Brexit : Johnson invite Macron et Merkel à faire des compromis

Par latribune.fr  |   |  995  mots
Boris Johnson (Crédits : POOL New)
À l'approche de ses rencontres avec la Chancelière allemande mercredi et le chef de l'État français le lendemain, le Premier ministre britannique les a invités à ouvrir la voie à un compromis sur le Brexit, tout en martelant que le Royaume-Uni était prêt à quitter l'Union européenne sans accord.

Boris Johnson rencontrera Angela Merkel ce mercredi, puis Emmanuel Macron le lendemain. Et à l'approche de ces deux rendez-vous en amont du sommet du G7 de Biarritz qui débutera samedi, le Premier ministre britannique a invité l'Allemagne et la France à ouvrir la voie à un compromis sur le Brexit, tout en martelant que le Royaume-Uni était prêt à quitter l'Union européenne sans accord.

Dimanche 18 août, le gouvernement britannique a d'ailleurs annoncé avoir ordonné pour le 31 octobre l'abrogation de la loi britannique qui a permis au Royaume-Uni d'adhérer à l'Union européenne. En agitant la menace d'un Brexit sans accord de plus en plus imminente, Boris Johnson veut faire pression sur l'UE pour renégocier l'accord de Brexit conclu en novembre 2018 entre l'ancienne Première ministre Thérésa May (qu'il a remplacé le 24 juillet) et les dirigeants européens.

Vendredi 16 août, le Telegraph écrivait que Boris Johnson devrait dire au chef de l'État français et à la Chancelière allemande qu'ils ont deux mois pour conclure un accord acceptable pour le gouvernement et le Parlement britanniques, faute de quoi le Royaume-Uni partira sans accord à Halloween".

"Nous serons prêts à partir le 31 octobre, qu'il y ait accord ou pas, a déclaré ce lundi Boris Johnson. Bien sûr, nos amis et partenaires, de l'autre côté de la Manche, sont un peu réticents à changer d'attitude. Très bien. Je suis convaincu qu'ils le feront. Ils ont vu que le Parlement britannique avait rejeté trois fois l'accord de retrait, que le « backstop » (clause permettant d'éviter le retour à une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, Ndlr) ne fonctionne pas, que ce n'est pas démocratique. J'espère qu'ils jugeront bon de faire des compromis. Je veux un accord. Nous sommes prêts à travailler avec nos amis et partenaires pour y parvenir, mais, pour obtenir un bon accord pour le Royaume-Uni, il faut simultanément se préparer à partir sans".

Fin "immédiate" de la liberté de circulation des personnes

En cas de Brexit sans accord, Boris Johnson a dit vouloir mettre "immédiatement" fin à la libre circulation des personnes. Permettant aux citoyens européens de circuler et de séjourner librement au sein des pays de l'UE, la libre circulation des personnes au sein de l'UE est l'une des quatre libertés fondamentales du marché unique avec la libre circulation des capitaux, des biens et des services. Cette position est donc plus dure que celle du précédent gouvernement. L'ancienne Première ministre Theresa May prévoyait en effet une "période de transition" même en cas d'absence d'accord de divorce avec l'UE, permettant aux citoyens européens de se rendre au Royaume-Uni, d'y travailler ou d'y étudier sans démarches particulières.

"Nous introduirons par exemple immédiatement des règles plus strictes en matière de criminalité pour les personnes entrant au Royaume-Uni", a expliqué une porte-parole, précisant que les autres changements immédiats en vue de la mise en place d'un nouveau système d'immigration étaient "en cours d'élaboration".

Pénuries de nourriture, d'essence, de médicaments...

À Bruxelles, la Commission européenne a estimé que Londres avait bien plus à perdre à un Brexit sans accord. Selon un rapport gouvernemental sur les conséquences d'un tel scénario publié dimanche par le Sunday Times, le Royaume-Uni pourrait être confronté à des pénuries de nourriture, d'essence et de médicaments avec des blocages dans les ports et le rétablissement d'une frontière physique en Irlande. Ces prévisions, souligne le Times, ne sont pas les plus pessimistes, mais bien les plus probables. Ce point a été démenti par le ministre chargé du divorce. Michael Gove a assuré que ce dossier, baptisé "Opération Yellowhammer", décrit la pire des situations et a ajouté que des "mesures très significatives avaient été prises ces trois dernières semaines pour accélérer les préparatifs du Brexit".

Les Travaillistes préparent une motion de censure

Du côté de l'opposition, Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, a promis de tout faire pour empêcher un "hard Brexit" et a réitéré son appel à censurer le gouvernement de Boris Johnson. Jeremy Corbyn doit réunir la semaine prochaine les partis hostiles à un "No Deal" pour débattre de la stratégie à mettre en oeuvre.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour empêcher ce « No Deal » désastreux pour lequel le gouvernement n'a aucun mandat", a-t-il déclaré.

Le Parti travailliste réclame aussi que le Parlement soit immédiatement reconvoqué en urgence. Pour l'heure, la rentrée parlementaire est fixée au 3 septembre, moins de 60 jours avant la date butoir fixée pour le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Jeremy Corbyn, compte passer une motion de censure contre Boris Johnson, dont le gouvernement ne dispose que d'une majorité d'une voix. Si la motion aboutit, Corbyn espère devenir chef du gouvernement par intérim, pour obtenir un nouveau report de la date du départ de l'UE afin d'éviter un Brexit sans accord, et convoquer ensuite des élections anticipées.

"Il y a nécessité de réunir de nouveau les Parlementaires, parce qu'il nous faut du temps pour organiser un véritable débat et une discussion sur ces sujets", a souligné le responsable du Labour pour les Finances, John McDonnell, ajoutant que la majorité des élus de la Chambre des communes était toujours hostile à un « No Deal ».
Une centaine de parlementaires ont signé ce week-end un appel similaire adressé à Boris Johnson.

Interrogée sur ce point, la porte-parole du nouveau Premier ministre britannique a rappelé lundi que c'était le Parlement lui-même qui avait voté son calendrier.
Une renégociation du "Withdrawal Agreement" semblant exclu, le leader conservateur, dont la majorité ne tient qu'à une voix, risque la collision frontale avec son Parlement, qui s'est prononcé à plusieurs reprises contre un « No Deal ».