Crise de la dette en Grèce : les Européens s'accordent sur la sortie du plan d'aide

Par latribune.fr  |   |  711  mots
En dix ans, la Grèce a accumulé les plans d'austérité, a bénéficié de trois plans d'aide international et a frôlé le Grexit. (Crédits : Reuters)
Les ministres des Finances de la zone euro sont parvenus, vendredi 22 juin, à un accord sur l’allègement de la dette grecque pour faciliter le retour de la Grèce sur les marchés financiers, au moment où elle sortira du régime de tutelle, le 20 août prochain. Pour autant, le pays restera sous surveillance jusqu'au remboursement du dernier euro de la dette.

Après huit années de crise, la Grèce va enfin pourvoir faire son retour sur les marchés financiers, le 21 août prochain. L'accord (historique) conclu par les 19 ministres des Finances de l'Eurogroupe à Luxembourg, dans la nuit de jeudi à vendredi, prévoit, en effet, un allègement de l'énorme dette grecque (environ 180% de son PIB) et permet à Athènes de quitter, comme prévu, la tutelle de ses créanciers (zone euro et FMI) pour recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession et de trois programmes d'aide.

Selon plusieurs sources s'étant confiées à Reuters, les discussions (qui ont duré plus de six heures) se sont prolongées car l'Allemagne a manifesté une résistance de dernière minute contre l'allègement de la dette la Grèce, pourtant jugé nécessaire par ses créanciers pour assurer sa crédibilité sur les marchés financiers.

"Les négociations ont été difficiles, reconnaissons-le. Mais je considère que le problème de la dette grecque est désormais derrière nous", s'est félicité Bruno Le Maire, ministre français des Finances. "La crise de la dette grecque s'achève ici", a renchéri Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques.

Un allongement de 10 ans des échéances de remboursement

Dans le détail, les Européens ont accepté de rallonger de dix ans les échéances de remboursement d'une grande partie de la dette - dont le niveau reste le plus élevé de l'Union européenne, à 180% de son PIB -, et permettront aux Grecs de ne commencer à rembourser une partie des prêts qu'à partir de 2032, contre 2022 jusqu'à présent. Les échéances de prêts représentent un total de 96,9 milliards d'euros.

Ils se sont également accordés sur le versement d'une toute dernière tranche d'aide, de 15 milliards d'euros, en contrepartie des réformes engagées par le pays ces dernières semaines. Sur cette somme, 5,5 milliards sont destinés au service de la dette et 9,5 milliards seront déboursés sur un compte spécial créé pour constituer des réserves de liquidités, à utiliser pour le service de la dette en cas de besoin.

Un régime de semi-liberté pour la Grèce

Si Athènes sortira donc bien de son troisième programme d'aide européen et pourra à nouveau se financer sur les marchés fin août, elle restera sous surveillance jusqu'au remboursement total de la dette. De longues années encore, donc. Les Européens ont prévu de faire le point sur la dette grecque en 2032 et d'accorder, si nécessaire, de nouvelles mesures d'allègement.

Présente à Luxembourg, la directrice générale du Fonds monétaire international a fait savoir que cet accord (salutaire) va permettre d'améliorer la situation de la dette grecque à moyen terme. Mais sur le long terme, elle émet encore des réserves. Bien que l'institution ne participera pas financièrement au troisième programme grec, elle restera impliquée dans la surveillance post-programme. L'évolution économique de la Grèce sera d'ailleurs scrutée trimestriellement par la Commission, la Banque centrale européen, le fonds de sauvetage et donc le FMI.

Un pari très audacieux

Pour l'anecdote, le journal Libération rappelle que la Grèce a été le premier pays à bénéficier d'un plan d'aide de ses partenaires, mais est aussi le dernier à en sortir. L'Irlande d'abord (2010-2013), le Portugal ensuite (2011-2014) puis Chypre (2013-2016) ont tous réussi à se redresser en trois ans et à renouer avec la croissance. Pour le cas de la Grèce, la croissance du PIB a atteint 1,4% en 2017 et devrait encore progresser cette année (1,9%) et l'an prochain (2,3%). Dans le même temps, la Grèce affiche désormais un excédent budgétaire de 0,8%, après avoir enregistré un déficit de 15,1% en 2009.

Mais le chemin est encore long vers la stabilité. Selon les estimations de la Commission européenne, pour parvenir à contenir sa dette à des niveaux supportables, la Grèce devra dégager un surplus primaire (c'est-à-dire un surplus budgétaire avant paiement des dettes) de 3,5% de son PIB jusqu'en 2022, puis d'encore 2,2% en moyenne pendant... 37 ans.

(avec AFP et Reuters)