Libye : peu d'espoir de survivants après les inondations

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  416  mots
« Plus de 9.000 » personnes étaient toujours portées disparues. (Crédits : LIBYA AL-HADATH)
Petit à petit, l'étendue des dégâts provoqués par la rupture de deux barrages en Libye se mesure. S'il y a peu de chance de trouver des survivants, l'aide internationale tente de se mobiliser pour les rescapés, dans une situation gouvernementale chaotique.

Le constat est glacial. L'aide internationale destinée à la ville de Derna ravagée par des inondations meurtrières afflue samedi en Libye mais les espoirs de retrouver des survivants parmi les milliers de personnes portées disparues s'amenuisent, six jours après la catastrophe. Durant la nuit de dimanche à lundi, la tempête Daniel a provoqué la rupture de deux barrages en amont de la ville de Derna, à l'Est de la Libye, provoquant une crue de grande ampleur et amenant avec elle toutes les habitations sur son passage. Des milliers de morts sont annoncés mais difficile de connaître le chiffre exact. Le ministre de la santé, Othman Abdeljalil, a fait état de 3.166 morts pour l'instant dans un premier bilan entre vendredi et aujourd'hui.

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que « plus de 9.000 » personnes étaient toujours portées disparues. Face à la catastrophe, l'aide internationale s'organise et afflue en masse.

L'aide internationale s'organise dans le chaos

Ce samedi, deux avions émirats et iranien ont déchargé des tonnes d'aides, dont des fournitures médicales, qui doivent ensuite être acheminées à plus de 300 kilomètres vers l'Est. L'ambassade d'Italie a annoncé l'arrivée prochaine d'une navire transportant des tentes, des couvertures, deux hélicoptères et des bulldozers. Deux avions français ont quant à eux atterri dans l'Est pour « déployer un hôpital de campagne » à Derna. L'OMS a pour sa part annoncé l'arrivée de « 29 tonnes de matériel médical » depuis Dubaï, « suffisamment pour aider près de 250.000 personnes ».

Problème : toutes ces aides font face à une situation chaotique sur place. Le travail des secours et des équipes de recherche est considérablement entravé par le chaos politique qui prévaut dans le pays d'Afrique du Nord depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux, l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU et dirigé par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, et l'autre dans l'Est, affilié au camp du puissant maréchal Khalifa Haftar.

Les barrages présentaient des fissures depuis 1998 et des travaux avaient été entamés en 2010 après avoir pris des années de retard. Ces même travaux ont été suspendus en 2011, lors de la révolution libyenne et n'ont jamais repris.

« Un puzzle de dysfonctionnements, d'incompétences, de négligences et de corruption se dessine lentement derrière la catastrophe de Derna », a noté Wolfram Lacher, spécialiste de la Libye à l'Institut allemand de politique internationale et de sécurité (SWP).