Otages, pause humanitaire, solution politique... En Israël, Emmanuel Macron prône une visite « utile »

Par latribune.fr  |   |  1024  mots
Le chef de l'Etat est en Israël pour relancer un processus politique en rappelant l'attachement de la France pour la « solution à deux Etats ». (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Alors qu'Emmanuel Macron est arrivé en Israël ce mardi matin, deux nouvelles otages ont été libérées. En revanche, les bombardements s'intensifient sur la bande de Gaza avec, selon le Hamas, « au moins 140 personnes »  tuées durant une nouvelle nuit de frappes aériennes israéliennes. Le chef de l'Etat français a annoncé aux familles des otages que les sept Français kidnappés étaient vivants.

[Article publié le mardi 24 octobre 2023 à 08h29 et mis à jour à 11h38]

Une visite qui doit être « utile ». C'était la condition posée par Emmanuel Macron avant l'organisation d'un déplacement en Israël, où il a atterri ce mardi matin. Dès sa descente de l'avion présidentiel, Emmanuel Macron a rencontré des familles de victimes et d'otages dans un salon de l'aéroport David-Ben-Gourion de Tel Aviv. A son arrivée, dans un salon de l'aéroport de Tel-Aviv, Emmanuel Macron a annoncé aux familles que les sept Français kidnappés étaient vivants.

Le chef de l'Etat devait rencontrer le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour lui faire part de la solidarité de la France avant une déclaration commune devant la presse à 13 heures (10h00 GMT). Il devait aussi s'entretenir avec le président Isaac Herzog, ainsi que les chefs de l'opposition Benny Gantz et Yaïr Lapid, à Jérusalem.

Emmanuel Macron a exprimé son soutien à Israël lors d'une rencontre avec le président israélien. « Si je suis ici avec ma délégation, c'est pour avant toute chose exprimer tout notre soutien et notre solidarité et partager votre douleur. Ce qui s'est passé le 7 octobre est une attaque terroriste atroce contre vos citoyens, contre votre nation », a-t-il déclaré.

« Je tiens à vous assurer que vous n'êtes pas seul dans cette guerre contre le terrorisme. Je parle au nom d'un pays qui a connu cette expérience du terrorisme et vous étiez à nos côtés à l'époque », a insisté le dirigeant français.

Après une visite en Israël où il affirmé que le premier objectif devait être la libération des otages détenus par le Hamas et appelé à « ne pas élargir » le conflit, Emmanuel Macron doit se rendre à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où il sera le premier dirigeant occidental à rencontrer Mahmoud Abbas au siège de l'Autorité palestinienne depuis le début de la guerre.

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« Ce message de solidarité est univoque. Il n'y a pas de réserve, il n'y a pas de "oui mais". Nous devons aux Israéliens notre plus complète solidarité face à des attaques terroristes d'une ampleur et d'une cruauté » sans précédent depuis la fondation de l'Etat d'Israël en 1948, a souligné lundi l'Elysée.

Emmanuel Macron souhaite aussi « prendre l'initiative avec tous ceux de bonne volonté » pour relancer un processus politique, a souligné l'Elysée, en rappelant l'attachement de la France pour la « solution à deux Etats », « la seule qui vaille », avec un Etat palestinien au côté de celui d'Israël. « Il va naturellement parler de ce qui est nécessaire à la création d'un Etat palestinien », « l'arrêt de la colonisation » en Cisjordanie, mais aussi une « négociation sur ce que doivent être les paramètres qui permettent d'avoir un Etat palestinien viable, continu, capable de vivre en paix et en sécurité avec Israël ».

Deux nouvelles otages ont été libérées

Le chef de l'Etat va également plaider pour une « trêve humanitaire » afin d'apporter de l'aide aux habitants de Gaza et aussi pour « faciliter la libération des otages », qui sont environ 220, israéliens, étrangers ou binationaux, selon Israël. Sa visite coïncide avec la libération de deux femmes de nationalité israélienne, originaires du kibboutz Nir Oz et respectivement âgées de 85 ans et 79 ans. Leurs époux sont toujours détenus.

Emmanuel Macron veut aussi contribuer à « éviter la généralisation du conflit » au Moyen-Orient. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de l'Iran, ne doit pas « rentrer dans ce conflit », a ainsi insisté l'Elysée, sans exclure que le président puisse se rendre au Liban même si « rien n'est programmé » pour l'heure. Cela « n'apporterait que du malheur au Liban », déjà dans une « solution très fragile », a mis en garde un conseiller présidentiel.

Les bombardements s'intensifient à Gaza

La trêve que veut plaider le président français semble plutôt s'éloigner : les frappes se sont intensifiées ces derniers jours sur l'enclave, où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, soumis en outre à un siège qui les prive de nourriture, d'eau et d'électricité, imposé depuis le 9 octobre par Israël.

Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à fuir vers le sud. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, proche de la frontière égyptienne, où les déplacés sont massés par centaines de milliers. Le gouvernement du Hamas a annoncé mardi matin dans un communiqué qu'au moins 140 personnes avaient été tuées durant une nouvelle nuit de frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza. Au pouvoir dans le territoire palestinien, le mouvement islamiste palestinien a également fait état « de centaines de blessés » et « de dizaines d'habitations détruites ».

L'aide internationale arrive au compte-gouttes

L'armée israélienne continue par ailleurs ses préparatifs en vue d'une offensive terrestre, massant des soldats aux abords de la bande de Gaza et y menant des incursions limitées. Objectif, affaiblir l'infrastructure du Hamas et localiser les personnes disparues ou enlevées.

L'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi via l'Egypte. Lundi, un troisième convoi a franchi la frontière à Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. Au total, une cinquantaine de camions ont pu entrer en trois jours, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour. Les Etats-Unis, qui ont obtenu l'accord d'Israël et de l'Egypte pour laisser passer l'aide, ont annoncé dimanche « qu'il y aurait dorénavant un flux continu ». Mais pour le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, il faut « plus d'aide, plus rapidement » ainsi qu'une « pause humanitaire » pour permettre sa distribution.

(Avec AFP)