Bilan positif pour le Smic allemand

Par Nicole Sagener, Euractiv.de  |   |  558  mots
Des ouvriers travaillent sur le moteur d'une E-Golf à Wolfsburg, en mai 2016.
Contrairement à ce que certains experts prophétisaient, le salaire minimum en Allemagne n’a ni pénalisé l’emploi ni favorisé l’inflation: c'est, dix-huit mois après l'instauration du salaire minimum en Allemagne, le constat que publie l’institut IAB de Nuremberg, chiffres à l'appui. Un article de notre partenaire Euractiv.

Avant que le salaire minimum de 8,50 euros par heure ne soit imposé à l'échelle fédérale début 2015, des experts avertissaient que la mise en place du dispositif provoquerait des licenciements massifs et compliquerait la situation des employés, plus qu'elle ne l'améliorerait. Or, une étude de l'IAB, institut de Nuremberg de recherche pour le marché du travail et l'emploi, a prouvé que le Smic n'a pas supprimé de postes en Allemagne. Les craintes étaient donc infondées. L'institut de Nuremberg a interrogé environ 16.000 entreprises, dont près de 20% ont affirmé avoir été affectées directement ou indirectement par la mise en place du salaire minimum.

>> Lire : Le salaire minimum allemand modère le recours aux allocations chômage des salariés

La majorité d'entre elles n'a pas réagi aux nouvelles contraintes salariales par une augmentation du nombre de licenciements. Certaines ont augmenté le prix de leurs produits ou services. Mais, selon les chercheurs de l'IAB, rares sont les entreprises affectées par le Smic à avoir pris cette décision (18%).

Le nombre de petits boulots a diminué de 90.000 postes

Seules 4,7% des entreprises, soit moins de 1 entreprise sur 20, a choisi de réduire son personnel. Néanmoins, il faut prêter attention aux détails : si le nombre d'employés a été réduit, l'étude montre que c'est en raison du refus de prendre de nouvelles dispositions. 10% des entreprises sont concernées, et 5,3% ont déclaré qu'elles s'adapteraient ultérieurement.

En revanche, l'IAB estime que, sans cette nouvelle mesure, 60.000 emplois supplémentaires auraient été créés. Mais principalement dans le cadre d'emplois précaires. Par conséquent, le nombre de « petits boulots » a diminué d'environ 90.000 postes. Aussi les experts estiment-ils que les « effets négatifs sur l'emploi » du Smic allemand sont relativement faibles.

L'Allemagne est loin d'être le seul pays à avoir introduit une législation sur le salaire minimum : en juillet 2016, 22 États membres sur 28 ont imposé un salaire minimum. Tout en étant la première puissance économique, l'Allemagne se retrouve avec un salaire minimum faible, en septième position des pays européens.

Vers un rapprochement avec le Smic français

Selon les statistiques du début 2016, les pays ayant le Smic horaire le plus élevé sont le Luxembourg, avec 11,12 euros, et la France, avec 9,67 euros. La Bulgarie se trouve à la fin du classement avec seulement 1,24 euros.

Par ailleurs, l'étude montre également que de nombreuses entreprises ont tenté de trouver des alternatives pour payer moins leurs salariés. Des exceptions ont en effet été mises en place dans le cadre de ce nouveau Smic : les apprentis, les stagiaires et les chômeurs chroniques, peuvent, temporairement, percevoir moins de 8,50 euros de l'heure. Beaucoup d'entreprises  ont choisi de modifier les modalités du travail, en optant notamment pour la sous-traitance, le CDD ou la réduction des heures de travail.

Le SMIC allemand devrait être réajusté tous les deux ans, en fonction des prix du marché. Si la tendance actuelle reste constante, il sera augmenté de 34 centimes au 1er janvier 2017, ce qui le rapprochera un peu plus du salaire minimum français.

>> Lire : Bonne nouvelle : les salaires allemands augmentent

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Par Nicole Sagener, traduit par Céline Nguyen.

(Article publié le 22 août 2016)

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