir repoussé une attaque de dix missiles ukrainiens visant la ville de Sébastopol en Crimée, péninsule annexée en 2014 par Moscou.

« Nos militaires repoussent une attaque massive sur Sébastopol. Selon les premières informations, plus de dix missiles ont été abattus », a affirmé son gouverneur, Mikhaïl Razvojaïev, sur Telegram.

Il a ensuite précisé que l'attaque avait fait un mort, un civil de 65 ans touché par un débris de missile, et quatre blessés parmi lesquels un adolescent.

L'armée ukrainienne a annoncé dimanche, dans un communiqué, avoir touché deux navires russes lors de cet attaques, « ainsi qu'un centre de communications et d'autres infrastructures de la Flotte russe de la Mer Noire ». La Crimée est régulièrement visée par l'armée ukrainienne à l'aide de missiles et de drones en raison de son importance pour la logistique des forces russes occupant le sud de l'Ukraine.

Samedi, une attaque de drones ukrainiens a aussi fait un mort et deux blessés dans la région russe de Belgorod, proche de la frontière et régulièrement attaquée.

Deuil en Russie

Entretemps, la Russie, touchée vendredi par un attentat revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) dans une salle de concert à Moscou, observe dimanche une journée de deuil national. Au moins 133 personnes ont été tuées, et 152 blessées. Mais ce bilan n'est que provisoire.

Le Kremlin a annoncé samedi « l'arrestation de 11 personnes, dont quatre terroristes impliqués dans l'attentat ». Ces quatre « citoyens étrangers » ont été capturés dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine et du Bélarus, selon les autorités. Selon Vladimir Poutine qui, dans une allocution télévisée samedi, a dénoncé un acte « terroriste barbare », « ils se dirigeaient vers l'Ukraine ».

Selon l'EI, que la Russie combat en Syrie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, l'attaque s'inscrit « dans le contexte (...) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l'Islam ». Cependant, ni Vladimir Poutine, ni les services de sécurité (FSB) n'ont accusé le groupe jihadiste. Le FSB a au contraire affirmé que les suspects avaient des « contacts appropriés du côté ukrainien » et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d'autres détails sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence.

« L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'incident », a martelé le conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, rejetant des accusations « absurdes ».