Brexit : les douaniers toujours en colère à Calais et Dunkerque

Par latribune.fr  |   |  584  mots
(Crédits : Reuters)
Les agents des douanes de Calais et Dunkerque poursuivent leur grève du zèle pour réclamer des moyens supplémentaires en vue du Brexit, provoquant de longues files d'attentes sur les routes à destination de l'Angleterre. Les représentants syndicaux devraient être reçus "en début de semaine prochaine" par le ministère de l'Action et des Comptes publics.

[Article publié le 07.03.2019 à 10h15, mis à jour à 10h30 avec les retards prévus sur l'Eurostar]

Les douaniers de Calais (Pas-de-Calais) et Dunkerque (Nord) poursuivent ce jeudi, pour la quatrième journée consécutive, leur grève du zèle pour demander des moyens supplémentaires en vue du Brexit. Depuis lundi, des contrôles "plus poussés" et donc plus longs des poids lourds sont effectués, provoquant de longues files d'attente au niveau du tunnel sous la Manche et au port de Calais, à destination de l'Angleterre.

Sur son site, le transporteur ferroviaire Eurostar précise qu'il faut prévoir aujourd'hui "jusqu'à 120 minutes de retard sur les trains au départ de Paris Gare du Nord".

Pour tenter de réguler l'attente sur les routes, le préfet de zone de défense et de sécurité Nord a pris un nouvel arrêté mercredi, en vigueur jusqu'à ce jeudi 22h, mettant en place cinq zones de stockage, notamment sur l'A16 et l'A26, et des déviations obligatoires pour les poids lourds de plus de 7,5 tonnes.

« La grève continuera jusqu'à ce qu'on obtienne satisfaction auprès du ministère, un certain nombre de revendications ont été posées, comme l'amélioration du pouvoir d'achat des douaniers, une augmentation d'effectifs et des moyens pour le Brexit parce que nous ne sommes absolument pas prêts », a prévenu Vincent Thomazo, secrétaire général Unsa-Douanes auprès de l'AFP.

Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin a fait savoir qu'il recevra les représentants des syndicats représentatifs "en début de semaine prochaine". Le ministère espère que tout sera rentré dans l'ordre d'ici là.

Les effectifs supplémentaires de 700 agents "ne sont pas suffisants"

Les cinq organisations représentatives - CFDT-CTFC, CGT, FO, Solidaires et Unsa - dénoncent en effet un manque d'effectifs et de moyens, et plus globalement des conditions de travail qui, selon eux, ne feront qu'empirer du fait de la surcharge consécutive à la sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne. Dans le détail, l'intersyndicale revendique une revalorisation des heures de nuit ("à 7 euros brut contre 1,80 aujourd'hui"), une revalorisation de la prime de risque, la prise en charge à 50% par l'Etat de la complémentaire santé et plus d'agents supplémentaires pour le Brexit.

Le Premier ministre Édouard Philippe a déjà annoncé le recrutement de 700 agents supplémentaires sur le territoire. Mais ce n'est pas suffisant pour l'intersyndicale.

« Si la Grande-Bretagne devient un pays tiers, il y aura des contrôles plus approfondis. Vous avez la pleine démonstration aujourd'hui de ce qui va se passer : on estime que les effectifs supplémentaires de 700 agents pour l'ensemble de la France sont insuffisants », a expliqué Philippe Bollengier (CGT) à l'AFP.

Pour Rodolphe Gintz, directeur général de la douane, les douaniers « semblent dire que leur action préfigure le Brexit, mais ça n'a strictement rien à voir ».

« D'une part, parce que leur action n'est pas dans le bon sens - elle vise les camions qui partent vers le Royaume-Uni alors que c'est le pays de destination qui fait les contrôles-  et d'autre part, ce n'est pas comme ça que ça va se passer, on ne va pas faire des files de camions, on ne va pas contrôler les camions les uns après les autres à hauteur d'une minute », a-t-il ajouté.

La direction a promis que 267 agents supplémentaires vont arriver dans les Hauts-de-France pour le Brexit.

(avec AFP et Reuters)