Taïwan : « Ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler », lance Xi Jinping à Joe Biden

Par latribune.fr  |   |  594  mots
(Crédits : ALY SONG)
Xi Jinping et Joe Biden ont eu jeudi deux heures d'entretien « sincère et approfondi », au cours duquel le président chinois a averti son homologue américain de ne « pas jouer avec le feu » à propos de Taïwan. En juin, le ministre de la Défense chinois avait menacé les Etats-Unis de déclencher une guerre « si on osait séparer Taïwan de la Chine », et avait ajouté que la Chine comptait se « battre jusqu'au bout » pour empêcher l'indépendance de l'île.

Entretien téléphonique électrique ce jeudi entre Joe Biden et Xi Jinping. Au cours de ce qui constituait le cinquième échange téléphonique entre les deux dirigeants depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison blanche en janvier 2021, Xi Jinping a, selon l'agence Chine nouvelle, prévenu son homologue américain que les Etats-Unis devaient respecter le « principe d'une Chine », et qu'il ne fallait pas « jouer avec le feu » avec Taiwan, dans un contexte d'inquiétudes croissantes à propos de l'île démocratique que Pékin considère comme une province renégate.

Entretien « sincère et approfondi »

« Ceux qui jouent avec le feu finissent par se brûler », a prévenu le président chinois, alors que Pékin menace depuis plusieurs jours de « conséquences » si la cheffe des députés américains Nancy Pelosi, cadre du parti démocrate dont est issu Joe Biden, mène à bien son projet de visite à Taïwan.

« J'espère que la partie américaine comprend parfaitement cela », a ajouté Xi Jinping, lors de cet entretien de plus de deux heures qualifié de « sincère et approfondi » par les deux présidents, selon Chine Nouvelle.

Bien que des responsables américains se rendent fréquemment à Taïwan, Pékin considère qu'un voyage de Nancy Pelosi, l'un des plus hauts personnages de l'Etat américain, serait une provocation majeure. Une telle visite mettrait en exergue le soutien de Washington à Taipei, qui dénonce des menaces militaires et économiques croissantes de la part de Pékin. Côté américain, il est clair que l'on veut afficher un soutien fort à Taïwan, inquiète des velléités chinoises.

Alors que Nancy Pelosi n'a pas confirmé son voyage, le général Mark Milley, le chef d'état-major américain, a déclaré à la presse que si Nancy Pelosi demandait « un soutien militaire », il ferait « le nécessaire pour assurer une conduite en toute sécurité » de son déplacement.

La Chine ira jusqu'au bout

Mi-juin, le ministre de la Défense chinois avait menacé les Etats-Unis de déclencher une guerre « quel qu'en soit le prix» « si on osait séparer Taïwan de la Chine », et avait ajouté que la Chine comptait se « battre jusqu'au bout » pour empêcher l'indépendance de l'île. La Chine estime que cette île de 24 millions d'habitants est l'une de ses provinces historiques qu'elle entend reprendre par la force si nécessaire. La mer qui l'entoure constitue un autre point chaud majeur. Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer riche en ressources, par laquelle transitent chaque année des milliards de dollars d'échanges maritimes.

 Aux yeux de représentants américains, l'échange téléphonique de jour entre Joe Biden et Xi Jinping devait surtout permettre d'évoquer une nouvelle fois la rivalité économique entre les deux plus grandes puissances mondiales.

« Il s'agit de maintenir les lignes de communication ouvertes avec le président de la Chine, l'une des plus importantes relations bilatérales, pas seulement pour cette région, mais à travers le monde, car elle touche beaucoup » de sujets, a déclaré en amont de l'entretien le porte-parole du conseil national de sécurité de la Maison blanche. La question des droits de douane imposés par les Etats-Unis à la Chine n'a pas été évoquée.

Les deux présidents se sont mis d'accord jeudi sur le principe d'une rencontre en personne lors d'une conversation téléphonique de plus de deux heures, a indiqué à la presse une responsable américaine.