Trump promet d'expulser trois millions de clandestins

Par latribune.fr  |   |  607  mots
Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a promis dimanche d'expulser jusqu'à 3 millions d'immigrés clandestins, revenant à la ligne dure de sa campagne et rompant avec la modération affichée depuis son élection.

Le projet d'expulsion de masse, dévoilé dans un entretien qui sera diffusé dimanche sur la chaîne CBS, concerne les "criminels", les personnes ayant des antécédents judiciaires, "qui appartiennent à des gangs, qui sont des trafiquants de drogue".

Selon lui, ils représentent "sans doute 2 millions" de personnes, mais "ça peut aussi être 3 millions", qui seront renvoyées dans leur pays d'origine ou incarcérées aux Etats-Unis, a promis l'homme d'affaires.

Après avoir modéré son discours sur plusieurs dossiers majeurs depuis sa victoire mardi, notamment la réforme de l'assurance-maladie de Barack Obama (Obamacare) ou les poursuites judiciaires éventuelles contre Hillary Clinton, le magnat de l'immobilier est brutalement revenu à la ligne dure de sa campagne.

Fin août, à Phoenix (sud-ouest), il avait déjà promis d'expulser, au premier jour de sa présidence, ces deux millions de "criminels étrangers" qui se trouveraient illégalement aux Etats-Unis.

Couac avec la majorité

 L'annonce de dimanche a également créé un couac avec la majorité républicaine. Interrogé sur la chaîne CNN, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, a assuré que Donald Trump ne prévoyait pas de créer des équipes dédiées aux expulsions de clandestins et que la priorité restait la "sécurisation" des frontières.

Ce raté a passablement plombé les efforts de Paul Ryan pour rassurer, lors de cet entretien, sur les intentions du nouveau président.

Quelques minutes plus tôt, sur la chaîne Fox, la directrice de campagne de Donald Trump, Kellyanne Conway, avait, elle aussi, rompu avec le nouveau discours accommodant du président élu en assurant que l'Obamacare serait purement et simplement "abrogé".

Autre signe d'une inflexion, elle a estimé qu'il appartenait aux démocrates, et non à Donald Trump, de s'adresser aux dizaines de milliers de manifestants qui ont encore arpenté les rues de plusieurs grandes villes samedi, pour le quatrième jour d'affilée.

Dans un tweet samedi, Donald Trump avait appelé les Américains à s'unir, quand les manifestants craignent que son élection n'exacerbe les tensions raciales dans le pays.

L'organisation américaine de défense des droits civiques SPLC (Southern Poverty Law Center) a recensé sur son site internet 200 incidents à caractère raciste depuis l'élection de Trump mardi.

Trump s'en prend aux médias

Des dizaines de milliers de manifestants ont encore défilé samedi, plus de 10.000 à New York et autant à Los Angeles, plusieurs milliers à Chicago.

Epingle à nourrice à la poitrine, devenue symbole de soutien aux minorités attaquées par le candidat républicain pendant la campagne, ils expriment leurs craintes d'une poussée de xénophonie dans tout le pays.

Selon un sondage ABC News/Washington Post, 74% des Américains jugent cependant légitime l'élection de Donald Trump, avec des variations fortes selon les camps politiques: 99% des partisans du nouveau président reconnaissent l'élection, mais seulement 58% des partisans de sa rivale, Hillary Clinton.

Autre signe d'un retour aux antiennes de la campagne, à la ligne complotiste dans ce cas, Kellyanne Conway a laissé entendre dimanche que beaucoup des manifestants étaient "payés" par les démocrates pour défiler.

Le président élu, lui, s'en est aussi pris aux médias, une de ses cibles favorites depuis plus d'un an, en l'occurrence le New York Times, visé par trois tweets cinglants dimanche, dont l'un accusait le quotidien d'être "malhonnête" dans sa couverture.

Dans l'entretien à CBS, Donald Trump explique qu'il continuera à communiquer sur le réseau social, qui l'a "aidé" à remporter l'élection, mais plus modérément que pendant la campagne.

 (Avec l'AFP)

*Un graphique de notre partenaire Statista