Washington rejette la solution proposée par la Pologne pour fournir des MIG-29 à l'Ukraine face à la Russie

Par latribune.fr  |   |  662  mots
(Crédits : Kacper Pempel)
Les Etats-Unis ont rejeté mardi la proposition de la Pologne de déployer tous ses avions de chasse MIG-29 sur la base militaire allemande de Ramstein pour les mettre à la disposition de Washington, qui cherche à fournir des avions de chasse à l'Ukraine.

De quoi plomber davantage le moral des Ukrainiens. Alors que, depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il exhorte les Occidentaux à lui fournir des avions de chasse, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, pensait avoir été entendu quand la Pologne a annoncé, hier soir, qu'elle était prête à "déployer immédiatement et gratuitement" tous ses avions de chasse MIG-29 sur la base militaire aérienne de Ramstein, en Allemagne, pour les mettre à la disposition des Etats-Unis qui cherchent à fournir des avions de chasse à l'Ukraine. Les Mig-29, comme les Sukhoi-27 (défense antiaérienne et appui sol) et les chasseurs-bombardiers Sukhoi-25, sont en effet les seuls que les pilotes ukrainiens pourraient manier sans formation préalable. La Pologne possède une trentaine de ces appareils de conception soviétique, mais selon des médias, seulement 23 seraient techniquement prêts à être envoyés à Ramstein. En parallèle, Varsovie a demandé à Washington de lui fournir des "appareils usagés aux capacités opérationnelles similaires', indiquant être prêt à fixer "immédiatement les conditions d'achat de ces avions".

Les Américains surpris

Après avoir manifesté sa surprise, les Etats-Unis, qui avaient indiqué ce week-end travailler activement" sur un accord avec la Pologne pour l'envoi d'avions de chasse à l'Ukraine, ont rejeté mardi la proposition de Varsovie.

Les Etats-Unis ont cherché à accélérer les livraisons d'armes vers l'Ukraine mais la perspective de voir des avions s'envoler d'une base des Etats-Unis et de l'Otan en Allemagne vers la zone de conflit "soulève de graves préoccupations pour l'ensemble des pays de l'Alliance", a déclaré le Pentagone.

L'Otan a indiqué ne pas souhaiter un conflit direct avec la Russie, une puissance dotée de l'arme nucléaire, et le président américain Joe Biden a exclu d'envoyer des troupes américaines en Ukraine pour combattre, ce qui, selon le Pentagone, s'appliquerait aux troupes au sol ou dans les airs.

"Il ne nous est tout simplement pas évident qu'il y ait une justification substantielle pour cela", a déclaré John Kirby, porte-parole du Pentagone, au sujet de la proposition de la Pologne.

"Nous continuerons de consulter la Pologne et nos autres alliés de l'Otan sur cette question et les problèmes logistiques qu'elle présente, mais nous ne pensons pas que la proposition de Varsovie est tenable", a indiqué John Kirby.

"Promesses non tenues"

"Si nous perdons le ciel, il y aura beaucoup de sang au sol", avait expliqué ce week-end le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, au secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, lors d'un entretien à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine au cours duquel le ministre ukrainien a rappelé que son pays avait besoin d'avions de chasse et de systèmes de défense aérienne, qualifiant de "signe de faiblesse" le refus de l'Otan de mettre en place une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. Ce mardi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé ce mardi les "promesses" non tenues des Occidentaux pour protéger l'Ukraine des bombardements russes.

"Cela fait treize jours qu'on entend des promesses. Treize jours qu'on nous dit qu'on nous aidera dans le ciel, qu'il y aura des avions, qu'on nous les livrera", a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Telegram.

"Mais la responsabilité pour cela repose aussi sur ceux qui n'ont pas été capables de prendre une décision en Occident depuis 13 jours (...). Sur ceux qui n'ont pas sécurisé le ciel ukrainien des assassins russes", a-t-il ajouté.

"L'humanité, qui doit prévaloir dans les capitales mondiales, doit prévaloir sur la peur", a-t-il plaidé.

Volodymyr Zelensky réclame par ailleurs à cor et à cri la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne  au-dessus de l'Ukraine, mais cette option a  été catégoriquement exclue par les Etats-Unis comme l'Otan. Samedi, Vladimir Poutine a prévenu qu'il considérerait une telle zone "comme une participation au conflit armé".

(Avec Reuters)