Roumanie : le gouvernement abroge son décret anticorruption

Par latribune.fr  |   |  398  mots
Les manifestations contre ce décret anticorruption étaient les plus importantes que la Roumanie ai connu depuis l'ère communiste.
Le décret censé lutter contre la corruption publié mardi par le gouvernement roumain avait provoqué plusieurs jours de manifestations dans la capitale Bucarest. Face à la pression du peuple, le gouvernement a décidé de faire marche arrière.

Le gouvernement roumain a abrogé dimanche son décret assouplissant la législation anticorruption, ont annoncé des sources ministérielles. La parution de ce décret avait provoqué plusieurs jours de manifestations d'une ampleur inédite en Roumanie depuis la chute du communisme.

"Le décret d'abrogation a été adopté", a déclaré le ministre de la Santé Florian Bodog, une information confirmée par l'entourage du Premier ministre. Ce dernier, Sorin Grindeanu, avait annoncé samedi renoncer à cette modification du code pénal qui avait provoqué la colère de la rue. Une réunion du gouvernement social-démocrate avait débuté à la mi-journée à Bucarest tandis que des milliers de personnes commençaient à se rassembler dans la capitale, déterminées à ne pas relâcher la pression.

Le nouveau projet de loi passera par le parlement

Des centaines de milliers de Roumains ont manifesté quotidiennement depuis l'adoption mardi, après des jours de controverse, de ce texte qui, notamment, réduisait sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduisait un seuil minimum de préjudice de 200.000 lei (44.000 euros) pour qualifier un délit. Le Premier ministre avait assuré que la motivation du gouvernement avait été de mettre le code pénal en conformité avec la Constitution.

Un nouveau projet de loi doit être rédigé, en vue, cette fois, d'être soumis au parlement. Il n'introduira pas de seuil délictuel de 200.000 lei de préjudice pour les délits d'abus de pouvoir. Le décret faisait craindre à ses détracteurs un retour en arrière alors même que, sous la pression de l'UE et de magistrats très offensifs, des centaines de dossiers sur des malversations ont été instruits ces derniers années, marquant un tournant pour la lutte anticorruption en Roumanie. Le gouvernement a été critiqué pour vouloir mettre à l'abri de la justice des élus et des hommes d'affaires.

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En effet, s'il avait été appliqué, il aurait pu permettre de mettre fin aux poursuites engagées contre Liviu Dragnea, le chef du Parti social-démocrate, qui est accusé d'avoir usé de son influence politique pour faire payer par l'Etat deux permanents au siège de son parti entre 2006 et 2013. Des dizaines d'autres responsables de tous les partis auraient également bénéficié d'un tel décret.

(avec AFP et Reuters)