Finlande : le revenu de base sans effet sur l'emploi, un an après sa mise en route

Par Reuters et AFP  |   |  538  mots
(Crédits : Reuters)
La mise en place du revenu universel à titre expérimental en Finlande a amélioré le quotidien des bénéficiaires mais n'a pas eu d'effet d'encouragement à l'emploi, selon les premières évaluations publiées ce vendredi 8 février.

Quelque 2.000 Finlandais choisis au hasard parmi les chômeurs ont participé à l'expérience du revenu universel, qui a duré deux ans et s'est achevée le mois dernier. Les participants ont ainsi reçu de l'Etat un chèque mensuel de 560 euros qui n'était pas réduit en cas de retour à l'emploi. L'objectif : les encourager à accepter des emplois temporaires ou mal payés, sans craindre de perdre leur aide. Mais selon la ministre de la Santé et des Affaires sociales, Pirkko Mattila, « les conséquences sur l'emploi semblent avoir été faibles sur la base de la première année d'essai. »

En revanche, ils « présentaient moins de symptômes de stress, moins de difficultés de concentration et moins de problèmes de santé », indique Minna Ylikännö, de la Sécurité sociale finlandaise, Kela.

Parfois présenté comme "universel", le revenu de base finlandais s'apparente moins à un revenu de subsistance qu'à un complément d'incitation au retour à l'emploi, comme en France l'ancien Revenu de solidarité active (RSA d'activité).

Un effet psychologique

Le système actuel est jugé bureaucratique et pénalisant pour les demandeurs d'emploi qui perdent leurs indemnités au prorata de leur activité, y compris dans le cas de contrats très courts et peu rémunérateurs.

L'une des participante à l'expérience, Sini Marttinen, 36 ans, explique que la garantie du maintien de son revenu de base lui a donné suffisamment d'assurance pour ouvrir un restaurant avec deux amis. « Je pense que l'effet a été en grande partie psychologique », a déclaré à Reuters cette ancienne consultante en informatique qui était au chômage depuis presque un an avant de "gagner au loto", comme elle a décrit le revenu universel.

« Vous avez en quelque sorte l'idée que vous avez deux ans devant vous, avec la sécurité de 560 euros par mois (...) Cela m'a donné la sécurité pour créer ma propre entreprise », a-t-elle déclaré.

Le revenu universel ne représentait que 50 euros de plus par mois que son allocation chômage, mais, souligne-t-elle, il n'y a plus de documents à remplir pour l'indemnisation du chômage.

Tuomas Muraja, journaliste et auteur âgé de 45 ans, a quant à lui déclaré que le revenu de base lui avait permis de se concentrer sur la rédaction de deux livres au lieu de remplir des formulaires ou de suivre des cours de recherche d'emploi.

Un taux de chômage sous la barre des 7%

Le ministre Pirkko Mattila a souligné ce vendredi que si la Finlande n'avait nullement l'intention d'introduire un revenu de base universel, les conclusions de cette étude devaient servir à "réformer notre modèle d'assurance sociale, prochaine réforme majeure".

La Finlande, pays de la zone euro, se relève peu à peu de quatre années de marasme qui ont fait exploser son taux de chômage. En décrue régulière, celui-ci est passé en décembre sous la barre des 7%, à deux mois des élections législatives d'avril.

Le gouvernement pro-austérité du centriste Juha Sipilä a promu le revenu de base expérimental comme un moyen de stimuler l'emploi, mais ses détracteurs craignent qu'il ne s'en serve pour réduire le volume général des prestations sociales.