La Russie va baser des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, aux portes de l'UE et de l'OTAN

Par latribune.fr  |   |  678  mots
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko et Vladimir Poutine (Crédits : SPUTNIK)
La Russie a conclu un accord avec la Biélorussie pour installer sur son territoire des armes nucléaires tactiques russes.

L'annonce a de quoi inquiéter. La Russie a annoncé samedi qu'elle avait conclu un accord avec la Biélorussie, pour installer sur son territoire des armes nucléaires tactiques russes. Pour rappel, la Biélorussie, dirigée depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, a des frontières communes avec l'Ukraine mais aussi avec trois pays membres de l'Union européenne et de l'OTAN, la Lituanie, la Lettonie et la Pologne. Pour Vladimir Poutine, une telle initiative ne violerait pas les accords de non-prolifération nucléaire.

« Il n'y a rien d'inhabituel : tout d'abord, les États-Unis agissent de la sorte depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs pays alliés », a déclaré Vladimir Poutine. « Nous avons convenu de faire de même, sans violer nos obligations, j'insiste, sans violer nos obligations internationales en matière de non-prolifération des armes nucléaires », a ajouté le président russe.

Dix avions capables de transporter des armes nucléaires déjà en Biélorussie

Le chef du Kremlin n'a pas précisé quand ces armes nucléaires tactiques seraient transférées en Biélorussie. La Russie aura achevé la construction d'un centre de stockage d'armes nucléaires tactiques en Biélorussie d'ici au 1er juillet, selon le président russe qui a ajouté que Moscou ne transférerait pas le contrôle des armes à Minsk. La Russie a déjà stationné en Biélorussie dix avions capables de transporter des armes nucléaires tactiques.

Le gouvernement ukrainien n'a pas tardé à réagir. Dimanche, Oleksiy Danilov, le directeur du Conseil ukrainien de sécurité et de défense, a prévenu que le projet de Moscou aurait pour conséquence de déstabiliser la Biélorussie.

« Le Kremlin a pris la Biélorussie en otage nucléaire », a-t-il dit sur Twitter.

Si la Biélorussie ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes. Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit. Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.

(Avec Reuters)

La centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia dans une situation « précaire » (AIEA)

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a annoncé samedi qu'il se rendrait la semaine prochaine dans la centrale ukrainienne de Zaporijjia (sud-est) qui, selon lui, se trouve dans une situation « précaire ». Il s'agit de la deuxième visite de Rafael Grossi dans la centrale, la plus grande d'Europe, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, afin d' « évaluer directement la gravité de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires sur le site », a déclaré l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

« Malgré notre présence sur le site depuis sept mois, la situation de la centrale nucléaire de Zaporijjia reste précaire », a déclaré Rafael  Grossi dans un communiqué. « Les dangers en matière de sûreté et de sécurité nucléaires ne sont que trop évidents, tout comme la nécessité d'agir maintenant pour éviter un accident », a-t-il ajouté. Rafael Grossi a proposé d'établir une zone de sécurité autour du site.

« Je reste déterminé à continuer à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à réduire le risque d'un accident nucléaire pendant la guerre tragique en Ukraine », a-t-il encore déclaré.

Un nouveau groupe d'experts de l'AIEA accompagnera Rafael Grossi, l'agence ayant maintenu une présence permanente à la centrale depuis septembre. La rotation de février a été retardée de près d'un mois, selon l'AIEA qui déplore « les circonstances très difficiles auxquelles les experts ont dû faire face ».

(AFP)