Poutine conditionne l'exportation des céréales ukrainiennes à la levée de restrictions occidentales

Par latribune.fr  |   |  658  mots
Vladimir Poutine. (Crédits : SPUTNIK)
Vladimir Poutine appelle à lever les restrictions occidentales sur les céréales russes pour obtenir des avancées dans l'exportation de la production agricole ukrainienne, actuellement bloquée dans le pays. « Nous faciliterons l'exportation des céréales ukrainiennes, mais en partant du fait que toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes à l'export des céréales russes soient levées », exige le maître du Kremlin

Donnant-donnant. L'exportation des céréales ukrainiennes pourrait reprendre si l'Occident lève ses restrictions sur les céréales russes. C'est le deal proposé par Vladimir Poutine : « Nous faciliterons l'exportation des céréales ukrainiennes, mais en partant du fait que toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes à l'export des céréales russes soient levées ». Il poursuit :  « Nous nous étions entendus depuis le début sur ce point avec les organisations internationales. Mais personne n'a pris la responsabilité de finaliser tout cela, y compris nos partenaires américains ».

Erdogan chaleureusement remercié par Poutine

Le président russe estime que la balle est dans le camp des Américains : « Les restrictions sur les livraisons d'engrais russes sur le marché mondial ont été levées par les Américains, dans la pratique. S'ils veulent sincèrement améliorer la situation sur les marchés mondiaux alimentaires, j'espère qu'il en sera de même concernant les exportations de céréales russes. »

Plus tôt dans la journée, Vladimir Poutine, qui se trouve à Téhéran, a évoqué des progrès dans les négociations pour l'exportation des céréales d'Ukraine via la mer Noire et remercié son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour sa « médiation » dans ce dossier. Le ministère russe de la Défense avait indiqué vendredi qu'un « document final » serait prêt sous peu pour permettre l'exportation de céréales d'Ukraine.

La Commission européenne propose de débloquer des fonds de banques russes gelés

En Europe, le sujet est aussi très sensible : la Commission européenne propose aux Etats membres de débloquer « certains fonds » de banques russes gelés par les sanctions de l'UE pour aider la reprise du commerce des produits agricoles et alimentaires, y compris le blé et les engrais. L'UE « veut qu'il soit parfaitement clair que rien dans les sanctions ne freine le transport de céréales hors de Russie ou d'Ukraine », souligne un diplomate européen sous couvert d'anonymat.

Sept banques russes -- Bank Rossiya, Promsvyaebank, VEB-RF (ou Vnesheconombank; VEB), Otkritie FC Bank (anciennement connue sous le nom de NOMOS Bank), Novikombank, Sovcombank (anciennement connue sous le nom de Buycombank) et VTB Bank -- sont concernées par cette dérogation

« Les autorités compétentes d'un État membre peuvent autoriser le déblocage de certains fonds ou ressources économiques gelés appartenant à des banques (...) après avoir établi que ces fonds ou ressources économiques sont nécessaires à l'achat, à l'importation ou au transport de produits agricoles et alimentaires, y compris le blé et les engrais », précise la proposition soumise aux Etats membres. Moscou est accusée par l'UE de bloquer les exportations de céréales ukrainiennes et d'avoir renchéri les ventes de céréales russes via une taxe de 30% à l'exportation, provoquant une pénurie et une flambée des prix.

L'Europe sous la pression des Africains

Les Européens sont sous la pression de leurs partenaires africains qui importaient plus de la moitié de leur blé d'Ukraine ou de Russie avant le conflit. Le chef de l'Etat sénégalais et président en exercice de l'Union africaine, Macky Sall, s'est ainsi alarmé des conséquences des sanctions européennes sur le commerce des céréales, notamment à cause de l'exclusion des principales banques russes du système financier international Swift, une messagerie sécurisée cruciale pour les transferts de fonds.

« Même si les produits (à acheter) existent, le paiement devient compliqué, voire impossible », avait-il déclaré fin mai lors d'une intervention en visioconférence devant les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE réunis en sommet à Bruxelles. Le FMI, actuellement en mission en Tunisie relève que « l'économie tunisienne pâtit des conséquences économiques de la guerre en Ukraine » et notamment la flambée des prix agricoles, l'Ukraine et la Russie étant les principaux fournisseurs de blé du Maghreb.