Réfugiés : l'UE approuve un accord avec la Turquie

Par latribune.fr  |   |  560  mots
Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (ici, rassemblés pour l'ouverture du sommet des 17 et 18 mars, à Bruxelles) doivent désormais se retrouver avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu pour parapher ensemble l'accord.
A l'issue d'un nouveau sommet de deux jours à Bruxelles, les 28 pays de l'Union européenne ont donné leur feu vert à un accord avec la Turquie. A l'issue de cette journée, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a finalement avalisé cet accord, qualifiant cette journée d'"historique".

Article publié le vendredi 18 mars à 17:30; réactualisé à 19:08

Après de nombreuses heures de tractations, d'incertitudes, et de positions contradictoires, l'Union européenne est finalement parvenue à trouver un accord sur la question des réfugiés vendredi. En début d'après-midi, plusieurs ministres ont déclaré qu'une issue favorable avait finalement été trouvée à cette crise entre les 28 pays membres. Bohuslav Sobotka, le Premier ministre tchèque, a indiqué sur son compte Twitter que l'accord avec la Turquie avait été approuvé, précisant que "tous les migrants qui gagneront la Grèce à partir de la Turquie à compter de dimanche seront renvoyés".

Adoption du principe du "un pour un"

L'accord prévoit le retour en Turquie de toutes les personnes arrivant illégalement sur les îles grecques de la mer Egée, selon le principe du "un pour un": pour chaque Syrien ainsi reconduit en Turquie, un Syrien réfugié en Turquie serait accueilli dans un Etat membre de l'Union. Ce dispositif serait dans un premier temps plafonné à 72.000 places offertes en Europe.

Dans le même temps, Ankara a annoncé que les autorités turques avaient intercepté, ce vendredi, sur terre et en mer, des centaines de migrants et réfugiés qui tentaient de gagner l'île grecque de Lesbos. Lors du sommet du 29 novembre, Bruxelles avait exigé que la Turquie intensifie ses efforts pour endiguer le flux de migrants, ainsi que sa lutte contre les passeurs.

Les trois souhaits d'Ankara

En échange de la contribution d'Ankara à la résolution de la crise migratoire, la Turquie espère obtenir une aide financière supplémentaire de la part de l'Europe - qui lui a déjà promis 3 milliards d'euros -, la libéralisation des visas pour les citoyens turcs et l'accélération du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE. Sur ce dernier point, François Hollande, a tenu à rappeler lors d'un point presse à Bruxelles que "négociation ne veut pas dire adhésion et que les négociations ne préjugent en rien de ce que sera le résultat". Il a poursuivi en déclarant que le processus prendra des années.

Pour l'ONU, cet accord "n'est pas une réponse au problème"

Les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union ont ensuite obtenu l'aval du Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, pour parapher un accord, dont la mesure phare -le renvoi de tous les nouveaux migrants arrivant en Grèce depuis la Turquie, y compris les demandeurs d'asile- a provoqué une tempête de critiques.

L'ONU a relevé un "risque de possibles expulsions collectives et arbitraires", mais les Européens assurent rester dans les clous du droit international en promettant à chaque demandeur d'asile, qui arrivera sur les côtes grecques à partir de dimanche, un examen individualisé de sa requête et le droit de faire appel de la décision de renvoi.

"Construire des murs, discriminer des gens ou les renvoyer n'est pas une réponse au problème", avait encore insisté vendredi matin le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

De son côté, un diplomate européen a confié à l'AFP que l'accord n'était pas idéal mais répondait à un principe de réalité :

"Ce n'est pas un très bon accord, mais on est bien obligés. Personne n'en est fier, mais on n'a pas d'alternative."

 (Avec agences)