Ukraine : évacuation chaotique près de la centrale de Zaporijjia face au risque d'un « grave accident nucléaire »

Par latribune.fr  |   |  648  mots
(Crédits : ALEXANDER ERMOCHENKO)
L’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a alerté samedi sur le risque d'un « grave accident nucléaire » à la centrale de Zaporijjia, contrôlée par l'armée russe depuis plus d'un an. Plusieurs villes voisines de cette centrale, la plus grande d'Europe, sont en pleine évacuation.

En Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, continue d'inquiéter.  L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a alerté samedi 6 mai sur le risque d'un « grave accident nucléaire » à la centrale de Zaporijjia, aux mains de l'armée russe, en pleine évacuation d'une ville voisine où vivent la plupart des employés, et sur la situation «potentiellement dangereuse» autour du site.

« La situation dans la zone proche de la centrale nucléaire de Zaporijjia devient de plus en plus imprévisible et potentiellement dangereuse », a averti le chef de l'Agence, Rafael Grossi, cité dans un communiqué de l'AIEA.

Les bombardements se poursuivent dans la zone

Cette centrale, contrôlée par l'armée russe depuis mars 2022, a été visée à plusieurs reprises par des tirs depuis le début du conflit, faisant craindre une catastrophe. Les experts de l'Agence, qui se trouvent sur place, continuent à entendre le bruit de bombardements dans la zone, le dernier datant de vendredi soir, indique le communiqué. Ils surveillent de près la situation pour « détecter tout impact potentiel sur la sûreté et la sécurité nucléaires », a précisé M. Grossi.

« Cette grande installation nucléaire doit être protégée. Je continuerai à faire pression pour que toutes les parties s'engagent à atteindre cet objectif vital, et l'AIEA continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à garantir la sûreté et la sécurité nucléaires de la centrale », a-t-il déclaré.

Après des mois d'échanges infructueux, l'idée d'une zone démilitarisée autour de la centrale semble avoir vécu et la priorité est désormais la mise en place de «mesures réalistes » à même de minimiser le risque de « catastrophe » nucléaire dans cette centrale.

Quelque 70.000 personnes pourraient être évacuées

Les autorités russes prévoient d'évacuer environ 70.000 personnes de localités de la région de Zaporijjia sous leur occupation, selon un responsable de l'administration d'occupation, Andreï Kozenko, cité par l'agence TASS.

Ces évacuations, dites « temporaires », concernent en priorité les enfants avec leurs parents, les personnes âgées et handicapées, et les patients des hôpitaux face à la multiplication de bombardements ukrainiens ces derniers jours.

Ivan Fedorov, maire de Melitopol, a dénoncé samedi sur Telegram une « évacuation » trop rapide. D'énormes files d'attente se sont formées au poste de contrôle de Chongar, sur la route menant de Melitopol à la Crimée, a-t-il dit. Idem à Tokmak, où les files d'attente s'allongent pour acheter du pain, tandis que la plupart des stations-services n'ont plus d'essence.

Pour l'heure, une évacuation des employés de la centrale nucléaire, dont les six réacteurs sont à l'arrêt, n'est pas prévue, a annoncé samedi Iouri Tchernitchouk, directeur du site nommé par les autorités russes.

Les effectifs de la centrale de plus en plus restreints

Les effectifs de Zaporijjia ont graduellement diminué depuis le début du conflit, détaille le communiqué de l'AIEA, et la gestion du site est assurée par un nombre d'employés suffisant pour assurer la sécurité du site, selon les autorités russes. Mi-avril, Rafael Grossi avait déjà averti que l'on était «en sursis» concernant la «sûreté» de la centrale.

Et bien que les réacteurs ne soient pas opérationnels, une ligne électrique de secours dont ils dépendent est encore en fonctionnement, ce qui constitue « un risque majeur » selon la même source. Cette ligne a été endommagée le 1er mars et n'était toujours pas réparée mi-avril, a déploré l'AIEA.

L'électricité est essentielle pour faire tourner les pompes assurant la circulation d'eau. Car il faut constamment refroidir le combustible des coeurs des réacteurs ainsi que celui placé dans les piscines d'entreposage pour éviter un accident de fusion et des rejets radioactifs dans l'environnement.

(Avec AFP)