Fusion Alstom-Siemens : Juncker prépare le terrain pour un veto

Par Jorge Valero, Euractiv  |   |  532  mots
Devant un parterre d'homme d'affaires, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a défendu les règles antitrust européennes, soulignant qu'en près de 30 ans, l'exécutif avait approuvé plus de 6.000 unions et n'en avait rejeté qu'une petite trentaine. (Crédits : Eric Vidal)
L’exécutif européen serait sur le point de rejeter la fusion Alstom-Siemens, malgré les pressions françaises et allemandes. Un article de notre partenaire Euractiv.

Dans les jours à venir, peut-être dès ce mercredi 6 février, la Commission devrait décider si elle autorise ou non la fusion d'Alstom et Siemens. Le champion créé par cette union des deux constructeurs ferroviaires pourrait être en mesure de concurrencer son rival chinois, CRRC, le plus grand producteur de train au monde.

Devant un parterre d'homme d'affaires, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a défendu les règles antitrust européennes, soulignant qu'en près de 30 ans, l'exécutif avait approuvé plus de 6.000 unions et n'en avait rejeté qu'une petite trentaine.

« C'est un message pour ceux qui disent que la Commission est composée de technocrates aveugles, stupides et bornés », a-t-il insisté, ajoutant que ces statistiques prouvent la foi de l'UE en la concurrence, tant qu'elle est juste pour les entreprises et les consommateurs. « Nous ne ferons pas de politique ni ne choisirons de favori lorsqu'il s'agit d'assurer les mêmes chances pour tout le monde. »

Bruxelles devrait "recommander une décision négative"

Paris et Berlin ont fait pression de tout leur poids sur la Commission. Pour les deux capitales, une révision des règles européennes ne serait pas cher payé pour pouvoir autoriser la fusion et affronter les mastodontes américains et chinois.

Des sources proches du dossier estiment cependant que la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, rejettera la fusion. Les gouvernements français et allemand ont donc redoublé d'efforts ces derniers mois pour convaincre la commissaire danoise.

Un refus serait "une erreur économique et une faute politique" pour Bruno Le Maire

Le mois dernier, Bruno Le Maire, ministre français de l'Économie, a déclaré qu'un refus serait « une erreur économique et une faute politique ». Paris a réussi à convaincre 19 États membres de soutenir un appel à la révision des règles de concurrence.

Durant le Forum économique mondial de Davos, le ministre de l'Économie allemand, Peter Altmaier, a indiqué qu'il faudrait revoir à la baisse les règles antitrust au sein de l'Europe pour pouvoir exister sur la scène mondiale.

La Commission a lancé une enquête en profondeur sur la fusion en juillet 2018. Elle craint que l'opération conduise à « des prix plus élevés, un choix réduit et moins d'innovation, à cause de la réduction de la pression concurrentielle » pour plusieurs types de trains et de systèmes de signalement. Les mesures correctrices proposées par les deux entreprises ne l'ont pas rassurée.

Lors de son discours du 4 janvier, Jean-Claude Juncker a expliqué que l'UE avait mis en place des outils alternatifs pour la protection du marché unique.

« C'est pourquoi nous avons montré les dents en augmentant les droits de douane sur l'acier bon marché en provenance de la Chine, ou avons adopté une approche 'tolérance zéro' sur le transfert de technologie. »

Depuis le début de son mandat, la Commission actuelle a aussi adopté des règles améliorant la vérification des investissements étrangers dans les domaines sensibles, notamment liés à l'ordre public.

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Par Jorge Valero, Euractiv.fr

(Article publié le mercredi 5 février 2019)

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