Venezuela : Washington accentue la pression sur Maduro en s'attaquant au pétrole

Par latribune.fr  |   |  684  mots
Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, et le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton (à gauche), ont annoncé des sanctions économiques à l'encontre du Venezuela et de la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, lors d'un point presse à la Maison Blanche le 28 janvier. (Crédits : Reuters)
Les États-Unis, en annonçant lundi 28 janvier des sanctions contre la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA, ont accentué la pression sur le régime de Nicolas Maduro, qui compte de son côté engager des poursuites contre Washington.

L'administration américaine a imposé lundi de lourdes sanctions à la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA, accusée d'être "un véhicule de corruption", pour faire pression sur le président Nicolas Maduro. Il s'agit des mesures de rétorsion les plus vigoureuses à ce jour de la part des États-Unis, qui ont reconnu la semaine dernière la légitimité de Juan Guaido, chef de file de l'opposition et président de l'Assemblée, lorsqu'il s'est proclamé chef de l'État par intérim.

« Nous continuons à dénoncer la corruption du président vénézuélien Nicolas Maduro et de ses acolytes, et les mesures prises aujourd'hui garantissent qu'ils ne pourront plus piller les revenus du peuple vénézuélien », a déclaré John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale, lors d'un point de presse à la Maison Blanche.

Première source de revenus du Venezuela, PDVSA possède le raffineur américain Citgo Petroleum, qui est l'actif étranger le plus important du pays. Selon le Trésor américain, ces sanctions, qui interdisent à PDVSA de faire du commerce avec des entités américaines et gèlent ses avoirs à l'étranger, ont pour objectif d'empêcher « le détournement de davantage de ressources » par Nicolas Maduro.

Au total, sept milliards de dollars d'actifs de la firme vont être gelés et elle sera privée de « plus de 11 milliards de dollars de recettes d'exportation dans l'année qui vient ».

Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a indiqué que la levée éventuelle de ces nouvelles sanctions passerait "par un transfert rapide de son contrôle vers le président par intérim ou vers une administration démocratiquement élue".

Les raffineries Citgo pourront continuer à opérer aux États-Unis sous condition

Les raffineries de Citgo, filiale de PDVSA aux États-Unis, pourront néanmoins continuer à fonctionner - les transactions financières passant par un compte bloqué. Interrogé lors d'un point de presse à la Maison Blanche sur comment les revenus de Citgo seraient transférés à un nouveau gouvernement à Caracas le cas échéant, Steven Mnuchin a répondu : « Quand il y aura reconnaissance que la compagnie est la propriété des dirigeants légitimes, alors l'argent sera disponible pour M. Guaido ».

Il a ajouté que pour l'instant Nicolas Maduro n'était « pas le leader adéquat pour ce pays en ce moment » et que les États-Unis protégeaient « les actifs de valeur pour le bénéfice du peuple vénézuélien ».

Interrogé sur l'impact sur le prix de l'essence à la pompe que peuvent avoir ces mesures, Steven Mnuchin a rappelé que « les prix de l'essence n'avaient jamais été aussi bas depuis longtemps ».

« Les raffineries concernées », qui sont basées en Louisiane, dans l'Illinois et au Texas, « ont un impact sur des régions spécifiques du pays », a encore affirmé le ministre américain. « Nous sommes confiants dans le fait qu'elles ont suffisamment de réserves pour ne pas provoquer d'impact important à court terme ».

Maduro engage des poursuites contre Washington

Donald Trump, qui craignait d'accroître les difficultés des Vénézuéliens et de nuire aux entreprises comme aux consommateurs américains, semblait hésiter jusqu'ici à s'en prendre au secteur pétrolier, première source de revenus du Venezuela.

Lors d'un discours retransmis à la télévision, Nicolas Maduro a déclaré que les États-Unis cherchaient à reprendre illégalement le contrôle de Citgo et que PDVSA allait engager des procédures judiciaires, politiques, opérationnelles et commerciales pour protéger les intérêts du Venezuela aux Etats-Unis.

PDVSA a ordonné à ses clients dont les pétroliers attendent de charger du brut vénézuélien pour les États-Unis de payer à l'avance pour le chargement ou ils ne seront pas autorisés à remplir leurs bateaux ou même à quitter le port, a appris Reuters auprès de trois sources proches du dossier.

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[Le Venezuela, fournisseur majeur des Etats-Unis en pétrole. Crédit : Statista. Cliquer sur l'infographie pour l'agrandir plein écran]

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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.

(avec AFP et Reuters)