Glyphosate : l'Union européenne re-signe pour cinq ans, Macron veut l'interdire dans trois

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis s'est réjoui que l'UE soit parvenue à s'entendre sur ce dossier.
L'Union européenne, en autorisant pour cinq ans de plus le glyphosate, a "balayé le principe de précaution et la santé du revers de la main", ont dénoncé lundi Générations Futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer, "scandalisées" et appelant le gouvernement français à agir de son côté. Emmanuel Macron maintient sa volonté d'interdire le glyphosate "au plus tard dans 3 ans".

| Article publié à 17h47, mis à jour à 18h42.

Le "non" de la France n'aura pas suffi. Les pays de l'Union européenne ont voté lundi en faveur du renouvellement pour cinq ans du glyphosate, l'un des composants essentiels de l'herbicide Roundup de Monsanto. La Commission européenne a indiqué dans un communiqué que 18 pays avaient voté pour ce renouvellement, que neuf avaient voté contre et qu'un autre s'était abstenu.

De source diplomatique, on précise que l'Allemagne, qui s'était abstenue lors des scrutins précédents, a finalement voté pour le renouvellement. La Pologne, la Bulgarie et la Roumanie, qui s'étaient aussi abstenues précédemment, ont suivi l'exemple allemand.

Lors d'un précédent scrutin, le 9 novembre, la proposition de la Commission européenne n'avait pas réussi à atteindre la majorité qualifiée nécessaire, soit 16 Etats représentants 65% de la population de l'UE. Seuls quatorze Etats avaient alors voté pour la prolongation de cinq ans. Les 18 pays qui ont voté ce lundi pour le renouvellement représentent 65,7% de la population de l'Union.

Le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis s'est réjoui que l'UE soit parvenue à s'entendre sur ce dossier. "Le vote d'aujourd'hui montre que quand nous voulons, nous pouvons partager et accepter notre responsabilité collective dans la prise de décision", a-t-il écrit sur Twitter.

Macron veut une interdiction dans moins de trois ans

Emmanuel Macron a déclaré lundi avoir demandé au gouvernement d'agir pour que l'utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans.

"J'ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l'utilisation duglyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans", a écrit le président français sur Twitter.

La France avait fait savoir qu'elle voterait contre un renouvellement pour une durée de cinq ans.

"Il faut faire en sorte que nous puissons saisir les instituts techniques, mobiliser la recherche et l'innovation pour trouver et travailler au changement des pratiques agronomiques et sortir de l'utilisation du glyphosate. La France s'est toujours positionnée dans ce sens", a réagi le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Travert, après l'annonce du vote.

"Aujourd'hui, c'est travailler avec les producteurs, avec les agriculteurs pour modifier ces pratiques et faire en sorte que demain nous prenions nos responsabilités en mobilisant la recherche et l'innovation", a-t-il ajouté.

Les inquiétudes sur le glyphosate ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes aux Etats-Unis et déclenché un débat d'experts en Europe après des conclusions contradictoires sur de possibles effets cancérigènes. Le glyphosate, utilisé par les agriculteurs depuis plus de quarante ans, représente 25% du marché mondial des herbicides.

Les ONG "scandalisées"

L'Union européenne, en autorisant pour cinq ans de plus le glyphosate, a "balayé le principe de précaution et la santé du revers de la main", ont dénoncé lundi Générations Futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer, "scandalisées" et appelant le gouvernement français à agir de son côté "vers une sortie du glyphosate, en accompagnant les agriculteurs, comme il s'y est engagé et ce, indépendamment du verdict" européen.

"En accordant un sursis supplémentaire à Monsanto, Bayer et compagnie, la Commission européenne balaie le principe de précaution et la santé du revers de la main, de même que la voix des millions de citoyens qui ne veulent plus de l'herbicide le plus controversé de la planète", dénoncent dans un communiqué commun les trois organisations.

"Tout convergeait vers une interdiction: la pression des citoyens qui réclamaient la sortie du glyphosate, de nombreuses organisations dont des associations d'anciens agriculteurs malades, des députés français et européens, le scandale des +Monsanto papers+, la polémique autour de l'évaluation scientifique... Cela n'aura pas suffi", regrettent-elles.

(avec Reuters et AFP)